L'aéroport de Notre-Dame-des-Landes est le symbole même de ce qu'il ne faut pas faire aujourd'hui
Notre-Dame-des-Landes ou le nécessaire tournant écologique!
Yvon
Quiniou - philosophe
La
construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes est le symbole
même de ce qu'il ne faut pas faire aujourd'hui. Je n'évoque que
brièvement quelques aspects techniques du dossier sur lesquels tous
les experts indépendants s'entendent : un aéroport déjà existant
à Nantes qui n'est pas saturé et auquel il suffirait d'ajouter une
piste pour anticiper une éventuelle évolution du trafic ;
l'affirmation d'une augmentation considérable à venir de celui-ci
qui n'est absolument pas garantie, même sur le long terme ; un
risque de pénurie du pétrole dans le futur, etc.
Mais
l'enjeu est beaucoup plus grave et je me sens obligé de l'indiquer :
il touche à la crise écologique dans laquelle nous sommes déjà et
au type de société que ce projet engage.
Il a été conçu par la droite, il y a quarante ans, à une époque où l'idée d'un développement, technique et économique, indéfini ne faisait pas problème. Aujourd'hui, la donne a changé, on a pris conscience que la vie sur la planète est fragilisée par ce développement et une partie de la gauche est sensible aux dangers que cette construction comporte et ce qu'elle symbolise par rapport à l'environnement : suppression de terres agricoles, avec expulsion brutale d'une partie de ses habitants, destruction d'une zone humide dont on sait l'importance pour le climat, enlaidissement du paysage naturel au profit d'une urbanisation envahissante qui va se traduire par un mitage excessif de la campagne. Cela suffirait déjà à le rejeter pour ceux qui, sans mythifier la nature et sans oublier que le propre de l'homme est de la transformer ou de l'aménager en sa faveur, entendent cependant la préserver puisque nous en dépendons et que ses ressources sont finies : l'écologie est aussi un humanisme.
Il a été conçu par la droite, il y a quarante ans, à une époque où l'idée d'un développement, technique et économique, indéfini ne faisait pas problème. Aujourd'hui, la donne a changé, on a pris conscience que la vie sur la planète est fragilisée par ce développement et une partie de la gauche est sensible aux dangers que cette construction comporte et ce qu'elle symbolise par rapport à l'environnement : suppression de terres agricoles, avec expulsion brutale d'une partie de ses habitants, destruction d'une zone humide dont on sait l'importance pour le climat, enlaidissement du paysage naturel au profit d'une urbanisation envahissante qui va se traduire par un mitage excessif de la campagne. Cela suffirait déjà à le rejeter pour ceux qui, sans mythifier la nature et sans oublier que le propre de l'homme est de la transformer ou de l'aménager en sa faveur, entendent cependant la préserver puisque nous en dépendons et que ses ressources sont finies : l'écologie est aussi un humanisme.
Cependant,
il y a le pire, qui est essentiel. Ce projet implique une vision de
la société qu'il faut absolument refuser, au nom de notre
responsabilité vis-à-vis des générations futures. Il s'agit pour
ses promoteurs, Jean-Marc Ayrault et Jacques Auxiette [respectivement
ancien maire de Nantes et actuel Premier ministre, et président de
la région Pays de la Loire], de faciliter une croissance exorbitante
du trafic aérien international à partir du Grand Ouest, pour ouvrir
son économie au monde. On est à nouveau dans le déni de l'exigence
écologique qui veut qu'on limite au minimum tout ce qui pourrait
polluer l'atmosphère, aggraver le désordre climatique et menacer
nos ressources énergétiques. Mais, surtout, on est dans une vision
totalement acritique de la croissance à tout prix, conçue comme la
réponse à nos maux sociaux alors qu'elle en est pour une part la
cause. L'adopter serait choisir la voie d'un productivisme à la fois
absurde et irresponsable, qui pense qu'en augmentant la part du
gâteau (techniques de production, quantité des produits, échanges
mondiaux tous azimuts) on améliorera sa répartition entre les
hommes.
Cela
revient à oublier que cette croissance répond d'abord à des
intérêts capitalistes strictement égoïstes (voir l'entreprise
Vinci, qui entend faire de juteux profits) et qu'une part essentielle
de la solution au désordre humain actuel se trouve dans le partage
des richesses - et non dans leur augmentation automatique -, ainsi
que dans une maîtrise sélective de cette croissance, qui peut faire
que l'on renonce à ce qui est inutile, dangereux ou nuisible. C'est
donc la notion indistincte de progrès qu'il faut aujourd'hui revoir
par une réflexion critique sur les différents aspects de
l'évolution historique. Ce tournant-là de la pensée politique, qui
relève de la triple écologie que défendait Félix Guattari
(physique, mentale et sociale), destinée à assurer notre bien-être
et notre bien-vivre, la gauche authentique doit l'assumer comme
partie intégrante de son projet de société, sous peine d'affaiblir
son ambition de rendre la vie bonne pour tous.
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