Le coeur de l’Amérique latine est brisé de chagrin
par danielle
Bleitrach
L’Amérique
latine est un coeur généreux, inépuisable et Chavez battait
l’amble avec de continent magique.Triple métis, indien, noir et
blanc, il était à l’image de ce creuset , sangs mêlés et veines
ouvertes. Le coeur, c’est-àdire le courage et la compassion:
Chavez avait l’audace mais aussi la générosité, l’absence
totale de cynisme. Le peuple savait qu’il n’était pas là pour
se servir mais pour le servir, au nom de Marx et Jésus.
L’énergie
du Venezuela n’était pas seulement celle de son pétrole, mais
celle de ce coeur qui aimait chaque opprimé des barrios.
L’amour d’un peuple, celui du Venezuela, la patrie et les républiques soeurs, bien au-delà du Vénézuéla, dans les traces de Chavez, avaient pris place les descendants de l’indien, Evo Morales ou Correa, ils rejoignaient Cuba, l’île sucrière, esclavagiste et visionnaire de José Marti et Castro, les révolutionnaires. Mais toute l’Amérique latine, y compris des réformistes, des gouvernements de droite, étaient prise dans le mouvement, dans cette énérgie inépuisable, dans la montée vers l’unité. L’Homme avançait à pas de géant, depuis la patrie de Juarez à celle d’Allende sur les traces de Bolivar en jetant un défi chevaleresque au maître américain, en entraînant derrière lui tous les humiliés, tous les individus cassés par la vie à qui il rendait leur dignité et le droit à bénéficier de leurs ressources.
L’amour d’un peuple, celui du Venezuela, la patrie et les républiques soeurs, bien au-delà du Vénézuéla, dans les traces de Chavez, avaient pris place les descendants de l’indien, Evo Morales ou Correa, ils rejoignaient Cuba, l’île sucrière, esclavagiste et visionnaire de José Marti et Castro, les révolutionnaires. Mais toute l’Amérique latine, y compris des réformistes, des gouvernements de droite, étaient prise dans le mouvement, dans cette énérgie inépuisable, dans la montée vers l’unité. L’Homme avançait à pas de géant, depuis la patrie de Juarez à celle d’Allende sur les traces de Bolivar en jetant un défi chevaleresque au maître américain, en entraînant derrière lui tous les humiliés, tous les individus cassés par la vie à qui il rendait leur dignité et le droit à bénéficier de leurs ressources.
Qui
peut comprendre ce phénomène là ? Difficile pour nous. Dictateur,
quelle imbécilité! La découverte du Venézuela, son
bouillonnement, l’expression ouverte de toutes les contradictions
dans des organes de presse possédés dans leur immense majorité par
l’oligarchie, permettait de mesurer à quel point la plupart nos
propres médias sont tenus en lisière. Incapable à de rares
exceptions d’avoir su dire ce qui se passait réellement dans ce
pays… Il ne savait qu’en faire la caricature…Lui un caudillo ?
Un pouvoir charismatique plutôt, générant l’amour et l’élan
populaire, une aventure à laquelle chacun était convié, une
politisation bouillonnante, un peu désordonnée, mais efficace,
s’inscrivant dans l’expérience de tous…
Chavez
avait hérité d’une administration corrompue, d’un monde
politicien si déconsidéré que son élection l’avait opposé à
une miss vénézuélienne. La drogue, le crime et le misère
étendaient leur zone de non droit. Les ressources pétrolières
étaient aux mains d’une oligarchie vendue aux majors
nord-américaine et qui de fait était en train de la privatiser et
de la leur livrer. Il n’ a pas réellement touché à l’appareil
d’Etat, mais l’a laissé dépérir en lui substitutant des «
missions » intervenant immédiatement pour soigner, alphabétiser,
avec l’aide des Cubains. A été mis en place une sorte de système
de conseil jouissant de larges autonomies locales, la possibilité de
référendum de destitution.
Les
ressources du pétrole ont été canalisées pour fertiliser ce
nouveau Venezuela. La première année Chavez a établi une
Constitution, il parlait, parlait, mais quand il a voulu faire la
réforme agraire et reprendre la souveraineté sur le pétrole, un
coup d’Etat mené par des fantoches sous la directive de l’Espagne
et des Etats-Unis est intervenu. L’armée fidèle s’est révoltée
contre le coup d’Etat. Et c’est alors qu’est intervenu un
événement extraordinaire en avril 2002, le petit peuple
vénézuélien, celui de ces monstrueux bidonvilles qui enserrent
Caracas est venu réclamer son président. Ce sont les mêmes qui
aujourd’hui crient et pleurent et chacun doit se souvenir de ce
qu’ils sont prêts à accomplir pour lui mort ou vivant.
Le
Vénézuela est devenu avec Cuba l’honneur de la Résistance à
l’impérialisme et celui qui apportait aux autres peuples des soins
de santé comme avec l’opération « miracle ». J’habitais à
Cuba face à un hôtel empli de pauvres gens venus de toute
l’Amérique latine pour recouvrer la vue, Chavez les transportait
chacun avec un membre de leur famille, il fournissait la nourriture
et les chirurgiens cubains opéraient. ce miracle a eu lieu dans
toute l’Amérique latine, plus d’un million d’aveugles ont
recouvré la vue.. tandis que notre presse en faisait un personnage
grotesque…
Chavez
avait joué un rôle essentiel avec Poutine pour imposer une
renégociation des ressources énérgétiques aux majors
nord-américaines et occidentales. Il avait réussi à créer de
nouvelles exigences au sein des pays pétroliers en profitant de la
montée de nouveaux géants au premier rang desquels la CHine. Son
alliance avec kaddhafi et l’iran doit être analysée dans le cadre
de ce bras de fer énérgétique dont dépendait la souveraineté
vénézuélienne et un développement endogène.
Chavez
était comme Fidel,ce sont des grands seigneurs. Jamais il n’a
détesté les nord américains mais il estimait que l’Amérique
latine devait avoir un autre destin que la soumission et le pillage
de ses ressources. Pas la haine, le défi chevaleresque… Mais sans
oublier les leçons de l’histoire, l’assassinat d’Allende, des
tortionnaires installés partout par le plan Condor, des coups d’Etat
si l’on baisse la garde. On ne survit pas si on oublie ces
leçons-là surtout si on est à la tête du principal producteur de
pétrole et que l’on défend un développement endogène… Et qui
connaît cette histoire ne peut s’étonner que la mort du président
soit entouré de précautions, déploiement de l’armée, expulsion
de quelques diplomates agents quasi officiels de la CIA. Transformer
son pays, entraîner derrière lui toute l’Amérique latine et les
Caraïbes en contournant les pièges des Etats-Unis et changer les
conditions de négociations avec les majors du pétrole, dix ans et
quelques d’un travail de titan.
Quand
Chavez, après deux ans de prison, amnistié à la suite de son coup
d’Etat aux côtés des pauvres du Venézuela, avait atterri à
Cuba en 1994, il avait expliqué à Fidel tout ce qu’il espérait
faire pour son peuple, pour l’Amérique latine. Fidel s’était
contenté de lui dire avec un sourire: « C’est bien maintenant il
faut faire ». Depuis la mort du Che, même s’il était entouré en
particulier par son frère et les anciens compagnons de toujours,
Fidel n’avait plus eu un autre ami avec qui rêver de transformer
le monde, le tiers-monde… Le programme a été plus qu’entamé et
la face de l’Amérique latine en a été aussi durablement changée
que celle du Venezuela. Ce matin à l’aube, l’envie me vient
d’adresser mes condoléances aux Vénézuéliens et aussi aux
Cubains, de les charger de dire merci à l’Amérique latine d’avoir
soulevé notre espérance.
Toute
la question aujourd’hui est celle que disait Fidel avant sa
maladie: « Cuba peut se passer de moi, mais l’Amérique latine et
ton peuple ont encore besoin de toi »… Ils ont besoin mais
pourront-ils s’en passer? La mort de Chavez ne verra pas la
pression des Etats-Unis, celle de la CIA se relâcher, l’oligarchie
déconsidérée va tenter un nouvel assaut, changer le masque, le
parti de Chavez a toujours été son talon d’Achille, mais le
retour de Chavez pour mourir au milieu des siens, la désignation
d’un sucesseur et l’unité retrouvée de l’Amérique latine
témoignent des difficultés à vaincre un peuple uni et pour qui le
mythe Chavez est à jamais immortel.
Danielle
Bleitrach
Merci à Danielle pour ce bel hommage qui nous regaillardit !
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