Lettre d’Hugo Chavez à l’Afrique (21 février 2013)
«
formons un seul peuple, un seul continent, nous ne pouvons rien
attendre sinon de nous-mêmes »
Lettre
du Président Hugo Chavez aux participants du IIIème Sommet
Afrique-Amérique latine et Caraïbes (Guinée Équatoriale, février
2013)
Caracas,
22 février 2013.
Frères
et sœurs,
Recevez
mon plus fervent salut bolivarien, unitaire et solidaire, avec toute
ma joie et toute mon espérance pour le déroulement de ce III°
Sommet tant attendu des Chefs d’État et de Gouvernement d’Amérique
du Sud et d’Afrique.
Je
regrette vraiment, du plus profond de mon être de ne pouvoir être
présent physiquement parmi vous pour vous réitérer, par une
sincère accolade, mon irrévocable engagement en faveur de l’unité
de nos Peuples. Je suis présent, cependant, dans la personne du
Chancelier de la République Bolivarienne du Venezuela, le camarade
Elias Jaua Milano, à qui j’ai demandé de vous transmettre la plus
vive expression de mon amour pour ces continents qui sont plus que
frères, unis par de solides liens historiques et destinés à
avancer ensemble vers leur rédemption pleine et absolue.
Je le dis du plus profond de ma conscience : l’Amérique du Sud et l’Afrique sont un même peuple. On réussit seulement à comprendre la profondeur de la réalité sociale et politique de notre continent dans les entrailles de l’immense territoire africain où, j’en suis sûr, l’humanité a pris naissance. De lui proviennent les codes et les éléments qui composent le syncrétisme culturel, musical et religieux de notre Amérique, créant une unité non seulement raciale entre nos peuples mais aussi spirituelle.
De
la même manière, les empires du passé, coupables de l’enfermement
et de l’assassinat de millions de filles et de fils de l’Afrique
mère dans le but d’alimenter un système d’exploitation
esclavagiste dans leurs colonies semèrent dans Notre Amérique le
sang africain guerrier et combatif qui brûlait du feu que produit le
désir de liberté. Cette semence a germé et notre terre a enfanté
des hommes aussi grands que Toussaint Louverture, Alexandre Pétion,
José Léonardo Chirino, Pedro Camejo parmi beaucoup d’autres, avec
pour résultat, il y a plus de 200 ans, le début d’un processus
indépendantiste, unioniste, anti-impérialiste et reconstructeur en
Amérique Latine et caribéenne.
Ensuite,
au XX° siècle, vinrent les luttes de l’Afrique pour la liberté,
ses indépendances, contre ses nouvelles menaces néo-coloniales,
Patrice Lumumba, Amilcar Cabral pour n’en citer que quelques-uns.
Ceux qui, dans le passé nous ont conquis, aveuglés par leur soif de
pouvoir, ne comprirent pas que le colonialisme barbare qu’ils nous
imposaient deviendraient l’élément fondateur de nos premières
indépendances. Ainsi, l’Amérique Latine et les Caraïbes
partagent avec l’ Afrique un passé d’oppression et d’esclavage.
Aujourd’hui plus que jamais, nous sommes fils de nos libérateurs
et de leurs hauts faits , nous pouvons dire, nous devons dire avec
force et conviction, que nous unit aussi un présent de lutte
indispensables pour la liberté et l’indépendance définitive de
nos nations.
Je
ne me lasserai pas de le redire, nous sommes un même peuple, nous
avons l’obligation de nous rencontrer au-delà des discours formels
dans une même volonté d’unité et ainsi unis, donner vie à
l’équation qui devra s’appliquer dans la construction des
conditions qui nous permettront de faire sortir nos peuples du
labyrinthe dans lequel le colonialisme les a jetés et, par la suite,
le capitalisme néo-libéral du XX° siècle.
Pour
cela, je veux évoquer la mémoire de deux grands combattants pour la
coopération sud-sud comme l’ont été les deux ex présidents du
Brésil et de la Tanzanie, Luis Ignacio « Lula » da Silva et Julius
Nyerere dont les apports et les efforts ont permis, en leur temps, la
mise en place de magnifique forum pour une coopération solidaire et
complémentaire comme l’est l’ASA (1).
Cependant,
les temps que nous vivons nous obligent à consacrer nos plus
profondes et urgentes réflexions à l’effort nécessaire pour
transformer l’ASA en un véritable instrument générateur de
souveraineté et de développement social, économique, politique et
environnemental.
C’est
sur nos continents que l’on trouve les ressources naturelles,
politiques et historiques suffisantes, nécessaires, pour sauver la
planète du chaos où elle a été conduite. Faisons que le sacrifice
indépendantiste de nos ancêtres qui nous offre le jour
d’aujourd’hui serve à unifier nos capacités pour transformer
nos nations en un authentique pôle de pouvoir qui, pour le dire avec
le père Libérateur Simon Bolivar, soit plus grand par sa liberté
et sa gloire que par son extension et ses richesses.
Les
paroles de cet immense général uruguayen José Gervasio Artigas
résonnent toujours dans mon âme et dans ma conscience : « Nous ne
pouvons rien attendre si ce n’est de nous-même ». Cette pensée
si profonde renferme une grande vérité que nous devons assumer,
j’en suis absolument convaincu.
Notre
coopération sud-sud doit être un lien de travail authentique et
permanent qui doit tourner toutes ses stratégies et ses plans de
développement soutenable vers le sud, vers nos peuples.
Quoiqu’en
aucune manière nous ne nions nos relations souveraines avec les
puissances occidentales, nous devons nous rappeler que ce ne sont pas
elles qui sont la source de la solution totale et définitive pour
l’ensemble des problèmes de nos pays. Loin de l’être,
quelques-unes d’entre elles appliquent une politique néo-coloniale
qui menace la stabilité que nous avons commencé à renforcer sur
nos continents.
Frères
et sœurs, je voudrais rappeler pour ce III° Sommet des Chefs d’Etat
et de Gouvernement de l’ASA, l’esprit de fraternité, d’unionisme
et de volonté qui a dirigé le déroulement de ce II° merveilleux
Sommet dans l’île de Margarita, au Venezuela, qui nous permit
d’adopter unanimement les engagements de la Déclaration de Nueva
Esparta. Je souhaite avec beaucoup de foi et d’espérance que nous
puissions récupérer à Malabo l’impulsion et l’effort de ce
moment extraordinaire pour notre processus d’unité, le Sommet de
2009, qui a montré autant par sa fréquentation massive que par la
quantité et le contenu des accords atteints.
Depuis
le Venezuela, renouvelons aujourd’hui notre plus ferme engagement
dans le renforcement du Secrétariat Permanent de la Table
Présidentielle Stratégique de l’ASA avec ses principales tâches
et fonctions pour accélérer le rythme dans la consolidation de nos
institutions et obtenir ainsi une plus grande efficacité dans notre
travail conjoint.
Je
regrette avec beaucoup de douleur et de peine que tout notre travail
commencé formellement depuis 2006 ait été interrompu par les
forces impérialistes qui prétendent encore dominer le monde. Ce
n’est pas un hasard, je le dis et je l’assume pleinement, que
depuis le Sommet de Margarita, le continent africain ait été
victime des multiples interventions et des multiples attaques de la
part des puissances occidentales.
Les
nombreux bombardements et invasions impériaux empêchant toute
possibilité de solution politique et pacifique aux conflits internes
qui ont commencé dans diverses nations d’Afrique, ont eu comme
objectif principaux de freiner le processus de consolidation de
l’unité des peuples africains et, en conséquence, de miner les
progrès de l’union de ces états avec les peuples
latino-américains et caribéens.
La
stratégie néo-coloniale a été, depuis le début du XIX°, de
diviser les nations les plus vulnérables du monde pour les soumettre
à des rapports de dépendance esclavagiste. C’est pour cela que le
Venezuela s’est opposé, radicalement et depuis le début, à
l’intervention militaire étrangère en Libye et c’est pour le
même motif que le Venezuela réitère aujourd’hui son rejet le
plus absolu de toute activité d’ingérence de l’OTAN.
Face
à la menace extra-régionale pour empêcher l’avance et
l’approfondissement de notre coopération sud-sud, je le dis avec
Bolivar dans sa Lettre de Jamaïque de 1815 : « Union, union, union,
cela doit être notre plus importante consigne. » Notre Gouvernement
renouvelle, en ce III° Sommet de l’ ASA dans cette république
sœur de Guinée Equatoriale, son absolue disposition à avancer dans
le travail nécessaire pour consolider notre coopération dans les
secteurs que j’ai personnellement proposées à notre dernier
sommet, dans la belle île de Margarita. Energie, Education,
Agriculture, Finances et Communication continuent d’être nos
priorités et pour celles-ci, nous réitérons notre engagement pour
avancer dans des initiatives concrètes comme Petrosur, l’Université
des Peuples du Sud ou la Banque du Sud, pour ne citer que quelques
exemples. Dans le secteur de la communication, nous proposons, depuis
le Venezuela, que cet effort que nous avons réussi à mettre en
place ensemble dans différents pays de l’Amérique du Sud,
TeleSur, s’articule avec l’Afrique afin qu’il puisse accomplir
depuis ces latitudes sa principale fonction : relier les peuples du
monde entre eux et leur apporter la vérité et la réalité de nos
pays.
Enfin,
je veux renouveler à tous mon désir que les résultats projetés
lors de ce III° Sommet ASA nous permette de transformer ce forum en
un outil utile pour conquérir notre définitive indépendance en
nous plaçant à la hauteur de l’exigence de l’époque et comme
le dirait le Libérateur, le plus de bonheur possible pour nos
peuples. Je suis un convaincu, simple et obstiné, nous réussirons à
mener à bien cette cause que nos libérateurs et martyres nous ont
transmise depuis des siècles. Nos millions de femmes et d’hommes
présentés en sacrifice pour leur pleine et absolue liberté. Avec
le père infini, notre Libérateur Simon Bolivar, je dis une fois de
plus : « Nous devons attendre beaucoup du temps, son ventre immense
contient plus d’espérance que de faits passés et les prodiges
futurs doivent être supérieurs aux anciens ».
Marchons
donc vers notre union et notre indépendance définitive. En
paraphrasant Bolivar, je dis maintenant : « Formons une patrie,un
continent, un seul peuple, à tout prix et tout le reste sera
supportable. »
Vive
l’union sud-américaine et africaine !
Vive l
’ASA !
Jusqu’à
la victoire toujours !
Nous
vivrons et nous vaincrons !
Hugo
Chavez Frias
Note :
(1) ASA
: América del Sur/Africa.
Bonjour,
RépondreSupprimerMartin Luther KING avait laissé à la postérité la phrase:"I have a dream"! Ce slogan a été longtemps le signe de ralliement de l'émancipation de tous les peuples opprimés du Monde. Le message du Président Hugo CHAVEZ FRIAS (désormais Immortel pour les peuples épris de paix et de justice) porte ce flambeau au coeur du continent Nègre. La question du jour, au moment même où se tiennent les obsèques officielles du Président Hugo CHAVEZ à Caracas, est de savoir combien de Chefs des Etats d'Afrique ont intégré ce message pour le bien de leur peuple? La ferveur avec laquelle les Vénézuéliens pleurent leur Président doit même faire réfléchir les actuels Chefs des Etats d'Afrique au vu de leur bilan mitigé voire catastrophique! Combien de morts inutiles jalonnent les longs règnes ou les coups de force soutenus par la finance internationale au détriment des peuples. Vive le Président CHAVEZ et que DIEU fasse naître de ses flancs d'autres patriotes de son envergure. Gardons le cap qu'il a tracé et n'ayons plus peur!