Pôle emploi et le gouvernement savent faire payer les pauvres
Pour les riches c'est beaucoup plus difficiles et la fraude fiscale bat des records. Entre 60 et 80 milliards d'euros, c'est le montant de la fraude fiscale en France tel que le chiffre le syndicat Solidaires-Finances publiques dans un rapport rendu . Les pauvres n'ont pas de recours alors ils doivent payer le peu qu'ils doivent à un organisme qui ne sait pas faire ses comptes.
Maryvonne Leray
Pôle
emploi les appelle les "indus": fin janvier 2013, environ
300 millions d'euros versés par erreur à des chômeurs n'avaient
pas été recouverts. Les associations, reçues vendredi par le
ministre du Travail Michel Sapin, réclament un "moratoire"
sur ces "trop-perçus". L'opérateur public distingue ces
"allocations indûment perçues" des fraudes avérées, car
il s'agit d'"erreurs de bonne foi", imputables aux
demandeurs d'emploi ou aux agents de Pôle emploi.
Selon
l'Unédic, l'organisme paritaire qui gère l'assurance-chômage, "ces
indus représentent 2,5% à 3% des allocations versées, un ratio à
peu près stable sur 10 ans". Ils relèvent dans 80% des cas de
périodes de travail non déclarées, ou déclarées trop tard, par
les inscrits à Pôle emploi. Le reste peut relever d'erreurs lors du
calcul des droits à indemnisation, ou encore de la méconnaissance
des règles qui régissent le cumul d'une allocation avec d'autres
revenus. Pour les rembourser, des échéanciers sont proposés. Et
certaines dettes peuvent être effacées, par Pôle emploi
(en-dessous de 650 euros) ou des "instances paritaires
régionales" qui tranchent de "manière discrétionnaire".
Les
associations (MNCP, AC!, Apeis), reçues par Michel Sapin un peu plus
d'un mois après l'immolation d'un demandeur d'emploi à Nantes,
jugent ce problème "central". Soutenues par le SNU et SUD
Pôle emploi, elles dénoncent des "conséquences
catastrophiques", dans un contexte de précarisation croissante.
"On
demande que soit pris le temps de réexaminer les dossiers, car, dans
une famille de chômeurs, c'est de l'argent dépensé: tout va à la
nourriture ou à la résorption des dettes", argumente Malika
Zediri, de l'Apeis. "Il y a des situations ubuesques, avec
parfois des conséquences dramatiques", reconnaît Colette
Pronost (SNU), pour laquelle le cas du demandeur d'emploi de Nantes
--qui était en train de rembourser un indu-- n'est que "la face
émergée de l'iceberg". Selon elle, l'explosion des "petits
boulots" et de leur cumul avec une allocation, le manque de
formation des agents et l'accumulation de dossiers, alors que le
chômage est en hausse depuis 21 mois, sont en cause.
Des
SMS pour réclamer les indus
Les
permanences et les forums internet des associations regorgent de
témoignages de détresse de personnes à qui on réclame des sommes
pouvant atteindre plusieurs milliers d'euros, parfois plus d'un an
après les faits. Rose-Marie Péchallat, de Recours-radiation, estime
que "ces trop-perçus sont devenus le cauchemar des chômeurs".
Cette ex-conseillère de l'ANPE raconte notamment les nombreux cas de
chômeurs qui ont pris le statut d'auto-entrepreneur et auxquels on
réclame parfois plus de 10.000 euros car il ont touché l'aide au
retour à l'emploi au-delà de la limite prévue de 15 mois. "Il
n'y a même pas de verrou informatique pour arrêter les versements",
s'énerve-t-elle.
Au-delà,
les associations estiment que certains "trop-perçus" ne
seraient pas fondés. "Il y a beaucoup d'erreurs, qui, après
recalcul, laissent même apparaître une dette de Pôle emploi",
note Rose-Marie Péchallat.
De
son côté, l'opérateur public s'est récemment engagé dans un
"plan d'action pour l'amélioration du taux de recouvrement des
indus", selon une note interne consultée par l'AFP.
La
"cible" est fixé à 68% de dettes soldées, alors que le
taux a baissé au fil de 2012 (65% en octobre, contre 72,4% en
janvier). Un "guide", diffusé en février aux managers,
vise ainsi à "développer une culture autour des enjeux du
recouvrement des indus". Depuis peu, en Rhône-Alpes et en
Aquitaine, certains demandeurs d'emploi reçoivent des SMS les
enjoignant de rembourser leurs créances. Une méthode qui fait
hurler syndicats et associations.
Le
médiateur de Pôle emploi, Jean-Louis Walter, a annoncé à l'AFP
travailler à un rapport sur le sujet, qu'il espère présenter
"avant l'été". Le directeur général Jean Bassères
"demande à comprendre ce que les associations font remonter",
assure-t-il. Jean-Louis Walter rappelle que "les 6,5 millions de
dossiers traités annuellement par Pôle emploi génèrent 560.000
réclamations", en majorité pour des problèmes
d'indemnisation. Pour le médiateur, "un indu, ça se rembourse,
la question n'est pas là. Mais demander de rembourser à des gens
qui n'ont rien, c'est dramatique".
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