Chine : Les survivants du séisme condamnés à vivre dans la rue
Sous
une pluie battante mardi, des dizaines de milliers de survivants du
tremblement de terre qui a ravagé une région du sud-ouest de la
Chine n'ont plus que la rue ou des abris de fortune pour s'abriter,
et aucune idée de quoi leur avenir sera fait.
Le
dernier bilan de la secousse de magnitude 6,6 s'établissait en
soirée à au moins 193 morts, 25 disparus et plus de 12'000 blessés,
selon le ministère chinois des Affaires civiles.
Quant
aux volontaires accourus par milliers de toute la Chine pour aider,
ils en ont été dissuadés par les autorités, leur afflux ce
week-end s'étant avéré plus un fardeau qu'une aide, en raison
notamment des embouteillages qu'ils ont provoqués, entravant les
secours.
Au
cœur de la partie la plus ravagée de la petite ville de Lushan, la
rue Chonglu, l'artère centrale, a vu s'ériger des centaines de
tentes devant les monceaux de gravats des maisons écroulées des
riverains.
Les
sans-abri se comptent par dizaines de milliers dans les districts de
Lushan et de Baoxing et un vaste programme de relogement va devoir
être lancé.
De
nombreux déplacés sont venus chercher un emplacement relativement
sûr dans le centre ville de Lushan. Ils y passent la nuit dans des
sacs de couchage sur les pelouses qui entourent l'Hôpital du Peuple.
D'autres
sont restés devant les ruines de leurs maisons et dorment dans des
tentes qu'ils ont eux-mêmes dressées avec des bouts de bois et de
la toile, ou dans celles, bleu vif, fournies par les organismes
d'aide.
Assise
devant un tas de gravas dans le bourg de Longmen, une femme âgée, à
qui l'on demandait où elle allait dormir, montre du doigt une
couverture sale posée à même le sol, sous une toile reliée à un
piquet de bois et deux arbres.
Nombreux
volontaires
«Personne
ne m'a proposé d'autre endroit pour dormir», explique-t-elle.
«Est-ce que j'ai le choix ?» Non loin d'elle, Ye Helian se plaint
de l'indigence de l'aide gouvernementale alors qu'elle est elle aussi
sans abri.
«J'avais
un atelier de couture dans le quartier, je travaillais à domicile,
et je n'ai plus aucune ressource», a-t-elle expliqué.
D'autres
s'estiment heureux d'avoir survécu avec leurs proches. «Là-bas
c'est ma maison, la plus endommagée», pointe Wu Yao, un homme âgé
de 38 ans dont le petit immeuble de deux étages s'est écroulé. «Je
l'ai échappé belle».
Les
secours continuent à affluer dans la région, ainsi que de trop
nombreux volontaires. A Baoxing, un responsable officiel leur a
demandé de ne pas venir, a rapporté mardi le quotidien Global
Times.
«Il
y a des limites au nombre de volontaires que nous pouvons recevoir»,
selon ce responsable, Han Bing, qui précise qu'il y en a plus de
3000 rien que dans son district.
Badauds
nuisibles
Pour
L'Observateur économique, un hebdomadaire chinois, les efforts des
secouristes sont entravés par «le nombre des badauds qui aiment à
se qualifier de volontaires, malgré le fait qu'ils font souvent plus
de mal que de bien».
Cet
afflux est aussi la conséquence d'une très intense couverture
médiatique depuis samedi de la part de la presse chinoise, et des
comparaisons faites avec le grand séisme du Sichuan en 2008, situé
sur la même faille sismique et qui avait fait quelque 90'000 morts
et disparus.
Malgré
ces difficultés, l'aide commence à s'organiser. Pour Francis
Markus, porte-parole pour l'Asie orientale de la Fédération
internationale de la croix rouge et du croissant rouge, le drame a
révélé «des besoins particulièrement importants et une forte
mobilisation pour se donner les moyens et l'expertise permettant de
répondre à ces catastrophes».
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