Grèce : Le conseil de l'Europe appelle à agir face à l'extrême droite
Le
conseil de l'Europe a appelé mardi Athènes à prendre d'urgence des
mesures face à "l'impunité" des crimes racistes en Grèce
et à interdire "si nécessaire" le parti néonazi Aube
Dorée, une proposition accueillie avec scepticisme par les autorités
grecques.
"Il
y a besoin d'actions urgentes" face à l'augmentation des crimes
racistes et à la recrudescence de discours de haine en Grèce qui
"visent en premier lieu les migrants et représentent une menace
sérieuse pour l'Etat de droit et la démocratie", selon ce
rapport du commissaire aux droits de l'Homme du conseil de l'Europe,
Nils Muiznieks.
Il
estime qu'en Grèce les lois anti-racisme nationales et
internationales ont été utilisées de manière "inadéquate,
voire pas du tout" pour sanctionner les individus ou
organisations incitant à la haine.
Pour
M. Muiznieks, Athènes doit imposer des "sanctions dissuasives"
à ceux qui font l'apologie, ou sont impliqués dans de tels crimes.
"Cela
vaut aussi pour des organisations politiques, y compris le parti
néonazi Aube Dorée, contre lequel il devrait être possible de
prononcer des sanctions efficaces ou une interdiction, si
nécessaire", ajoute-t-il.
Une
proposition accueillie avec scepticisme par Athènes qui estime, dans
ses réponses au rapport, que l'attitude à adopter face à Aube
Dorée est "complexe". Réagir au problème par des
"réponses émotionnelles pourrait avoir l'effet inverse ou
apporter davantage de résultats indésirables", souligne le
gouvernement grec.
Athènes
ajoute que le succès électoral remporté par l'organisation
extrémiste, entrée pour la première fois au parlement grec lors
des législatives en 2012 avec 7% des voix, est l'expression d'une
"déception populaire" dans un contexte de récession
économique et que le racisme reste un "phénomène marginal".
Tout
en reconnaissant quelques avancées dans la lutte contre les
violences racistes, le commissaire Muiznieks regrette que le monde
politique grec a "largement recours à une rhétorique
stigmatisant les immigrés, et que des mesures de contrôle de
l'immigration ont conduit à encore davantage stigmatiser les
migrants".
Quand
un ministre a parlé "d'invasion" ou de "bombe" à
propos de l'arrivée de centaines de milliers de clandestins, "cela
ne devrait être considéré que comme une dramatisation de la
réalité du pays", répond Athènes. De même, lorsque le
Premier ministre Antonis Samaras a parlé de "reprendre"
les centre-villes aux immigrés clandestins, il ne faisait
"simplement" qu'affirmer "la volonté d'y faire
respecter l'Etat de droit", se défend le gouvernement grec.
Athènes
dit néanmoins partager l'inquiétude du commissaire aux droits de
l'Homme quant à la récente augmentation des attaques racistes, et
assure que les propositions du rapport seront "attentivement"
examinées par les autorités compétentes.
Pour
M. Muiznieks, les autorités grecques doivent encore redoubler
d'efforts pour "combattre par tous les moyens disponibles toutes
formes de discours de haine et de crimes de haine, et mettre un terme
à l'impunité pour ces crimes".
Le
commissaire dénonce des lacunes, des vides juridiques et des
pratiques qui nuisent à l'accueil des migrants en Grèce comme les
mauvais traitements infligés par les représentants de l'ordre,
l'insuffisance des capacités d'accueil pour les demandeurs d'asile
ou la détention systématique et prolongée des personnes en
situation irrégulière.
Des
membres d'Aube Dorée, dont des députés du parti, ont été
impliqués dans 17 incidents violents perpétrés à l'encontre de
migrants entre juin et octobre 2012, relève le rapport.
Selon
le document, de nombreuses attaques recensées sont le fait de
groupes de motards habillés de noirs au visage masqué, ou de
jeunes.
Huit
étudiants dont sept mineurs ont par exemple attaqué une boutique et
sérieusement blessé son propriétaire pakistanais en criant des
slogans racistes en janvier dernier dans la ville de Larissa
(Thessalie), note encore le rapport.
Il faudrait avoir le courage de dénoncer aussi la cause d'une telle situation, à savoir la montée de la misère, et chercher à y remédier...
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