L'exploitation du gaz de schiste fait trembler la terre
Le manque de respect de la terre mère finira-t-il par coûter la survie de l'humanité
Le
6 novembre 2011, un séisme de magnitude 5,7 frappait la petite ville
de Prague, dans l'Oklahoma (Etats-Unis). Le tremblement de terre
détruisit une quinzaine d'habitations, fit deux blessés et tordit
le ruban d'asphalte d'une quatre-voies. Précédé d'un événement
classé au cinquième niveau de l'échelle de Richter et suivi
d'environ un millier de répliques de faible intensité, il fut
ressenti dans 17 Etats américains. Apparemment sans grand intérêt
- ni par son ampleur ni par les dégâts occasionnés -, le séisme
de Prague a pourtant un statut un peu particulier. Il a toutes les
chances d'avoir été le plus fort sursaut de la croûte terrestre
provoqué jusqu'ici, sur le sol américain, par des activités
humaines.
Dans
une étude publiée mardi 26 mars par la revue Geology, Katie Keranen
(université de l'Oklahoma) et ses coauteurs de l'université
Columbia à New York ont analysé la séquence d'événements ayant
précédé et suivi le séisme. Les auteurs concluent à un lien
causal entre l'injection de fluides de fracturation usés dans le
sous-sol et la survenue du tremblement de terre. Non loin de Prague,
un ancien gisement pétrolier, désormais épuisé, est en effet
utilisé depuis plusieurs années comme site d'injection d'eaux
souillées issues d'opérations de fracturation hydraulique – la
technique d'exploitation du gaz de schiste.
C'est
la surpression induite dans la faille dite "de Wilzetta"
qui a provoqué la cascade d'événements sismiques. Les géologues
notent que la quantité d'eaux usées injectée était faible. Mais
la pratique, qui dure depuis plusieurs années, a suffi à
déséquilibrer le sous-sol. Ils notent également que "les
opérations d'injection se poursuivent et que des tremblements de
terre de magnitudes supérieures à 3 continuent de se produire".
ELÉMENTS
RADIOACTIFS
La
situation en Oklahoma n'est pas isolée. La récente ruée vers les
gaz et huiles de schiste produit des quantités importantes d'eaux
usées dont il faut bien se débarrasser. Une bonne part du fluide de
fracturation (mélange d'eau, de sable et d'adjuvants chimiques)
utilisé pour fissurer la roche-réservoir, loin sous la surface, est
en effet régurgitée par les puits, après la fracturation de la
roche. Ces eaux usées, inutilisables, chargées d'adjuvants
chimiques, de métaux lourds ou d'éléments radioactifs présents
dans la roche-mère, sont souvent réinjectées dans des vieux puits.
En
2012, au congrès annuel de la Société géologique américaine,
l'US Geological Survey (USGS) a présenté des travaux montrant qu'en
Oklahoma le nombre annuel de séismes de magnitude supérieure à 3 a
été multiplié par 20 entre 2009 et 2011, par rapport au
demi-siècle précédent. Selon l'USGS, l'Arkansas, le Texas, l'Ohio
et le Colorado, où se déroulent des opérations d'injection ou de
fracturation, connaissent une situation comparable.
Voir le document
RépondreSupprimerFracturation hydraulique et tremblements de terre au Québec
http://gallery.mailchimp.com/27ed33877e4cbef4f0b684b7b/files/FracQuake_Backgrounder_Ao_t_2012_4_.pdf