Ecologie perverse : Expulsion imminente des Bushmen pour faire place à un corridor biologique
Un
corridor biologique est l’ensemble des habitats nécessaires à la
réalisation des cycles vitaux (reproduction, croissance, refuge…)
d’une espèce qui sont reliés fonctionnellement entre eux.
Ainsi, une série de mares temporaires, de fossés, de haies et de massifs forestiers constitue un corridor biologique pour le crapaud commun s’il peut s’y déplacer sans risque particulier de mortalité. Si une route très fréquentée sépare une mare du reste des éléments, celle-ci est exclue du corridor. Un crapauduc (passage à crapaud) pourra éventuellement restaurer la connexion entre cette mare et le reste du corridor.
Les
corridors biologiques sont donc très importants pour la conservation
de la biodiversité et des écosystèmes, puisqu’ils permettent à
une espèce de se reproduire et assurent les échanges d’individus
et de gènes entre plusieurs populations. Ils contribuent ainsi à la
diversité génétique de l’espèce et à la recolonisation des
milieux en cas de perturbation (incendie, tempête…).
L’ensemble
des corridors biologiques des espèces inféodées à un même milieu
(forêt, zone humide, etc.) forme un corridor écologique. (Futura environnement)
Les
Bushmen, eux, sont exclus des espèces à protéger et pourtant "l’expulsion forcée des peuples indigènes de leurs terres ancestrales a des impacts dévastateurs sur leur santé et anéantit leurs moyens de subsistance et leur auto-suffisance."
Maryvonne leray
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Survival
International a reçu des informations inquiétantes concernant
l’expulsion imminente de plusieurs centaines de Bushmen du sud du
Botswana pour faire place à un corridor biologique.
Le
gouvernement local aurait annoncé à la communauté bushman de
Ranyane que des camions arriveraient lundi prochain pour les expulser
du territoire qu’ils habitent depuis des générations et que leurs
maisons seraient détruites.
Le
territoire de ces Bushmen se situe au cœur du projet d’un corridor
biologique que l’organisation américaine Conservation
International, dont l’un des membres du conseil d’administration
est le président botswanais Ian Khama, et le Fonds Français pour
l’Environnement Mondial (FFEM) avaient préparé depuis de
nombreuses années. Ce territoire qui se trouve entre la Réserve du
Kalahari central (CKGR) et le Parc transfrontalier de Kgalagadi est
également habité par des colons et des fermiers.
Survival
International s’est adressée au président Khama, à Conservation
International, à l’Ambassadeur français au Botswana et au FFEM
pour leur exprimer sa vive opposition à l’expulsion planifiée de
la communauté bushman.
Un
Bushman a déclaré à Survival : ‘Nous appelons la communauté
internationale à soutenir les Bushmen de Ranyane dans leur lutte
pour leur droit à rester sur leur terre ancestrale. L’opinion
publique internationale doit savoir que le gouvernement agit mal avec
nous’.
Ce
n’est pas la première fois que les Bushmen du Botswana sont la
cible du gouvernement au nom de la conservation. Lors de trois
évictions brutales, entre 1997 et 2005, des milliers de Bushmen ont
été expulsés de la CKGR, soi-disant au nom de la conservation de
la faune. Les Bushmen expulsés de leur territoire en 2002 avaient
poursuivi le gouvernement botswanais en justice et, dans un verdict
historique, la Haute Cour botswanaise avait statué en 2006 que leur
expulsion était ‘illégale et anticonstitutionnelle’.
L’expulsion
forcée des peuples indigènes de leurs terres ancestrales a des
impacts dévastateurs sur leur santé et anéantit leurs moyens de
subsistance et leur auto-suffisance. Dans les camps dits de
‘relocalisation’ au Botswana, les Bushmen évincés de leur terre
dépendent entièrement des aides gouvernementales et souffrent
fréquemment d’alcoolisme, de dépression et de bien d’autres
maladies.
Stephen
Corry, directeur de Survival International, a déclaré aujourd’hui
: ‘La destruction des peuples indigènes au nom de la
‘conservation’ a des relents de colonialisme. Cela ne devrait
plus être admis de nos jours et les écologistes soucieux de la
place de l’homme dans son environnement devraient s’en indigner’.
encore une preuve que les humains sont vraiment devenus indésirables sur la planète Terre...
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