Vente ‘sacrilège’ d’un objet sacré Hopi à Drouot
‘La vente de ces katchinas n’aurait jamais pu avoir lieu aux Etats-Unis, la loi américaine ayant reconnu l’importance que présentent ces objets cérémoniels. C’est une honte que la France soit si loin derrière les Etats-Unis.
L'un des objets sacrés qui ont fait l’objet de la vente
controversée d’une collection de plusieurs dizaines de katchinas
(‘amis’) à l’hôtel Drouot, en avril dernier, a été restitué
aux Indiens hopi d’Arizona ce week-end.
Me
Pierre Servan-Schreiber, accompagné de représentants de Survival
International, a restitué le katchina dans la réserve hopi, au
nord-est de l’Arizona.
Les
katchinas ont une signification culturelle et religieuse très
particulière pour les Hopi. Farouchement opposés à leur mise en
vente, ils ont demandé à l’étude Neret-Minet Tessier &
Sarrou de l’annuler, invoquant le fait que ces objets, sacrés pour
les Hopi, étaient la propriété culturelle de la tribu et que leur
présentation publique et leur commercialisation constituaient pour
eux une grave offense.
L’étude
ayant ignoré la requête des Hopi, ils ont mandaté, avec Survival
International (France), Me Pierre Servan-Schreiber, du cabinet
Skadden Arps, afin de demander la suspension de la vente jusqu’à
ce que lumière soit faite sur la légalité de la constitution de la
collection.
Le
Tribunal de grande instance de Paris a toutefois rejeté le référé
visant à obtenir la suspension de la vente qui a finalement eu lieu
le 12 avril dernier, vente que le leader hopi LeRoy N. Shingoitewa a
qualifiée de ‘scandaleuse’.
‘Nous
sommes profondément attristés par cette décision…’, a t-il
déclaré. ‘Il est regrettable que la loi française permette
d’infliger aux Hopi les mêmes spoliations culturelles et
religieuses, les mêmes abus et injustices qu’ils ont subis dans
les années 1940. Considéreriez-vous comme une offense que des
objets liés à l’Holocauste, au patrimoine de l’Eglise ou bien
des manuscrits du Coran soient mis en vente… au meilleur
enchérisseur ? J’en suis persuadé’.
Me
Pierre Servan-Schreiber qui a acquis un katchina à Drouot dans le
but de le restituer aux Hopi a déclaré : ‘Ce revers n’est pas
la fin de l’histoire et, d’une façon ou d’une autre, celles et
ceux, dont je fais partie, qui pensent que tout ne peut pas être
nécessairement à vendre ou à acheter finiront par l’emporter. En
attendant, les Hopi n’auront pas tout perdu puisque deux de ces
objets sacrés*, auront échappés à la dispersion voulue par les
marchands d’art’.
L’acteur
américain Robert Redford avait également appelé à la suspension
de la vente laquelle, dénonçait-il, ’sera un sacrilège, un geste
criminel qui aura de graves répercussions morales’.
Stephen
Corry, directeur de Survival International, a déclaré aujourd’hui
: ‘La vente de ces katchinas n’aurait jamais pu avoir lieu aux
Etats-Unis, la loi américaine ayant reconnu l’importance que
présentent ces objets cérémoniels. C’est une honte que la France
soit si loin derrière les Etats-Unis. Nous nous réjouissons qu’au
moins deux de ces katchinas aient pu être sauvés et qu’ils
puissent être restitués à leurs légitimes propriétaires’.
Note
aux rédactions :
*Un
second katchina, acquis par la famille du chanteur Joe Dassin sera
restitué aux Hopi à l’automne prochain.
-
Survival International était représentée par Jean-Patrick Razon,
du bureau français, et Leila Batmanghelidj et Kayla Wieche du bureau
nord-américain.
-
Toute représentation publique des katchinas est considérée par les
Hopi comme une grave offense et un acte irrespectueux. Aucune
photographie du katchina ou de la cérémonie n’a été autorisée
par les Hopi.
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