Syrie: les Américains ont demandé à l'ONU de ne pas poursuivre sa mission
Par
Georges Malbrunot
Une
attaque américaine contre le pouvoir syrien semble imminente. « Des
responsables américains ont fait passer le message à l’ONU qu’il
valait mieux que les inspecteurs sur place ne prolongent pas leur
mission », affirme une source diplomatique occidentale, proche du
dossier.
Les
Etats-Unis « ne leur ont pas demandé explicitement de quitter la
Syrie, mais on leur a dit que les services de renseignements
disposaient de preuves de l’attaque chimique perpétrée la semaine
dernière près de Damas par le régime (qui a fait entre 300 et 1000
morts, ndlr) et qu’ils n’avaient donc plus besoin de continuer
leur mission sur place », ajoute cette source.
Comme
en Irak en décembre 1998, le départ de la mission d’inspection
onusienne de Damas sera le signe de l’imminence des frappes
militaires contre le pouvoir de Bachar el-Assad. En 1998, les
Etats-Unis avaient bombardé pendant quatre jours des symboles du
pouvoir de Saddam Hussein accusé de dissimuler des armes chimiques,
quelques heures seulement après le départ de la mission onusienne
de Bagdad. Mardi, l’équipe des inspecteurs de l’ONU ont prétexté
un manque de sécurité pour ne pas sortir de leur hôtel à Damas.
Selon
la revue Foreign policy, les services de renseignements américains
ont intercepté une communication téléphonique d’un militaire
syrien paniqué qui demandait des réponses à ses supérieurs après
l’attaque chimique contre des banlieues de Damas, le 21 août.
Toujours
selon notre source diplomatique, « les Russes en déclarant qu’ils
ne feraient pas la guerre ont donné leur aval à une attaque
américaine limitée » contre leur allié à Damas. Celle-ci ne sera
pas destinée à changer le régime en Syrie, a affirmé hier un
porte-parole américain. « Il s’agit d’affaiblir Assad pour
l’amener en position de faiblesse à la conférence de Genève »,
précise le diplomate. « Ce que les rebelles n’ont pas pu faire
depuis deux ans face à l’armée d’Assad, c’est-à-dire changer
le rapport de forces sur le terrain, les Occidentaux vont le faire en
bombardant des bases de l’armée dans l’espoir de renforcer la
pauvre opposition syrienne », poursuit notre source. Une frappe
contre le palais présidentiel à Damas n’est sans doute pas sur
les radars des stratèges américains ; en revanche, une autre contre
une résidence de Bachar el-Assad dans son fief de Lattaquieh
pourrait l’être.
Pour
renforcer l’opposition dite modérée, soutenue par les
Occidentaux, des frappes contre les djihadistes liés à la mouvance
al Qaida ne sont pas non plus à exclure. «Sinon, cette opération
militaire ne va faire que renforcer les islamistes les plus radicaux,
et cela ne pourra qu'aider à ce que les Russes farouchement
anti-islamistes avalent la pilule de cette intervention militaire
contre leur allié », ajoute le diplomate, qui souligne les
réticences américaines à engager la force le vendredi, jour de
prière chez les musulmans. La fenêtre d’opportunité s’ouvre à
partir de ce soir mercredi.
Georges
Malbrunot
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