Afrique du Sud: les petits commerçants chassés du centre-ville de Johannesburg


La ville de Johannesburg veut expulser les marchands à la sauvette de son centre ville. Depuis le 1er octobre 2013, une opération « coup de balais » est menée par la police. En principe, elle devait concerner uniquement les vendeurs à la sauvette, non enregistrés, mais depuis une semaine, la police s’en prend aussi aux vendeurs de rues « légaux » :  leurs stocks ont été saisis sans préavis, et ils se retrouvent privés de leurs maigres revenus.

Ces vendeurs en colère sont désormais soutenus par la puissante fédération syndicale Cosatu. Ils ont rencontré un représentant du maire, vendredi dernier, et un second rendez-vous est prévu ce lundi 28 octobre.

Cela fait 20 ans que Lula Ama, 63 ans, fait tous les jours le trajet depuis le township d’Alexandra où elle vit pour venir vendre chapeaux et bracelets au centre-ville de Johannesburg. L’emplacement qu’elle occupe est marqué à la peinture jaune sur le trottoir, mais mardi, la police a saisi son stock et lui a dit qu’elle ne pourrait plus revenir : « J’essaie de payer les études de mes enfants, explique Lula Ama. Et maintenant mon gouvernement me dis : "Tu arrêtes ! Tu rentres à la maison ». Mon fils va être obligé de voler ! Et moi sa mère, je dois faire les poubelles. »

Pourtant, Lula Ama possède une carte qui lui donne en principe l’autorisation de vendre dans la rue. Pour Edmund Elias, bouquiniste et porte-parole de l’association des commerçants de détail, cette opération « de nettoyage » a un énorme impact économique : « Il y a 6 000 personnes qui ne mangent pas aujourd’hui et on pense que près de 40 000 personnes sont touchés puisqu'un vendeur peut avoir à sa charge 5, 6 ou 7 personnes ! Ils veulent rénover la ville et attirer les investisseurs, mais ils ne comprennent pas que les vendeurs pourraient être intégrés facilement. Ici, le commerce marche bien pour les vendeurs informels et pour les magasins. »

Geoffrey Nemakonde, lui, enrage de voir son stock de fruits et légumes pourrir depuis une semaine : « Nous aidons le gouvernement à créer des emplois. Au moins nous faisons quelque chose, mais eux, ils ne se soucient pas des pauvres, ils n’écoutent que les gros investisseurs ». Près de 35 % de la population sud-africaine tire une partie de ses revenus de l’économie informelle.

RFI

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