Irlande : deux enfants roms rendus à leurs familles après des tests ADN concluants



Les autorités irlandaises ont rendu mercredi à leurs familles roms deux enfants qu'elles leur avaient retirés à cause de soupçons sur leur identité, inspirés de l'affaire de "l'ange blond d'Athènes", les tests ADN s'étant révélés concluants selon la police.


"Les deux enfants ont été rendus à leur famille respective à la suite de la confirmation de leur identité biologique", a annoncé la police dans un communiqué mercredi soir.

Une fillette de 7 ans avait été retirée lundi de sa famille à Tallaght, dans la grande banlieue de Dublin. Un garçon aux cheveux blonds et yeux bleus, âgé de deux ans, qui vivait à Athlone, dans le centre de l'Irlande, à 125 kilomètres de là, avait subi le même sort mardi soir, en vertu de la loi sur la protection de l'enfance.

Ce dernier a été rapidement rendu à sa famille mercredi matin. Et la fillette est rentrée chez elle mercredi dans la journée, une fois que les tests ADN pratiqués ont bien établi le lien de parenté revendiqué par les parents.

"Leur fille leur a été retirée parce que quelqu'un a estimé qu'elle était différente de ses frères et soeurs, et que du coup elle ne pouvait pas être une enfant rom", a réagi la famille de l'enfant dans une déclaration de son avocat, mercredi soir.

Les parents "n'acceptent pas qu'il s'agisse d'un argument suffisant pour leur retirer leur enfant (...). Ils ne pensent pas que cela se serait produit dans le cas où un enfant paraîtrait simplement différent physiquement de ses frères et soeurs. Cela s'est passé car ils sont membres de la communauté rom", selon la déclaration de l'avocat.

Le ministre irlandais de la Justice, Alan Shatter, a mis en garde contre le risque d'une stigmatisation de la communauté rom. "Il est important qu'aucun groupe ou minorité ne soit montré du doigt (...) dans les cas de protection de l'enfance", a-t-il déclaré mercredi soir, se disant "particulièrement conscient du désarroi regrettable" causé aux familles de ces deux enfants.

Le ministre a ordonné une enquête pour déterminer les "circonstances qui ont conduit" au retrait momentané des deux enfants de leurs familles.

Ces deux affaires ont éclaté alors qu'un couple rom a été inculpé en Grèce, lundi, pour l'enlèvement d'une fillette dont la découverte a provoqué des milliers d'appels de parents ou de proches à la recherche d'enfants disparus. Le couple affirme que la mère naturelle de l'enfant, une Rom bulgare, leur avait confié le bébé car elle ne pouvait pas s'en occuper.

La police irlandaise "devra justifier la raison pour laquelle une intervention a été décidée (et en quoi il y avait) une menace sérieuse et immédiate à la sécurité ou au bien-être de l'enfant", a estimé le rapporteur spécial chargé de la protection de l'enfance de Dublin, Geoffrey Shannon.

La responsable de l'association de gens du voyage Pavee Point, Siobhan Curran, a quant à elle mis en garde contre toute "chasse aux sorcières" envers les roms.

Pour Immigrant Council, une ONG irlandaise de défense des droits des migrants, "le gouvernement doit immédiatement détailler les procédures en place dans les services publics pour éviter les enquêtes au faciès".

"Le placement de deux enfants de la communauté rom intervient une semaine après l'annonce du gouvernement que les personnes venant de l'étranger représenteraient 50% des contrôles d'aides sociales, dans le cadre d'une nouvelle vague de répression des fraudes", a déclaré Denise Charlton à la tête du Immigrant Council.

"L'Irlande a déjà été mise en garde par un rapport du Conseil de l'Europe en février sur la nécessité d'empêcher les enquêtes au faciès", a-t-elle rappelé.


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