L'Union européenne déçue après le camouflet infligé par l'Ukraine

L'Ukraine a renoncé jeudi à l'accord d'association proposé par l'UE, à une semaine de sa signature prévue et longuement attendue, afin de "relancer ses relations économiques avec la Russie"


L'Union européenne a exprimé jeudi sa "déception" après le renoncement de l'Ukraine à un accord d'association, réitérant sa conviction que "l'avenir" de ce pays "passe par une relation forte avec l'UE". "C'est une déception, pas seulement pour l'UE mais, nous le pensons, pour le peuple ukrainien," a indiqué dans un communiqué la représentante de l'UE pour les affaires étrangères, Catherine Ashton, après la suspension par Kiev du processus de préparation à cet accord qui devait être signé la semaine prochaine à Vilnius.

L'accord d'association entre l'Union européenne et l'Ukraine ne sera en effet pas signé lors du sommet de Vilnius la semaine prochaine, a déclaré jeudi l'émissaire européen Aleksander Kwasniewski à l'agence polonaise PAP à Kiev. "L'accord à Vilnius ne sera pas signé (...) notre mission s'achève", a déclaré l'ex-président polonais, en mission à Kiev avec l'ancien chef du Parlement européen Pat Cox. L'Ukraine a renoncé jeudi à l'accord d'association proposé par l'UE, à une semaine de sa signature prévue et longuement attendue, afin de "relancer ses relations économiques avec la Russie". "C'est en fait une demande de pause dans les négociations, pour mettre en ordre les questions économiques en Ukraine", a estimé Kwasniewski. "Nous présenterons la semaine prochaine notre rapport au Parlement européen. Notre mission s'achève. Il est dommage qu'elle s'achève sans finale sous forme de signature d'un accord", a-t-il ajouté. "C'est une décision de l'Ukraine et non celle de l'Europe", a souligné l'ex-président polonais.


Ioulia Timochenko restera en Ukraine

La décision de Kiev n'est pas totalement une surprise. Quelques heures auparavant, le Parlement avait rejeté tous les projets de loi permettant le transfert à l'étranger de l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko. Alors même que plusieurs dirigeants européens avaient souligné par avance que la signature de l'accord d'association au sommet du Partenariat oriental de l'UE les 28-29 novembre serait impossible sans l'approbation d'une loi permettant le transfert de Ioula Timochenko à l'étranger pour des soins médicaux. Incarcérée depuis 2011, l'ex-Premier ministre Ioulia Timochenko purge une peine de sept ans de prison pour abus de pouvoir. Souffrant de hernies discales, elle est hospitalisée depuis avril 2012.

Mais en dépit de cette menace, les six textes différents présentés au Parlement sur les soins aux détenus à l'étranger ont été rejetés, obtenant les voix de moins de 200 députés alors qu'une majorité de 226 voix était requise. Le Parti des régions du président Viktor Ianoukovitch, majoritaire au Parlement, n'a pas participé au vote.


Pression de Moscou

Il est vrai que les aspirations européennes de Kiev sont vues d'un très mauvais oeil par Moscou qui refuse de voir cette ex-république soviétique sortir de sa zone d'influence et accuse l'UE de faire pression sur l'Ukraine pour qu'elle choisisse entre la Russie et l'Ouest.

Le chef de la commission aux affaires étrangères de la Douma (chambre basse du Parlement russe), Alexeï Pouchkov, avait ainsi accusé mercredi l'UE de "poser des ultimatums à l'Ukraine", d'"exercer un diktat" et de la traiter comme "une quasi-colonie". Tandis que la veille, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait dénoncé une pression "éhontée" de la part de l'UE sur les pays de son Partenariat oriental.

Quant au conseiller économique du Kremlin, Sergueï Glaziev, a de son côté fait miroiter la semaine dernière une coopération économique se chiffrant en "dizaines de milliards de dollars" si Kiev renonçait à s'associer à l'UE.


Les Echos

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