L’Etat Espagnol criminalise brutalement le projet indépendantiste en Galice.



Le 13 septembre dernier, la justice espagnole condamnait quatre militants indépendantistes galiciens à des peines qui additionnées font un total de 54 ans de prison. La sentence de l’ Audiencia Nacional considère prouvée l’existence d’un groupe armé en Galice, « Resistência Galega », et abouti légalement à la criminalisation du mouvement indépendantiste Galicien. Ce jugement politique, avéré de vices de procédure a abouti aux plus dures condamnations prononcé depuis longtemps en Galice contre le mouvement indépendantiste. Ceci sans avoir pu démontrer aucune action violente ni preuves impliquant les accusés de participation à un groupe armé.

La procédure a démarré en novembre 2011, avec les premières arrestations et fouilles sous l’égide de la loi antiterroriste. Pourtant, dès 2005, le gouvernement espagnol a commencé une criminalisation envers le mouvement indépendantiste en Galice. Criminalisation menée conjointement par le Ministère de l’Intérieur et les médias. Presse et TV suivent des instructions de la police en essayant de créer une alarme sociale, propagande fallacieuse accompagné d’une répression policière disproportionnée qui génère, ces quatre dernières années, la détention de 20 activistes, fouille des domiciles, centres sociaux et sièges des organisations.

Toute cette campagne aboutit au jugement devant l’Audiencia Nacional, organe avec juridiction dans tout le territoire espagnol, qui a été catalogué comme un tribunal politique et d’exception. Il est né par décret-loi le 4 janvier 1977, un an avant l’approbation de la constitution espagnole, le jour même de la surpression du Tribunal d’Ordre Publique (TOP) de la dictature franquiste, tribunal militaire qui va hériter ses compétences spéciales en jugements politiques.

Des compétences spéciales sont attribuées à ce tribunal d’exception, unique en Europe, avec un caractère antidémocratique très accentué, qui ont été dénoncées par  divers organismes internationaux de protection du droit humanitaire. Est à signaler le rapport de la commission des Droits de l’Homme dans la lutte contre le terrorisme de l’ONU qui déjà en 2009 demandait l’éradication complète du régime d’incommunication, car peut favoriser la pratique des tortures. Concernant la dispersion pénitentiaire, la même commission affirme qu’elle implique une punition supplémentaire à l’entourage familial et social, et reste un obstacle pour la préparation de la défense des accusés qui sont emprisonnés à une longue distance de leur domicile.

Ce cadre légal pour la lutte contre le terrorisme fut élaboré surtout en fonction de la lutte contre le mouvement de libération national basque pour lequel il avait été prévu un dispositif spécial de répression. Depuis la trêve de l’ETA, il a est déplacé en Galice.

Procédure politique avec trop d’irrégularités.


La procédure a eu lieu du 24 au 27 juin 2013 dans l’enceinte de l’Audience Nationale à Madrid. Dans sa déclaration, les militants nieront leur appartenance à une organisation terroriste et affirmeront que « tous les changements doivent être démocratiques et populaires ». Par rapport aux conclusions, ils se sont déclarés innocents et ont dénoncé la violation de leur droit légitime à la défense.

Le juge Alfonso Guevara avait montré ouvertement, pendant tout le jugement, une attitude autoritaire, en interrompant autoritairement le discours des avocats, arrivant jusqu’à expulser de la Cour les experts de la défense qui remettaient tout simplement en cause le rapport de la police. En plus il avait nié à la défense le droit légitime à interroger les témoins policiers, lesquels par contre avaient eu tout le temps désiré pour exposer leur version des faits.

Les rapports venant des forces de l’ordre, seuls témoignages apportés par le ministère public, sont remplis d’évaluations qui font uniquement appel à « l’expérience policière » sans preuves scientifiques qui puissent montrer l’existence d’un groupe armé ni une implication d’aucun des accusés à des actions violentes attribuées à « Resistência Galega. »

En opposition à la version de la police, tous les partis représentés dans le Parlement galicien, appelés comme témoins de la défense, nieront l’existence d’un groupe terroriste en Galice, ou un climat d’alarme sociale.

Une peine exemplaire.


Le tribunal condamne Maria Osorio et Antom Santos à 10 ans de prison : « 8 pour participation en organisation terroriste et 2, pour falsification de document officiel ». Pour les cas d’Eduardo Vigo et Roberto Fialhega, Teto, la peine monte jusqu’à 18 ans, car est ajouté l’accusation pour « détention d’explosifs ». Peines exorbitantes pour qui n’a pas attenté contre la vie, santé ou l’intégrité des gens. Peines allant au-delà des délits comme l’assassinat avec acharnement (de 15 à 20 ans, article 139 du Code Pénal espagnol) ou viol (de 6 à 12 ans, article 179 du Code Pénal espagnol).

Les successives reformes de la législation espagnole de ces derniers années obligent les accusés de terrorisme à purger intégralement les peines, et à 10 ans en plus de liberté surveillée.

Tous sont des militants actifs du mouvement politico-culturel galicien, ayant participé à de nombreuses initiatives du projet indépendantiste comme l’élaboration de centres sociaux, médias alternatifs, organisations politiques des étudiants, écologistes, etc. Ainsi, Antom Santos, professeur universitaire d’Histoire, est considéré par ses détracteurs comme un des idéologues de l’ « indépendantisme radical galicien », la saisie à son domicile d’une « abondante littérature révolutionnaire » étayant l’analyse des instructeurs de l’enquête… et par-delà de l’Etat Espagnol.

Après avoir eu connaissance de la sentence, vingt-cinq collectifs et organisations nationales galiciennes ont présenté en  conférence de presse un communiqué d’urgence pour rejeter «  la brutalité répressive de l’Etat Espagnol » et montrer leur solidarité avec les prisonniers politiques.

L’Organisme Populaire Antirépressif CEIVAR, alerte que cette condamnation ouvre la « chasse aux militants de toute sorte des organisations qui jusqu’à maintenant opéraient légalement et qui, à court terme, peuvent être étiquetées comme parties prenantes d’un soit disant « organigramme terroriste », interdites et poursuivies. CEIVAR a dénoncé qu’il y a déjà eu 21 personnes accusées par « l’Audiencia Nacional » d’apologie du terrorisme, pour avoir montré des photographies des prisonniers politiques dans différents évènements publics.

Le 30 septembre la défense présentait un recours au « Tribunal Supremo » dans lequel elle exige la nullité du procès, ayant considéré que les droits fondamentaux ont été violés. Contradiction des preuves présentées par l’accusation, présomption d’innocence et liberté idéologique. En outre ils ont dénoncé l’« intervention du pouvoir politique sur le pouvoir judiciaire » comme par exemple la déclaration, au deuxième jour du procès, du ministre de l’Intérieur Jorge Fernández Díaz : « Je souhaite que l’Audiencia Nacional ait la justesse de qualifier Resistência Galega comme ce qu’elle est, une bande terroriste et qu’elle impose aux accusés les peines correspondantes ».

La résistance galicienne


Ce procès, diligenté par les politiques répressives espagnoles doit servir d’exemple pour transformer un procès pour terrorisme en résistance populaire.

La Galice, gouvernée par la droite espagnole, continue aujourd’hui d’être un des territoires plus pauvres et moins développés de l’Etat : avec presque 2.800.000 habitants, 20% se trouvent émigrés actuellement, dont 16% ont entre 18 et 30 ans. En plus, elle compte un taux de chômage de 23%, 59% ont moins de 30 ans.

L’organisation populaire pour défendre notre identité, territoire et ressources pallie pour l’instant au mieux l’absence de gouvernance indépendantiste. Ainsi, en Galice se sont fondés dans les derniers 10 années, plus de 60 centres sociaux. Cinq organisations politiques nouvelles ont vu le jour de même que plus de 30 organisations de jeunesse, d’étudiants et d’écologistes. Enfin, 8 organes de communication radios ou télévision ont été créés. Tous sont de caractères indépendantistes.

Bretagne Info

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