Une autre guerre en Europe ? Pas en notre nom !
Tandis qu'en France intellectuels et politiques s'appliquent à des concours de ramollissement du bulbe, que les médias, on pourrait le penser, souhaitent la guerre sans doute pour remonter l'audience, que la seule chose qui a été faite lors de la rencontre de Hollande ce fût de se moquer de sa tenue vestimentaire, les politiques et intellectuels allemand conscient du vrai danger lancent un appel qui je l'espère sera largement diffusé ... pour l'heure les médias français à la solde des marchands d'arme ou de la CIA n'en parlent guère...
Maryvonne Leray
"Wieder Krieg in Europa? Nicht in unserem Namen!"
Roman Herzog, Antje Vollmer, Wim Wenders, Gerhard Schröder und viele weitere fordern in einem Appell zum Dialog mit Russland auf. ZEIT ONLINE dokumentiert den Aufruf. Le journal Allemand Zeit a relayé cet appel
« Une autre guerre en Europe ? Pas en notre nom ! »
Personne
ne veut la guerre. Mais l’Amérique du Nord, l’Union européenne et la
Russie se dirigent tout droit vers une guerre si l’on ne met pas fin à
la spirale mortelle des menaces et contre-menaces.
Tous
les Européens, y compris la Russie, partagent la responsabilité du
maintien de la paix et de la sécurité. Seuls ceux qui ne perdent pas de
vue cet objectif peuvent éviter de nous engager sur la mauvaise voie.
Le
conflit en Ukraine montre que la soif de pouvoir et de domination sont
des problèmes toujours bien réels. En 1990, à la fin de la Guerre
froide, nous avions tous espéré le contraire. Mais le succès de la
politique de détente et les révolutions pacifiques nous ont rendus
imprudents et nous ont endormis. À l’est comme à l’ouest. Aussi bien
les Américains que les Européens et les Russes, ont oublié le principe
fondamental de bannir définitivement la guerre des rapports
internationaux. Sinon, on ne s’explique pas l’élargissement occidental
vers l’Est, menaçant pour la Russie, en l’absence totale d’une
collaboration contextuelle plus approfondie avec Moscou ; ou encore
l’annexion de la Crimée par Poutine, contraire au droit international .
Dans
un moment de grand danger pour le continent comme celui que nous sommes
en train de vivre, l’Allemagne a une responsabilité particulière dans
le maintien de la paix.
Sans
la volonté de réconciliation du peuple de Russie, sans la clairvoyance
d’un Mikhaïl Gorbatchev, sans le soutien de nos alliés occidentaux et
l’action prudente du gouvernement fédéral d’alors, nous n’aurions
jamais pu surmonter la fracture de l’Europe. Le fait de rendre possible
la réunification pacifique de l’Allemagne fut un acte majeur et d’une
grande sagesse de la part des puissances sorties vainqueurs de la
Seconde Guerre mondiale. De la fin de cette fracture devait naitre un
ordre européen durable fait de paix et de sécurité, allant de Vancouver
à Vladivostok, comme cela fut établi en novembre 1990 par tous les
chefs de gouvernement des 35 États membres de l’OSCE signataires de la
« Charte de Paris pour une nouvelle Europe. »
Sur
la base des principes convenus ensemble et des premières mesures
concrètes mises en oeuvre, il fallait construire une « maison
européenne commune », dans laquelle chaque État membre pourrait jouir
du même niveau de sécurité. Cet objectif fondamental de la politique
depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’à aujourd’hui n’a pas
été atteint. Les Européens ont encore des raisons d’avoir peur.
Nous,
signataires de ce texte, appelons le gouvernement fédéral à agir de
façon responsable pour la paix en Europe. Nous avons besoin d’une
nouvelle politique de détente en Europe. Celle-ci ne peut exister que
sur la base d’une sécurité égale pour tous, et entre partenaires aux
droits égaux et au respect réciproque. Le gouvernement allemand serait
dans son rôle si compte tenu de la situation de blocage, il lançait un
appel au calme et au dialogue avec la Russie. Le besoin de sécurité des
Russes est aussi vaste et légitime que celui des Allemands, des
Polonais, des Ukrainiens ou des habitants des Pays baltes.
Nous
ne pouvons pas chasser la Russie de l’Europe. Ce serait contraire à
l’Histoire, irrationnel et dangereux pour la Paix. Jusqu’au congrès de
Vienne de 1814, la Russie était reconnue comme une des puissances
dirigeante de l’action politique en Europe. Tous ceux qui ont essayé de
changer cet état de fait par la violence ont failli et ont généré un
immense bain de sang, comme ce fut le cas avec la tentative meurtrière
et mégalomane de l’Allemagne d’Hitler qui s’aventura hors de ses
frontières pour tenter de soumettre également la Russie à son propre
régime.
Nous
exhortons tous les députés du Bundestag allemand, en tant que
représentants du peuple, à être à la hauteur de la gravité de la
situation, et à se faire les gardiens des engagements de Paix du
gouvernement fédéral. Ceux qui ne font que construire l’image d’un
ennemi, et manipuler les faits en lui attribuant unilatéralement les
fautes, exacerbent les tensions à un moment où au contraire devraient
prévaloir les signes de détente. Incorporer, intégrer, ne pas exclure,
devraient être le leitmotiv des politiques allemands.
Nous
en appelons aux médias, afin qu’ils se conforment de façon plus
convaincante à leurs obligations de rapporter les faits sans a priori.
Les éditorialistes et les commentateurs diabolisent des nations
entières, sans donner suffisamment de crédit à leurs récits. N’importe
quel journaliste expert en politique étrangère comprendra facilement la
crainte des Russes, depuis que fin 2008, les membres de l’OTAN invitent
la Géorgie et l’Ukraine à entrer dans l’Alliance atlantique. Il ne
s’agit pas de Poutine. Les chefs vont et viennent. Il s’agit de
l’Europe. Il s’agit d’ôter aux gens la peur de la guerre. Dans ce
contexte, un compte-rendu responsable des faits, basé sur des
recherches solides, ne peut qu’être bénéfique.
Le
3 octobre 1990, le jour de l’Unité allemande, le président Richard von
Weizsäcker a dit : « La guerre froide est surmontée. Liberté et
démocratie ont été rapidement appliquées à tous les États… Désormais
ceux-ci peuvent intensifier leurs rapports et les consolider au niveau
institutionnel, au point que pour la première fois, pourra se former un
ordre commun de vie et de paix. […] C’est ainsi que commence pour les
peuples d’Europe un nouveau chapitre de leur histoire. Son but est une
union paneuropéenne. C’est un objectif formidable. Nous pouvons
l’atteindre, mais nous pouvons aussi le rater. L’alternative qui se
présente à nous est claire : unir l’Europe, ou bien retomber dans des
conflits nationalistes dans la lignée d’autres exemples historiques
douloureux. »
Jusqu’au
conflit ukrainien, nous avions cru, en Europe, que nous étions sur la
bonne voie. Aujourd’hui, le discours de Richard von Weizsäcker,
prononcé voilà un quart de siècle, n’a jamais été plus actuel.
Les signataires :
Mario Adorf, acteur
Robert Antretter (e- parlementaire au Bundestag)
Prof. Dr Wilfried Bergmann (Vice-président de l’Alma Mater Europaea)
Luitpold Prinz von Bayern (Königliche Holding und Lizenz KG, manufacture de porcelain de Nymphenburg)
Achim von Borries (metteur en scène et scénariste)
Klaus Maria Brandauer (acteur, metteur en scène)
Dr Eckhard Cordes (président de la commission pour les relations économiques avec l’Europe de l’Est)
Prof. Dr Herta Däubler-Gmelin (ex-ministre de la Justice)
Eberhard Diepgen (ex maire de Berlin)
Dr Klaus von Dohnanyi (maire de la Cité libre de Hambourg)
Alexander van Dülmen (Conseiller d’administration de la A-Company Filmed Entertainment AG)
Stefan Dürr (Managing Partner et administrateur délégué de la Ekosem-Agrar GmbH)
Dr Erhard Eppler (ex-ministre fédéral pour le développement et la coopération)
Prof. Dr Heino Falcke (recteur)
Prof. Hans-Joachim Frey (président du Conseil d’Administration de la Semper Opernball de Dresde)
Père Anselm Grün (moine)
Sibylle Havemann (Berlin)
Dr Roman Herzog (ex-président fédéral)
Christoph Hein (scénariste)
Dr H. C. Burkhard Hirsch (ex Vice président du Bundestag)
Volker Hörner (recteur)
Josef Jacobi (agriculteur biologique)
Dr Sigmund Jähn (ex-astronaute)
Uli Jörges (journaliste)
Prof. Dr H. C. Dr Margot Käßmann (ex-présidente du Conseil Protestant allemand et évêque)
Dr Andrea von Knoop (Moscou)
Prof. Dr Gabriele Krone-Schmalz (ex-correspondant de la chaine tv ARD à Moscou)
Friedrich Küppersbusch (journaliste)
Vera von Lehndorff Gräfin (artiste)
Irina Liebmann (scénariste)
Dr H. C. Lothar de Maizière (ex premier ministre de la RDT, ex-ministre de la RFT)
Stephan Märki (directeur du Theatre de Bern)
Prof. Dr Klaus Mangold (président de Mangold Consulting GmbH)
Reinhard e Hella Mey (auteur chanteur)
Ruth Misselwitz (pasteur protestant de Pankow)
Klaus Prömpers (journaliste)
Prof. Dr Konrad Raiser (ex-secrétaire général du Conseil oecuménique mondial des Églises)
Jim Rakete (photographe)
Gerhard Rein (journaliste)
Michael Röskau (ex dirigeant ministeriel)
Eugen Ruge (scénariste)
Dr. H. C. Otto Schily (ex-ministre federal de Interieur)
Dr H. C. Friedrich Schorlemmer (spécialiste en théologie, militant des droits civils)
Georg Schramm (comique)
Gerhard Schröder (ex-Chancellier federal)
Philipp von Schulthess (acteur)
Ingo Schulze (scénariste)
Hanna Schygulla (actrice, chanteuse)
Dr Dieter Spöri (ex-ministre des Affaires économiques)
Prof. Dr. Fulbert Steffensky (théologue catholique)
Dr Wolf-D. Stelzner (Managing Partner: WDS-Institut für Analysen in Kulturen mbH)
Dr Manfred Stolpe (ex ministre fédéral, ex-gouverneur du Brandebourg)
Dr Ernst-Jörg von Studnitz (ex-ambassadeur)
Prof. Dr Walther Stützle (ex-secrétaire d’État à la Défense)
Prof. Dr Christian R. Supthut (ex-Conseiller en Droit)
Prof. Dr H. C. Horst Teltschik (ex-conseiller auprès du Bureau fédéral pour la sécurité et la politique étrangère)
Andres Veiel (metteur en scène)
Dr. Hans-Jochen Vogel (ex ministre federal de la Justice)
Dr Antje Vollmer (ex-Vice-président du Bundestag)
Bärbel Wartenberg-Potter (éveque emerite de Lubecca)
Dr Ernst Ulrich von Weizsäcker (scientifique)
Wim Wenders (metteur en scène)
Hans-Eckardt Wenzel (Auteur chanteur)
Gerhard Wolf (écrivain, éditeur)
Source: ilfattoquotidiano.fr
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