ceux qui, les premiers, à leurs risques et périls,se sont opposés au terrorisme sont les musulmans

Tout a commencé par une trahison selon J.-F. Kahn


C’est l’une des rares voix et plumes médiatiques françaises à rappeler l’erreur, voire la «trahison» d’une grande partie de la presse française devant la tragique décennie noire de l’Algérie. Jean-François Kahn, ancien directeur de Marianne, le rappelle dans le dernier numéro du magazine (du 16 au 22 janvier 2015).


Dans une analyse intitulée «Et si on reconnaissait enfin toutes les erreurs que nous payons aujourd’hui», Jean-François Kahn rappelle qu’«on a voulu l’oublier, mais les premiers résistants qui versèrent leur sang en affrontant la barbarie furent des musulmans»

«Tout a commencé par une trahison. Car on a presque fini par l’oublier ou, plus exactement, on a voulu l’oublier, ceux qui, depuis plus de vingt ans, sont tombés par centaines de milliers sous les coups des tueurs fanatisés d’un islam perverti sont des musulmans ; ceux qui, les premiers, à leurs risques et périls, leur ont opposé (je pense aux femmes algériennes) leur héroïque détermination sont des musulmans.


Ceux qui, les premiers également, ont lutté les armes à la main, comme aujourd’hui les Kurdes de Syrie, sont des musulmans.» Et, plus clairement, «or, on les a poignardés dans le dos». «Faut-il rappeler cette période terrible où l’Algérie étant en butte aux atrocités commises par ceux dont les auteurs du carnage de Charlie Hebdo sont les héritiers, toute une fraction des médias français se déchaîna non contre les ‘barbares’, mais contre ceux qui tentaient de leur tenir tête ?» Et : 

«Souvenons-nous donc : ce n’étaient pas les fanatiques allumés du GIA qui tuaient, massacraient, exterminaient femmes, enfants, vieillards, non, non, c’étaient leurs adversaires… Des témoins de leurs épouvantables agissements, scandalisés par ce déni, envoyaient des délégations à Paris pour dire le vrai.

On refusait de les recevoir. Des civils épouvantés dont on avait égorgé les proches, des démocrates, des laïcs, des patriotes, souvent issus de mouvances de gauche, à la suite de tueries, se regroupaient et constituaient des milices d’autodéfense, ce sont eux et non les islamistes qu’une journaliste de Libération fustigeait et désignait comme les fauteurs de guerre. Les tueurs étaient des ‘rebelles’, ce qui est noble, ceux qui appelaient à les combattre étaient des ‘éradicateurs’.

Donc des méchants. On sortait de temps à autre du chapeau des ‘officiers déserteurs’ qui affirmaient qu’en effet, ce n’étaient pas des islamistes qui tuaient. Gros titre à la une assuré. Or, on découvrit, à l’occasion des attentats de Londres, que c‘étaient tous des faux témoins, des militants islamistes radicaux à qui l’organisation avait demandé de jouer ce rôle. Les lecteurs (ou auditeurs) français n’en furent pas avertis.»

Les Algériens, les démocrates algériens, eux, n’ont pas oublié. Ils ne sont pas pour autant rancuniers, voire vindicatifs, eux envers lesquels la communauté internationale a été en faillite de solidarité, pis, a isolé le pays pendant la tragique décennie noire, considéré alors comme non sûr et non fréquentable.

Lorsque Charlie Hebdo a été la cible de l’attentat terroriste du 7 janvier, la presse algérienne a unanimement dénoncé le crime et apporté la solidarité – dont elle a elle-même cruellement manqué – à ses confrères français. Au niveau diplomatique, la présence du ministre algérien des Affaires étrangères à la marche de Paris a signifié la solidarité nationale à la France endeuillée, son soutien à lutte, aujourd’hui – ou plus exactement depuis le 11 septembre 2001 – internationale, contre le terrorisme que l’Algérie n’a eu de cesse de combattre, seule, pendant une décennie.


Nadjia Bouzeghrane

Commentaires

  1. Jean-François Kahn il Sait Tout découvre le monde ! Vingt ans après les événements sanglants en Algérie, ce... journaliste veut apprendre... à qui ? que les Musulman(e)s étaient les premier(ère)s à s'opposer aux bandes armées d'AQMI (Al-Qaïda du Maghreb Islamique) financées par les amis des chefs d'Etat français, britannique, états-unien - Arabie saoudite, en tête - mais aussi par des dons venus d'Allemagne et d'autres pays d'Europe, et par le commerce de la drogue qui leur permettait d'acheter des armes... à qui ?
    Dans les années 90, l 'Algérie, la Tunisie, la Libye, l'Egypte... se sont concertées pour mettre fin aux agissements criminels de ces bandes, qui s'équipaient auprès des multinationales de l'armement, amies des pays occidentaux, afin de lutter contre les Etats laïcs - même si leurs populations étaient à majorité musulmane - en Afrique.
    Non seulement la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis n'ont pas aidé ces pays du Maghreb-Machreq à faire face à ces hordes qui faisaient gagner beaucoup d'argent à leurs multinationales mais ces hordes de mercenaires ont été utilisées, notamment par la France prétendument laïque, pour détruire l'Afghanistan, l'Irak, l'Algérie, la Tunisie, l'Egypte, la Libye, la Syrie, encore l'Irak... pays laïcs, et, peut-être encore la Libye, pour ne citer que ces pays.
    L'écriture de certains livres permet aux écrivain-écrivaine d'être plus exhaustifs que les journalistes prétentieux qui découvrent la réalité derrière les événements... après tout le monde.
    Cordialement, Françoise Petitdemange,
    auteuse de "La Libye révolutionnaire dans le monde (1969-2011)".
    http://www.francoisepetitdemange.sitew.fr
    http://www.deroulerlefildariane.sitew.fr

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    1. auteuse hum ... on peut trouver mieux selon l'académie française certain terme ne supportent pas la féminisation qui supprime la fonction et je suis d'accord ... ceci dit jean François Kahn (dont je ne suis pas fan) dit ce qu'il faut dire au moment où il faut le dire ... et ce n'est ni pour vous ni pour moi qu'il écrit mais pour ceux qui ne savent pas encore ou ont oublié

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    2. C'est en 1978, lorsque j'étais occupée à rédiger mon premier roman, que j'ai décidé de créer les noms féminins, auteuse et écrivaine, qui n'existaient absolument pas, et je les ai utilisés, jour après jour, à partir du moment où j'ai publié ce livre en 1981.
      En 1986, Michel J. Cuny et moi vivions à Lyon lorsqu'à la radio France-Culture, un groupe de féministes était occupé à se pencher sur le féminin d'auteur : après moultes discussions, ces dames décidèrent du mot "auteure" sur le modèle de... "prieure". En ajoutant simplement un "e", cela, d'après elles, ne se remarquerait pas trop !
      Or, pour ma part, j'utilisais publiquement auteuse et écrivaine depuis... cinq ans ! Vous constaterez avec moi que, dorénavant, le mot écrivaine est passé dans la langue. Quant au mot auteuse, il reste, depuis 37 ans, une particularité qui est mienne et dont je suis très fière.

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