Euro ou refus de l’austérité, il faut choisir !
Déclaration du réseau Faire Vivre et Renforcer le PCF
Le diktat de la commission européenne s’est refermé sur la Grèce.
Non seulement, elle doit accepter une nouvelle étape d’austérité,
sans aucune garantie de refinancement à long terme de sa dette, mais
elle doit accepter une tutelle encore plus étroite, jusqu’à livrer une
grande part de son patrimoine public à une privatisation directe confiée
à la Troïka et ne plus pouvoir consulter son peuple sans l’autorisation
de la commission européenne.
L’audit de la dette avait pourtant montré que les plans européens
cherchaient d’abord à sauver les banques européennes. Le fonds de
privatisation sera bien évidemment dans les mains des mêmes banquiers et
de leurs oligarques européens préférés qui se partageront les
dépouilles de l’état grec.
L’urgence n’est pas de savoir si le gouvernement Tsipras pouvait faire mieux.
Il a bien expliqué qu’il se contraignait à défendre la dignité du
peuple grec dans le cadre de l’Euro. Mais il faut dénoncer l’arrogance
des élites européennes, des médias dominants, leur diktat inacceptable,
la guerre qu’ils mènent contre un pays ayant perdu 30% de son PIB en 5
ans ! Il le faut, quoi qu’on pense du débat politique en Grèce, même
s’il est important de connaître les analyses faites avec constance par
les communistes grecs.
L’urgence politique pour les communistes en France est de tirer pour eux-mêmes
toutes les conséquences de cette offensive contre le peuple grec. Elle
concerne notre combat contre l’austérité, pour la défense des services
publics, des salaires, des retraites, de la protection sociale, des
droits du travail. Elle concerne la crédibilité de tout projet de
rupture avec le capitalisme.
Car François Hollande en se présentant comme le défenseur de la Grèce
face à l’Allemagne nous refait le coup de la "pédagogie du renoncement"
de François Mitterrand en 1983, à une échelle bien plus grande. Il
soutient la Grèce « comme la corde soutient le pendu », défendant sa
place dans la zone Euro en échange d’un renforcement violent de
l’austérité.
En votant Oui, la direction du PCF porterait une terrible responsabilité
Pierre Laurent a raison de dénoncer l’attitude de l’Allemagne qui menace du Grexit pour imposer "une véritable humiliation politique" au peuple grec. Il a raison de dénoncer le choix du Luxembourg, "champion du monde de l’optimisation et de la fraude fiscale"
pour gérer les privatisations grecques. Mais en se rangeant du côté de
François Hollande, en défendant la nécessité de cet accord austéritaire,
Pierre Laurent prend une responsabilité terrible. Les questions
politiques qui se jouent en Grèce sont au cœur de toutes les batailles
en France, de la défense de l’emploi, des services publics, des droits
du travail, des protections sociales, de tout ce qui reste des conquis
du Conseil National de la Résistance dont le Gouvernement
Hollande/Valls/Macron termine la destruction à vitesse accélérée. Si ce
qui est accepté par le gouvernement grec est une bonne issue à la crise,
alors, face à la dette, au "trou de la Sécu", au "déficit des
retraites", il n’y a pas d’autre solution que l’austérité renforcée, la
baisse des protections sociales, le recul de l’âge de la retraite, les
réformes des collectivités territoriales, et l’éclatement de la nation,
la fin de toute souveraineté populaire.
Il faut donc dire avec force si oui ou non, il est possible de mener
une autre politique que l’austérité dans le cadre de l’Union européenne
et de l’Euro. Si l’accord imposé au peuple Grec, malgré la force des 61%
du non au référendum, est un accord nécessaire, alors la souveraineté
des peuples européens n’existe plus et le maintien dans l’euro justifie
toutes les politiques d’austérité. Alexis Tsipras a le mérite de le dire
en toute clarté. Il n’a pas été élu pour mettre en cause la zone Euro
ou l’Union Européenne. Il cherche donc une issue à la crise terrible qui
frappe son peuple dans ce cadre. Il doit donc accepter plus
d’austérité.
Nous devons proposer une perspective de rupture au peuple français
C’est toute la question qui nous est posée. Comme le dit Varoufakis,
pour l’Allemagne, l’humiliation du peuple grec est un message aux autres
peuples européens, entre autres au peuple Français.
Devons-nous dire au peuple Français que l’allongement de l’âge du départ en retraite, la hausse de la tva, un nouveau plan de privatisation et d’autres mesures d’austérité peuvent être nécessaire pour maintenir un euro fort et la cohésion européenne ? Si une vague populaire porte Pierre Laurent ou un autre au pouvoir en 2017, devront-ils proposer face à l’Allemagne un accord du même type ? Si nous l’acceptons pour les Grecs aujourd’hui, pourquoi le refuser pour la France demain ? Sans une perspective de rupture progressiste avec l’austérité, la voie est libre pour l’extrême-droite. Les guerres, le fascisme sont à notre porte….
Devons-nous dire au peuple Français que l’allongement de l’âge du départ en retraite, la hausse de la tva, un nouveau plan de privatisation et d’autres mesures d’austérité peuvent être nécessaire pour maintenir un euro fort et la cohésion européenne ? Si une vague populaire porte Pierre Laurent ou un autre au pouvoir en 2017, devront-ils proposer face à l’Allemagne un accord du même type ? Si nous l’acceptons pour les Grecs aujourd’hui, pourquoi le refuser pour la France demain ? Sans une perspective de rupture progressiste avec l’austérité, la voie est libre pour l’extrême-droite. Les guerres, le fascisme sont à notre porte….
Au cœur de cette crise se trouve l’Euro et la construction de l’Union Européenne.
Depuis des années, ce débat n’a pas lieu dans le PCF. Toutes les
tentatives pour débattre des alternatives à l’Union Européenne sont
écartées et toutes les analyses et projets s’inscrivent dans le cadre
d’une seule certitude : il peut exister une « Union européenne
sociale », un « Euro solidaire... ». Le contenu de l’accord accepté par
le gouvernement grec démontre avec force le contraire !
Il est urgent d’ouvrir le débat avec les communistes. Pourquoi une
politique contre l’austérité semble impossible en Grèce ? Qu’est-ce qui
l’interdit dans le cadre de l’Euro ? La seule agressivité allemande ?
Les banques françaises ne sont-elles pas impliquées elles-aussi ?
Pourquoi la force des 61% du OXI n’a pas bousculé les rapports de force
dans l’UE ? Qu’est-ce que les peuples doivent faire pour imposer leur
dignité et faire respecter leurs choix politiques ? N’est-il pas urgent
de reparler de souveraineté populaire ? Quelle est cette contradiction
apparente entre les intérêts US et allemands ? Quel rôle joue la place
de la Grèce dans l’OTAN dans une région frappée par la guerre ?
Il est nécessaire de mener une grande bataille populaire d’explications
contre la pédagogie du renoncement à l’œuvre. Le PCF doit dire qu’il
n’accepterait pas l’accord humiliant imposé aux grecs. Il doit être
porteur de propositions qui permettent réellement de sortir de
l’austérité liant propositions et projet de société, s’appuyer sur les
luttes qui se déroulent dans tout le pays. Il doit affirmer que face à
la même alternative, il peut rompre avec la dictature de la commission
européenne. Ces débats sont essentiels à notre capacité à faire vivre et
partager notre projet, le projet d’une sortie du capitalisme, qui
suppose de s’affronter aux bourgeoisies européistes, au MEDEF qui
demande "de l’aire" se considérant trop à l’étroit en France, qui
suppose d’affirmer que nous défendrons la souveraineté populaire de la
France, que nous appelons à une nouvelle république sociale, reprenant
la longue histoire des insurgés de 48, de la commune de Paris, du Front
Populaire, du conseil national de la résistance, et des luttes sociales
et anticoloniales du siècle passé, et que le peuple de France est
légitime à dire NON une nouvelle fois, et à imposer son propre destin,
son propre projet de société, dans la solidarité et la coopération avec
tous les autres peuples, d’Europe et du monde.
Les parlementaires communistes doivent refuser avec force et
détermination l’accord ! Ils ne peuvent mêler leurs voies aux forces qui
imposent l’austérité à notre peuple, ils ont l’occasion, après le vote
des motions de censure, d’un acte politique historique qui réaffirme la
place du point de vue communiste dans la vie politique Française.
Avec le peuple de 2005, avec le peuple grec, ils doivent dire NON !
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