Italie : 100 000 manifestants à Rome « Ça suffit, nous ne pouvons plus attendre ».



100 000 manifestants à Rome à l'appel de la FIOM, le syndicat des métallos, face à l' « union sacrée » politique et syndicale

100 000 manifestants dans les rues de Rome ce samedi 18 mai ont répondu à l'appel lancé par le syndicat des métallurgistes, la FIOM sous le slogan : « Ça suffit, nous ne pouvons plus attendre ».

Face à l' « union nationale » entre la droite de Berlusconi et le centre-gauche démocrate, aux nouvelles réformes à venir contre le monde de travail, en collaboration avec l'UE, la réponse exprimée dans les rues de Rome ce samedi 18 mai a été massive.


Et pourtant, aucune des trois principales formations syndicales CISL, UIL et surtout CGIL n'ont appelé à manifester laissant la seule FIOM, le syndicat des métallurgistes, lancer un appel à remettre au centre des priorités du pays le monde du travail.

La classe ouvrière, celle touchée par les restructurations, dans la sidérurgie comme à ILVA-Taranto, dans le pneu à Bridgestone-Bari, touchée par le chantage patronal à FIAT-Pomigliano, a répondu présent. Des dizaines de milliers de « tutte blu » (cols bleu) étaient dans les rues.

Après deux ans d' « austérité » imposée par le gouvernement non-élu de l'ex-commissaire européen Monti, le non moins europhile Enrico Letta prétend appliquer une « politique de relance ».


Relance, cela signifie de nouveaux cadeaux pour le capital :

on commence par la suppression d'une partie de la taxe foncière IMU pour satisfaire la base sociale berlusconienne, puis on attaque le programme de cadeaux aux plus riches avec une nouvelle contre-réforme de flexiblisation du travail, de nouvelles exonérations fiscales pour les entreprises.

Le manque à gagner, rien qu'avec la refonte de la taxe foncière, est estimé au moins à 5 milliards d'€. En continuant à creuser le déficit et la dette, le but est de justifier de nouvelles coupes budgétaires dans le secteur public.

La casse du système de Sécurité sociale est même à présager au vu des déclarations rassurantes de Letta sur l'extension de la protection sociale aux plus « démunis », le tout au prix d'une refonte du système.


Ambiguités et débats internes à la FIOM : une manifestation contre le gouvernement ?

La crise profonde du mouvement syndical en Italie peut être révélée par les positions hésitantes de son aile révolutionnaire, représentée par la FIOM.

Le secrétaire de la FIOM, Maurizio Landini, a insisté sur le fait que la « manifestation n'était pas contre le gouvernement », le but étant de peser sur le gouvernement pour le forcer à adopter des mesures pour l'emploi.

Le mot d'ordre « Nous ne pouvons plus attendre » de la FIOM répondait au discours de Letta devant la Chambre des députés : « Les politiques en faveur de la relance ne peuvent plus attendre ».

Parmi les propositions de Landini, pas de plan de bataille contre les mesures envisagées par Letta mais des propositions éclectiques : augmentation des salaires, interdiction des licenciements et taxation des revenus financiers, sans oublier revenu de citoyenneté et vote des étrangers.

L'ancien dirigeant de la FIOM, Giorgio Cremaschi, n'a pas épargné ses critiques contre le mot d'ordre de la FIOM, appelant d'une part à préparer la lutte contre les mesures du gouvernement, d'autre part à préparer l'alternative au gouvernement, enfin à rompre avec l'intégration européenne.


Collaboration des trois centrales syndicales : de l' « union sacrée » syndicale à l' « union sacrée » politique

Les débats internes à la FIOM sont pourtant bien loin de la position des trois principales centrales syndicales, et en particulier celle de la CGIL, héritière du syndicat de classe historiquement lié au Parti communiste italien.

La CGIL n'a pas appelé à manifester le 18 mai, lié de plus en plus organiquement au Parti démocrate, force dominante du nouveau gouvernement.

Il suffit de rappeler que l'ancien secrétaire-général de la CGIL entre 2002 et 2012, Guglielmo Epifani, s'est retrouvé propulsé le 12 mai à la tête du Parti démocrate, récompensé de sa politique de collaboration sous les gouvernements sociaux-libéraux de Prodi (2002-06) et Monti.

Quant à l'actuelle secrétaire de la CGIL Susanna Camusso, elle ne peut cacher sa satisfaction face au nouveau gouvernement : « Le discours d'investiture de Letta nous a enchanté, il a mis au centre le travail. Mais les paroles ne suffisent pas, il nous faut des réformes concrètes. »

Susanna Camusso a appelé le gouvernement surtout à négocier avec tous les « partenaires sociaux », patronat et syndicats. Comme Camusso l'avait fait pour la fameuse réforme Fornero, de précarisation du travail, négociée avec le patronat et le gouvernement Monti.

Dans l'institutionnalisation du « dialogue social », les trois centrales (UIL, CISL, CIGL) ont signé un nouvel accord sur la « représentativité syndicale », concerté avec la Confindustria (Medef italien) limitant la représentativité aux seuls syndicats signataires, intégrant le « dialogue social ».

Dans le même temps, dans un grand élan unitaire, les trois centrales – l'UIL et la CISL ont soutenu les mesures de Monti, la CGIL a négocié avant de claquer la porte, sans mobiliser pour autant – annoncent une grande manifestation unitaire le 22 juin, avant les vacances.

L'objectif de la manifestation ne sera pas de lutte contre l'austérité qui vient, mais de proposer des mesures constructives au gouvernement pour sortir de la crise.


Camusso peut saluer la « fin de la période des divisions syndicales ».

Avec la représentativité syndicale et la présence d'un dirigeant de la CGIL à la tête du PD, l' « union sacrée » syndicale légitime l' « union sacrée » politique, dans la soumission à la politique au service de la Confindustria.


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