La Colombie à l'Otan : colère des latinos
L'annonce
que la Colombie s'apprêtait à signer un accord de coopération avec
l'OTAN, avec en ligne de mire l'adhésion à cette organisation de
défense commune, a provoqué de vives réactions d'opposition de la
part de plusieurs dirigeants latinos-américains de gauche.
Le
président Juan Manuel Santos
lors
de la cérémonie de promotion de militaires, le 1er juin 2013 à
Bogota.
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«Au
mois de juin, l'OTAN va signer un accord avec le gouvernement
colombien (...) afin d'amorcer un processus de rapprochement avec
cette organisation», a annoncé samedi le président colombien Juan
Manuel Santos au cours d'une cérémonie militaire à Bogota.
Actuellement,
l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) comprend 28
pays occidentaux de l'hémisphère nord.
Pour
M. Santos, président de centre droit, l'armée colombienne peut se
distinguer au niveau international si son gouvernement parvient à
signer un accord de paix avec la guérilla des Forces armées
révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes).
Des
négociations entre la plus vieille guérilla d'Amérique latine et
le gouvernement colombien sont en cours à Cuba depuis le mois de
novembre.
Le
souhait de la Colombie, partenaire privilégié des États-Unis dans
la région, de se rapprocher de l'organisation atlantiste a toutefois
été perçu comme «une provocation» par d'autres pays
latinos-américains.
«Cette demande de faire partie de l'OTAN est une menace pour notre continent (...), c'est une agression, une provocation, une conspiration contre les gouvernements anti-impérialistes (comme) le Venezuela, le Nicaragua, l'Équateur et la Bolivie»,
a notamment déclaré lundi
le président bolivien Evo Morales, lors d'un déplacement dans le
nord du pays.
«Comment est-il possible que la Colombie demande à faire partie de l'OTAN ? Pourquoi ? Pour agresser l'Amérique latine, pour soumettre l'Amérique latine, pour que l'OTAN nous envahisse, comme ils ont envahi l'Europe, l'Afrique, en particulier»,
a-t-il poursuivi.
Selon
lui,
«l'OTAN est devenue un instrument d'intervention dans le monde entier (...) afin de récupérer les ressources naturelles».
Pour
cette raison, il a demandé la convocation «d'urgence du conseil de
sécurité de l'Unasur», l'Union des nations sud-américaines,
composée de 12 pays de la région, y compris la Colombie.
La
veille, c'est le président du Nicaragua, Daniel Ortega, autre membre
de la gauche radicale régionale, qui avait qualifié de «coup de
poignard dans le coeur des peuples de notre Amérique» l'annonce
colombienne.
Présent
à son côté pour une visite éclair, le président vénézuélien
Nicolas Maduro, plus farouche opposant à Washington dans le
sous-continent, a lui estimé que «certains essayaient désormais de
faire venir les armées d'invasion en Amérique latine. Cela
contredit la doctrine et la légalité internationale sur laquelle se
base l'union» régionale.
L'un
des rares pays latino-américains à être dirigé par un président
de droite, la Colombie bénéficie d'importantes aides militaires de
la part des États-Unis, notamment dans le cadre de la lutte contre
le trafic de drogue.
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