Laurent Gbagbo : procès ajourné

L'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo,
le 19 février 2013 à La Haye.
Les juges de la Cour pénale internationale (CPI) ont demandé, lundi 3 juin, au procureur d’apporter des éléments de preuves additionnels avant de décider de mener un éventuel procès contre l’ancien président ivoirien. Laurent Gbagbo devra encore patienter pour savoir s’il sera jugé, à La Haye, pour crimes contre l’humanité.


Après l'audience de confirmation des charges qui s'est tenue il y a trois mois, les trois juges de la chambre préliminaire sont divisés. Deux d'entre eux n'ont manifestement pas été convaincus par l'enquête, et les démonstrations du bureau du procureur. Le troisième s'est rangé du côté de ses anciens collègues de l'accusation, considérant que les quatre chefs d'inculpation qui pèsent sur l'ex-président ivoirien devaient être confirmés.

Face à cette situation, c'est donc une décision de compromis qui a été prise. L'accusation se voit, en quelque sorte, accorder une seconde chance.

Les équipes de la procureure de la CPI, Fatou Bensouda, devront apporter plus d'éléments probants sur l'organisation des forces pro-Gbagbo, sur les confrontations possibles entre les forces pro-Gabgbo et les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), sur les victimes ou bien encore sur l'adoption d'un plan présumé visant à attaquer la population civile favorable à Alassane Ouattara.

Selon l’accusation, les attaques commises par des forces pro-Gbagbo entre décembre 2010 et avril 2011 « revêtaient un caractère généralisé et systématique » et étaient dirigées « contre des communautés ethniques ou religieuses spécifiques ».

Joint par RFI, Fadi el-Abdallah, porte-parole de la CPI, a estimé que l’ensemble des preuves du procureur « n’était pas complètement dépourvu de valeur probatoire », mais qu'en même temps ces éléments « laissaient dans l’ombre certaines zones que les juges ont considéré essentielles afin de pouvoir décider de confirmer ou pas les charges ».

Le porte-parole de la CPI a, par ailleurs, précisé que les juges ont également demandé au procureur de présenter - avant le 15 novembre - des informations supplémentaires sur les victimes, sur les préjudices qu’elles auraient subis ainsi que leur allégeance réelle ou supposée.

Bien qu’il soit encore trop tôt pour parler de défaite pour le bureau du procureur, du côté des pro-Gbagbo, c’est la satisfaction. Joint par RFI, Maitre Emmanuel Altit – avocat de l’ancien président ivoirien – clame victoire. « Les juges ont considéré que le procureur s’appuyait sur des documents invérifiables ou des documents qui se contredisaient mutuellement. En d’autres termes, les juges ont considéré que le narratif du procureur ne reposait sur rien », a-t-il estimé avant d’ajouter « C’est une victoire de la justice, du droit et de la vérité historique ».

Pour que cette victoire ne se limite pas à des déclarations, l'ex-président ivoirien devra cependant attendre. Laurent Gbagbo connaitra son sort judiciaire, au plus tard, au printemps 2014.


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