Pétition : Pour un autre plan autisme 2013
Pour le retrait de la recommandation de l’HAS sur l’autisme
L’annonce
du plan autisme était attendue par lesprofessionnels et les
familles : le manque de moyens en termes de places et de personnels
entraine de tels dysfonctionnements, de tels délais d’attente, de
telles ruptures de prise en charge, et de telle souffrance parentale
qu’il était urgent et indispensable de proposer un plan présentant
une grande ambition.
Or
si on retrouve dans ce plan quelques points attendus (comme le
dépistage précoce), les moyens supplémentaires alloués sont
dérisoires et ne règleront aucuns des graves problèmes de pénurie.
Mme
Carlotti, ministre déléguée en charge du dossier, a accompagnée
l’annonce de ce plan par des propos inacceptables à l’égard des
approches fondées sur la psychanalyse. Ces propos s’appuient sur
les recommandations de la HAS et structurent le plan Autisme 2013
d’un seul point de vue, sans nuance, niant les critiques, les
communications et les travaux les plus récents.
Les
recommandations de la HAS, Haute Autorité de Santé, ne font pas
consensus, elles se parent d’une scientificité qui n’est en rien
démontrée, ce que la revue Prescrire dans son numéro d’avril
2013 a très bien énoncé. Elles obèrent les choix éclairés des
professionnels comme des familles. La pluralité des approches est
nécessaire en face d’une réalité psychique complexe, celle de
chaque sujet en souffrance, qui ne saurait se réduire à une seule
dimension, à un seul registre de la connaissance et du savoir. Nous
demandons donc le retrait des recommandations de la HAS.
Qui
plus est la confusion continue d’être entretenue entre les plans
éducatifs, pédagogiques et thérapeutiques.
Le
plan Autisme 2013 organise les préconisations dans le parti pris
d’un seul point de vue exclusif, non-recevable. Ces recommandations
se fondent en fait sur une lecture idéologique et normative de
l’autisme pour dénoncer des recherches et des pratiques qui
n’auraient pas fait leurs preuves.
Aujourd’hui
c’est de l’autisme qu’il s’agit, mais le risque est
inévitable d’une généralisation de la méthode suivie pour ce
plan à l’ensemble du champ éducatif, pédagogique et soignant.
Alors demain un plan pour les troubles bipolaires ou la schizophrénie
? Il n’y aura plus de maladies seulement des anomalies à corriger?
Nous
ne voulons pas d’une HAS qui par ces recommandations univoques
interdit l’esprit du doute nécessaire à l’approche scientifique
et à la recherche, qui ne saurait restreindre son effort de façon
unidimensionnelle.
Nous
ne voulons pas d’une HAS qui interdit la prise en considération
des pratiques soignantes, éducatives et sociales qui ont fait leurs
preuves et sont approuvées par des familles qui n’ont pas été
entendues, alors qu’elles dénoncent les excès d’approches
uniques quelles qu’elles soient.
Nous
ne voulons pas d’une HAS, outil de l’Etat. Le choix et la
nomination des dirigeants de cet outil par l’exécutif de l’état
confirment sa dépendance. Les proximités avec l’industrie
pharmaceutique signent une orientation thérapeutique. Cette HAS
n’est indépendante ni de l’Etat ni du monde pharmaceutique.
Nous
ne voulons pas d’une HAS dont les recommandations empêchent la
pensée des professionnels et des citoyens et autorisent les
politiques à imposer au bout du compte ce qui s’apparente à une
science d’état.
Nous
ne voulons pas non plus d’une HAS qui par ces recommandations
orientent les formations initiales et continues des professionnels du
soin et des travailleurs sociaux de ce seul point de vue, niant ainsi
une des compétences premières de ceux-ci à savoir l’accueil de
la personne en souffrance, de la personne en difficulté, en attente
d’une attention et d’une écoute avant les réponses
thérapeutiques, éducatives et sociales indispensables. Ne plus
penser sa pratique pour un professionnel, fait de celui-ci un agent
de l’ordre social et non plus un soignant. Ne plus exercer son
libre arbitre dans la rencontre singulière, c’est se soumettre à
une autorité bureaucratique.
Nous
réaffirmons la nécessité d’un engagement fort de l’Etat par un
débat préalable à la promulgation d’une loi cadre pour la
refondation de la psychiatrie de secteur et les moyens de la mettre
en œuvre avec les professionnels, qu’il s’agit de former à la
complexité, et avec les usagers qui sont aujourd’hui partie
prenante, pour une psychiatrie fondée sur l’hospitalité et non
sur la ségrégation et le formatage.
L’empêchement
de penser, donc de créer, pour les patients, pour les
professionnels, et pour les familles, est une atteinte à la
démocratie et à la culture.
C’est
pour cela que nous tous ici réunis appelons à un autre plan
Autisme, au retrait de la recommandation de l’HAS sur l’autisme
et à la remise en cause de cette HAS Là !
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