Sécurité en Afrique : de quoi se mêle Hollande ?

L’accolade du président malien, Dioncounda Traoré,
à François Hollande, sous le rire de Yayi Boni.
Cinq mois après l’opération Serval, le président français, François Hollande, fier de son implication dans la libération du Mali alors sous le joug des factions islamistes, a invité au cours d’un entretien accordé le 31 mai dernier à France 24, TV5 Monde et RFI, les chefs d’États africains à un sommet sur la paix et la sécurité en Afrique qui se tiendra au mois de décembre prochain à Paris. Une initiative que plusieurs hommes politiques du continent ne voient pas d’un bon œil.


«A la fin de l’année, j’inviterai l’ensemble des chefs d’État africains à Paris pour une réunion qui sera consacrée à la paix et à la sécurité et donc, d’une certaine façon aussi, à la lutte contre le terrorisme»,

a déclaré, le 31 mai dernier, François Hollande lors de son entretien avec les journalistes de France24, TV5 Monde et RFI. Une annonce mal reçue et diversement appréciée par les intéressés qui l’ont plutôt perçue comme une convocation de la part du président français. Une convocation aussi ambigüe que peu rationnelle dans la mesure où, le président français affirmait, lui-même lors de cet entretien que «c’est aux Africains d’assurer eux-mêmes leur propre sécurité». Alors comment comprendre qu’il en fasse désormais une affaire personnelle? Des propos qui échappent aux chefs d’État concernés.


En effet, l’initiative de François Hollande est récusée dans sa forme bien que d’une part certains chefs d’État africains, à l’instar du président béninois Thomas Yayi Boni, félicitent le président français pour son engagement dans la libération du Mali et sa prise d’initiatives pour le continent :

«Dieu seul sait où nous en serions aujourd’hui. Aucun regret ! (sur l’action de la France). J’ai été le premier à dire que j’étais aux anges»,

a même déclaré dans un entretien à l’AFP Boni Yayi lors d’un passage au Japon où il a participé à la 5e Conférence Japon-Afrique.


Ainsi, pour l’ex-président de l’Union africaine (UA), l’initiative de son homologue français est des plus sages et la mieux adaptée pour lutter contre le terrorisme et tout autre acte de violence sur le continent. Des propos qui rejoignent dans une certaine mesure ceux d’Alpha Condé, président guinéen qui, en rapport avec le conflit malien, confiait, il y a moins de quinze jours au micro de RFI :

«Nous sommes très reconnaissant au président Hollande. Mais je pense que nous avons tous été humiliés que l’Afrique n’ait pas pu résoudre le problème elle-même».

Comme quoi certains chefs d’État avouent volontiers la faiblesse du continent face au phénomène de l’insécurité dont l’ensemble des pays sont victimes.

Pourquoi donc ce dos rond ? Selon de nombreux analystes, l’initiative de François Hollande est perçue comme une sorte de «paternalisme» dont les chefs d’État réunis à Addis-Abeba à l’occasion du sommet de l’UA, le 27 mai dernier, se passeraient bien. Pour la plupart, il s’agit-là d’un vice de forme : d’une décision qu’ils estiment unilatérale et contre la souveraineté du continent. D’aucuns y percevront une forme de déni des efforts du continent en matière de paix et de sécurité. Alors, iront-ils? N’iront-ils pas à ce rendez-vous ? La suite le dira.




Commentaires

  1. Ils sont tous obligés de partir parce qu'ils sont tous des sujets de la France. Quand la France éternue, ils(les présidents africains) rient et applaudissent sinon on les cassera la gueule.

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