Mandela, un symbole de la lutte mais pas un représentant des exploités
aujourd'hui Mandela est mort, reprise d'un article du mois de juillet
(Nelson Mandela est entre la vie et la mort.) Les hommages affluent du monde entier, des pauvres, des puissants, des Noirs, des Blancs. Mais le consensus n’est que de façade. À travers Mandela, les Noirs d’Afrique du Sud et les opprimés du monde entier veulent saluer le combat d’un peuple contre la ségrégation raciale et pour la liberté et l’égalité.
(Nelson Mandela est entre la vie et la mort.) Les hommages affluent du monde entier, des pauvres, des puissants, des Noirs, des Blancs. Mais le consensus n’est que de façade. À travers Mandela, les Noirs d’Afrique du Sud et les opprimés du monde entier veulent saluer le combat d’un peuple contre la ségrégation raciale et pour la liberté et l’égalité.
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Les mineurs de Marikan |
Les
dirigeants impérialistes saluent, eux, la politique de Mandela qui a
consisté à limiter et à arrêter ce combat. Ils voient en Mandela,
l’homme de la « réconciliation » et de la « paix ». Mais la
paix dont il s’agit est la paix sociale de la bourgeoisie et de
l’impérialisme qui fait qu’au sommet de la société, on
continue de s’enrichir quand, à la base, on s’appauvrit toujours
et encore !
Le
simple fait qu’Obama, le dirigeant de la première puissance
impérialiste, puisse se reconnaître dans Mandela montre que ce
dernier n’était pas un représentant des exploités.
Le
combat contre l’apartheid fut le combat de tout un peuple, levé
contre un régime infâme qui avait érigé la matraque, la torture
et la prison en méthode de gouvernement. Cette lutte a signifié
autant de souffrances et de déchirements que de courage et de
fierté.
À
travers Mandela, c’est donc au peuple sud- africain, aux opprimés
révoltés, à ceux de Sharpeville, de Soweto, aux mineurs, aux
ouvriers massacrés, que les opprimés du monde entier peuvent rendre
hommage.
Mais
le combat contre l’apartheid est inachevé, justement du fait de la
politique de Mandela et de son parti, l’ANC. À la fin des années
1980, les dirigeants blancs à la tête du régime sud-africain,
confrontés aux révoltes et aux grèves incessantes, durent se
résoudre à mettre fin au système d’oppression raciale. Ils
choisirent de s’allier à Mandela et à l’ANC qui avaient du
crédit auprès des masses noires pour négocier une sortie de
l’apartheid en douceur.
Il
s’agissait de mettre fin aux lois consacrant l’oppression
raciale, sans pour autant toucher à la mainmise des propriétaires
blancs sur l’économie, sans remettre en cause les profits des
multinationales, sans remettre en cause les intérêts des
impérialistes, en particulier dans les mines.
Mandela
était l’homme de la situation. Son long emprisonnement par le
régime de l’apartheid avait fait de lui le symbole du combat
contre l’oppression raciale. Mais il n’avait rien contre la
propriété privée des terres et des mines, rien contre
l’exploitation, rien contre le capitalisme, rien contre l’existence
d’une élite… à condition que certains Noirs puissent s’y
faire une place.
Les
prolétaires et les pauvres qui attendaient de la fin de l’apartheid
une redistribution des terres et l’accès à un emploi, à des
logements décents, à la santé, à l’eau courante et à des
écoles de qualité, furent priés d’attendre au nom de la «
réconciliation nationale ».
Ce
sont ces choix-là que saluent aujourd’hui tous les hommes d’État
qui se précipitent à son chevet. De
Klerk, le dernier président blanc de l’apartheid, doit en effet à
Mandela un fier service !
La
fin de l’apartheid changea la vie de la classe privilégiée noire.
Elle put, enfin !, accéder aux affaires et surtout à la mangeoire
de l’appareil d’État et de la corruption. Une minorité noire
est ainsi devenue riche et même très riche, à l’instar de ceux
surnommés les « diamants noirs ». Certains habitent dans les
quartiers luxueux de la bourgeoisie blanche, protégés par des murs
surmontés de grillages électrifiés et par des milices privées
armées jusqu’aux dents.
Mais
la fin de l’apartheid ne changea pas la vie des masses pauvres. Les
ghettos noirs n’ont pas disparu car la grande masse des Noirs reste
misérable, confrontés à des conditions de travail, de vie et de
logement indignes.
Les
inégalités, l’exploitation sont tout aussi féroces qu’elles
l’étaient sous l’apartheid comme l’a montré la grève des
mineurs de Marikana, l’été dernier. Et les ouvriers comme les
Noirs pauvres sont aujourd’hui matraqués, emprisonnés ou
assassinés …par des policiers noirs !
Les
lois raciales ont disparu, mais l’apartheid racial existe toujours
de fait parce que les Noirs sont restés les exploités et les
pauvres, parce que
l’exploitation et la division de la société en classes sont tout
aussi efficaces pour diviser la population.
L’hommage
populaire rendu à Mandela par les Noirs sud-africains atteste de
leur soif de liberté et de leur aspiration à une vie meilleure.
Mais celle-ci ne sera conquise, là-bas comme ici, que dans un combat
contre l’ordre social capitaliste de sorte qu’il n’y ait plus
de privilèges ni de privilégiés, qu’ils soient noirs ou blancs.
Bien vu !
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