Les États-Unis derrière la mobilisation hongkongaise



Analyse des origines du mouvement

Selon plusieurs sites d’information, le National Endowment for Democracy (NED), financé par le Département d’État américain, et sa filiale hongkongaise, le National Democratic Institute (NID), jouent un rôle central dans la mobilisation étudiante à Hong Kong. NED créé en 1983 s’est « engagé dans le renforcement et le progrès des institutions démocratiques dans le monde entier », d’après son site net.

La fondation est présente dans 90 pays à travers diverses filiales dont la National Democratic Institute (Institut National Démocratique), groupe de réflexion affilié au Parti démocrate américain (parti de Barack Obama). Ce think-tank travaille « à établir et à renforcer les organisations politiques et civiques, à la sauvegarde des élections, et à la promotion de la participation des citoyens dans la cité », et la NID appelle à plus de transparence et de responsabilisation au sein du gouvernement.


La révolte soutenue par Washington

Benny Tai, un des chefs de file du mouvement « Occupy Central », également appelé la « Révolution des parapluies » (nom donné à la manifestation par le South China Morning Post), prône depuis 2013 la désobéissance civile. Ce professeur de droit à l’Université de Hong Kong avait lancé le 27 mars 2013 « Occupy Central With Love and Peace » (Occupé le centre avec amour et paix), une campagne de désobéissance civile destinée à faire pression sur le gouvernement local pour la mise en place d’un suffrage universel.


Cette année, ce dernier co-organise le mouvement avec Audrey Eu Yuet-mee, présidente du Parti civique et unique, qui est également la représentante du camp pro-démocratique pour les élections en 2017, d’après Chine-Information. Ces deux personnages ont comme point commun leur nombreuses participations à des colloques et forums organisés et financés par le NED et sa filiale NDI. Cette filiale est, selon Chine-Information, soutenue financièrement par des entreprises américaines comme Boeing, VISA, Ford, McDonald’s, Hilton Hotels & Resorts mais aussi Citigroup qui ont d’importants intérêts financiers à Hong Kong.


D’autres personnalités hongkongaises sont mises en avant, pour être les organisateurs du mouvement actuel « Occupy Central », comme Martin Lee Chu-ming, président fondateur du Parti démocrate, qui a été reçu le 7 avril 2014 par Joe Biden, vice-président des États-Unis ; Jimmy Lai, président du groupe de média Next Media, qui est soumis à une enquête pour corruption par la Commission indépendante contre la corruption de Hong Kong, pour des donations au parti pro-démocrate.

Et également, le South China Morning Post, journal connu pour ses liens avec Pékin, est devenu ces derniers jours l’acteur principal du mouvement, en relatant en temps réel les événements. Toutes ces personnalités, sans compter Joseph Zen (cardinal), sont en relation étroite avec les hauts responsables américains.



La vitrine médiatique

Face à l’ampleur du mouvement, les incitateurs de ce mouvement ont tenu à mettre en avant un jeune leader, âgé de 17 ans, Joshua Wong. Devenu porte-parole du mouvement, le jeune homme est la coqueluche des médias occidentaux, pour son engagement dans la mobilisation et contre Pékin, mais aussi pour ses prises de parole retentissantes. Selon Chine-Information, depuis 2012, Joshua Wong est le poulain de la NDI. Dans un article publié sur le site de l’organisation, ce dernier apparaît comme « une icône du mouvement », dont les « interactions habiles avec les médias ont été immortalisées et diffusées sur Youtube ». Une vraie stratégie de communication est utilisée depuis pour mobiliser les étudiants et ainsi lancer un appel à la communauté internationale.

En effet, Joshua Wong a lancé le mardi 7 octobre une pétition agrémentée d’une vidéo dans laquelle il appelle à la mobilisation internationale. Cet appel est lancé alors que la « révolution des parapluies » perd en intensité. Raison pour laquelle ce dernier se tourne vers le public et les médias internationaux pour faire perdurer la mobilisation.

A travers son message, le jeune homme insiste sur le caractère pacifique des manifestants et rappelle qu’ils souhaitent l’instauration du suffrage universel à Hong Kong. Le côté pacifique de la mobilisation est une référence non masquée à la manifestation des étudiants en 1989 à Tian an’men, où a eut lieu une intervention militaire sanglante. Voulant faire le lien avec la mobilisation pro-démocratique de Pékin, des rumeurs ont commencé à circuler dans le mouvement hongkongais affirmant que l’armée chinoise arrivait à Hong Kong pour déloger les manifestants.


Face à cette situation tendue, la Chine continentale n’a pas tenu à interférer directement dans cette affaire, laissant le gouvernement local gérer la situation et préférant réagir de loin aux prises de position des Occidentaux, dont le chef de la diplomatie américaine, John Kerry. Ce dernier avait appelé, le 1er octobre, à la “retenue” de la Chine et au « respect du droit des manifestants à exprimer leur opinion de manière pacifique ».

Ce dernier a affirmé le “soutien” des États-Unis au « suffrage universel à Hong Kong ». Un soutien rapidement dénoncé par Pékin qui a assuré que « le gouvernement chinois a très fermement et très clairement fait connaître sa position : les affaires de Hong Kong sont les affaires intérieures de la Chine », a indiqué son homologue chinois, Wang Yi.


Mettre à mal Pékin

Pour le Comité Valmy (site d’information engagé d’extrême gauche), « ce mouvement a tout à voir avec le dévoiement de la démocratie dans le but de saper le contrôle de Pékin sur Hong Kong et d’ouvrir la porte à des candidats clairement inféodés à des intérêts étrangers, non à ceux de la Chine ou même à des Hongkongais ».

De son côté, Alexander Issaïev, directeur adjoint du Centre d’études des relations sino-russes à l’Institut de l’Extrême-Orient, « la protestation n’est pas tant dirigée contre l’administration de Hong Kong, mais plutôt contre le gouvernement central chinois. Les manifestations de Hong Kong devaient, visiblement, inciter à des protestations similaires dans les villes chinoises où s’accumulent des problèmes sociaux liés à la hausse des prix et au manque d’emplois ». En effet, de nombreux Chinois se sont rendus à Hong Kong, lors des congés de la fête nationale, le 1er octobre pour observer la méthode de contestation : pacifisme, occupation et utilisation des réseaux sociaux et médias.

Certains observateurs mettent en avant la fragilité économique de la Chine continentale, qui compte beaucoup sur son centre financier hongkongais, qui lui permet de « tirer parti de ses atouts économiques », a expliqué à La Tribune, Jean-François Dufour, directeur de DCA Chine-Analyse.

Cette « révolution des parapluies » intervient au moment où les tensions sont vives depuis quelques années. Par exemple, les récents mouvements de protestation de salariés dans les secteurs de la sidérurgie, de l’automobile et de l’extraction de charbon, qui dénoncent le non-paiement des salaires. Face à cela, la mobilisation hongkongaise pourrait mettre le feu aux poudres. D’autant plus que le parti unique base, son « harmonie sociale » sur le développement économique, est désormais fragilisé par la crise.

Ainsi, une réaction aussi vive que celle de 1989 pourrait freiner considérablement l’avancée économique de la Chine, qui reste la seconde puissance mondiale, derrière les États-Unis. Il est certain qu’un grain de sable dans la machine chinoise permettrait aux Américains de revenir au-devant de la scène diplomatique, politique et économique, ce qui lui donnerait l’occasion de replacer ses pions en Amérique latine, en Afrique mais aussi au Proche et Moyen-Orient, où Pékin jouit d’une bonne image.

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