L’URSS continue de jouer son rôle dans la vie politique d’aujourd’hui

 Le journal la « Pravda » a publié un article du vice-président du Comité central du Parti communiste, Dmitri Novikov, dédié au 25e anniversaire du référendum sur la préservation de l’URSS. (Le 17 mars 1991, la majorité a voté pour l’Union des Républiques socialistes soviétiques.)Le parti communiste est le plus grand parti d'opposition.. (1)



L’URSS a disparu depuis un quart de siècle. Mais sa disparition continue d’être ressentie douloureusement par les anciens citoyens soviétiques. De plus, ce sentiment est transmis à leurs descendants, ceux qui n’ont pas pu connaître l’époque soviétique. Comment expliquer ce phénomène ? Eh bien parce qu’aujourd’hui la question de l’URSS n’est plus simplement affaire de nostalgie. Elle ouvre directement sur le débat et les exigences du moment politique actuel.

Bien sûr, les antisoviétiques proclament régulièrement qu’ils sont contre la renaissance de l’Union soviétique, sous quelque forme que ce soit ! Mais le fait est que les intérêts du pays sont pour eux le cadet de leurs soucis. Les Koch, Kassianov, Khodorkovski, Bozhena Rynska et tutti quanti peuvent-ils être sérieusement considérés comme nos compatriotes ? Leur relation avec la Russie est à peine plus que virtuelle. Et généralement ils ne le cachent pas, et ils choisissent sans états d’âme de « se tirer » en l’Occident.

Mais parmi ceux qui n’ont nulle intention de «se tirer» et qui lient leur destin avec celui de leur pays, le nombre de partisans de l’Union ne diminue pas. Et même, dans un certain nombre d’anciennes républiques soviétiques ils sont encore plus nombreux qu’en Russie. Et cela dans le contexte d’un flux de propagande puissante déversé par la télévision, les journaux, les écrans d’ordinateur et les tablettes.


La propagande ne cesse de nous seriner que les gens ne veulent pas revenir au « sombre passé totalitaire. » Mais qui sont ces gens qui ne le veulent pas ? Ceux qui sont bouche bée devant l’Occident et mangent dans sa main ? Ceux qui se sont fabuleusement enrichis avec la privatisation du bien national? Ceux qui continuent de presser le pays comme un citron ? Bien sûr qu’ils ne veulent pas. Et c’est compréhensible. Mais s’agit-il là du désir des peuples de la Russie?

Le 17 mars 1991, la majorité a voté pour l’Union des Républiques socialistes soviétiques. Ce fut le choix de plus des trois quarts des électeurs. L’état d’esprit qui dominait dans la société soviétique était parfaitement clair. Les gens pour la plupart étaient conscients des avantages du système socialiste et se prononçaient pour sa préservation. Ils ne pouvaient imaginer dans leur pire cauchemar que le capitalisme criminel-oligarchique le plus débridé allait bientôt advenir. Oui, les citoyens voulaient du changement. Mais pas le rejet du socialisme, seulement son perfectionnement.

Six républiques soviétiques – la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie, la Moldavie, la Géorgie et l’Arménie – ont dénié à leurs citoyens le droit de participer au référendum. Ceux qui clamaient haut et fort leur exigence de démocratie ont privé très «démocratiquement» les gens de la possibilité de s’exprimer. Seulement l’absence de vote ne signifie nullement que ces républiques étaient comme un seul homme pour se retirer de l’Union. En fait, leurs dirigeants, qui venaient d’accéder au pouvoir, auraient eu la possibilité d’organiser un vote, d’obtenir le résultat escompté et de l’utiliser dans leurs jeux politiques. Mais ils n’ont pas voulu du référendum. Et donc, il y a tout lieu de croire que la raison pour cela est la crainte de son résultat possible. Et en effet, si les résultats avaient montré que ce n’était pas le peuple de la république, mais un gang de canailles qui désiraient la séparation?

En refusant de tenir un référendum, la direction nationaliste bourgeoise des six républiques a directement violé la Constitution et les autres lois de l’Union soviétique. En fait, il s’agissait là d’une pratique de l’arbitraire et d’un acte de trahison d’Etat. Le Président de l’URSS était dans l’obligation d’arrêter tous les agents de l’Etat qui n’avaient pas rempli les exigences des autorités centrales. Seulement Gorbatchev lui-même, comme il l’a admis plus tard, avait déjà dans la tête un plan pour remplacer l’URSS par une autre structure. Par conséquent il laissait faire, il se défaussait de manière criminelle de l’exercice de ses obligations. Pour cela, il méritait d’être sanctionné en pleine conformité avec la loi.

Pourtant, le référendum sur le maintien de l’Union a eu lieu. Ses résultats ont été plus que convaincants. Cela, cependant, n’a pas empêché les pseudo-démocrates de piétiner la volonté du peuple et de signer l’accord de Bélovej. Et même Yeltsine, en participant en 1991, au processus de Novo-Ogariov, ne pensait pas à la façon de mettre en œuvre la volonté des participants au référendum, mais à la façon de la détourner.

Les membres du Comité d’urgence non plus ne se sont pas appuyés sur le soutien des masses populaires. Trompés par Gorbatchev et découragés,ils n’ont pas osé recourir à la force. Ainsi, hélas, ils n’ont pas simplement laissé passer leur chance sur le plan politique. Ils ont renoncé à défendre la perspective historique pour trois cents millions de citoyens soviétiques de vivre dans un pays uni, prospère et puissant.

Parfois, nous entendons la question: pourquoi le peuple lui-même ne s’est-il pas opposé à l’effondrement de l’Union soviétique? Et ici, il mérite un arrêt. Cette interrogation est devenue un lieu commun, mais tout le monde n’a pas perdu la mémoire. Oui, la suite de trahisons de Gorbatchev – du Karabakh à Vilnius –a démoralisé les gens. Ce n’est pas pour rien que Lénine rappelait que  « sans organisation, la classe ouvrière n’est rien. »A cette période, le PCUS avait perdu son rôle organisationnel. A l’intérieur du parti se déroulaient des processus qui permettaient d’escompter son rétablissement. Mais c’est justement pourquoi les activités du Parti communiste ont été suspendues le 29 août 1991,puis interdites le 6 Novembre par un décret illégal de Yeltsine. Le pays a été privé d’une force politique majeure, potentiellement capable de diriger la protestation.

Et pourtant, en dépit de tout, la résistance aux démolisseurs se renforçait de plus en plus avec chaque mois qui passait. La première démonstration de la colère rouge a eu lieu cette même année 1991, le 7 Novembre. Et le premier anniversaire du référendum – le 17 mars 1992 – a été marqué dans le centre de Moscou par un immense rassemblement national. Une marée humaine a rempli complètement la place du Manège! Et ce fut une protestation des citoyens d’URSS contre la destruction illégale de leur pays, contre la restauration du capitalisme.

Le pouvoir usurpé de Yeltsin et ses sbires répondit par la terreur. Contrairement au Comité d’urgence, il n’a pas hésité à recourir à la force. Les actions de masse de l’opposition de gauche patriotique ont été violemment dispersées. Il en fut ainsi le 23 février et 22 Juin 1992. Et aussi le 1 mai 1993. La répression de l’indignation populaire a culminé avec le coup d’état antisoviétique de septembre-octobre 1993. La protestation des patriotes de l’Union soviétique a été écrasée avec des chars. Et donc, dire qu’ « il n’y a pas eu de protestation »est plutôt offensant pour les morts et les blessés lors de ces événements tragiques.

Depuis un quart de siècle, l’attitude des gens envers l’Union soviétique a changé. De nombreux sondages sociologues confirment que la majorité des citoyens regrette la destruction de l’Union soviétique, ils la considèrent comme une grande tragédie. Un récent sondage de VSiOM le montre : 81% des personnes interrogées n’étaient pas en mesure de dire quoi que ce soit de positif sur les activités de Gorbatchev. Et 24% le considèrent comme un criminel. Et le principal grief consiste précisément dans le fait qu’il a «détruit l’URSS. » Cela a été mentionné par 36% des gens. Toutes les autres récriminations sont moins importantes. Même le fait que Gorbatchev « a conduit le pays à son déclin », n’est  indiqué que par 10% des répondants. Ainsi, la perte de notre grande patrie soviétique est plus grave pour nos concitoyens que la baisse drastique du niveau de vie dans leur pays.

Aujourd’hui, de nombreux citoyens instruits par l’expérience ont une vision plus claire des choses. Ils comprennent que la Russie ne trouvera pas sa place dans ce monde sans un Etat fort et une économie très développée. Ils comprennent que nos « partenaires occidentaux » sont des requins, prêts à nous déchirer en lambeaux. Ils comprennent qu’il n’y a pas de justice, pas d’égalité dans le capitalisme. Ils ont éprouvé sur eux-mêmes que les fameux droits de l’homme sont appliqués en proportion directe de l’épaisseur de votre bourse.

Que valent les proclamations libérales sur l’Etat de droit, quand un oligarque peut non seulement embaucher sans peine une bande de voyous, mais aussi, acheter sans aucun problème un fonctionnaire du gouvernement, ou même un juge? Que peut lui opposer un homme qui vit de son travail? 25 ans de capitalisme nous ont donné tous les plus brillants exemples de l’injustice dans une société de classe.

Qu’est-ce qui a empêché la préservation de l’Union soviétique, son renouvellement selon les principes du socialisme? Les causes internes et externes sont nombreuses. Ici, nous n’en mettrons en évidence qu’une seule, mais qui a joué un rôle important. Dans les organes dirigeants du parti se sont retrouvées un grand nombre de personnes hostiles aux idées communistes. Prenez par exemple la destruction délibérée du travail idéologique par l’équipe de Yakovlev. C’est cette trahison venue d’en haut, à partir de Gorbatchev,qui a empêché à un parti strictement centralisé d’organiser et de battre la revanche bourgeoise.

Le renoncement aux principes du socialisme fut la principale cause de la destruction de l’URSS. L’antisoviétisme s’est activé dès les premières années de la perestroïka. Au début, il avançait masqué, sous couvert de condamnation de la répression stalinienne. Sur le plan idéologique, il fut le principal instrument de démembrement de notre grand pays.

Et donc, un quart de siècle plus tard, en regardant les tentatives de mener une politique patriotique dans la société capitaliste, il est bien visible: après l’effondrement de la Russie tsariste,il n’y a pas eu et il n’y aura pas d’autre voie de l’indépendance nationale, hors de la voie socialiste. Nos «partenaires» étrangers ont de trop nombreuses raisons de souhaiter la destruction du pays au territoire le plus grand au monde, avec ses richesses minérales. Un pays dont la population est multinationale. Et unir ces dizaines de millions de personnes sur la base du nationalisme bourgeois est impossible. Sa logique sera toujours une menace pour l’effondrement de la Fédération de Russie, comme cela a contribué à la destruction de l’URSS.

Car c’est bien le nationalisme bourgeois dont se sont armés les groupements qui ont pris le pouvoir dans la plupart des républiques de l’Union. C’est par de sanglantes querelles inter-ethniques qu’a commencé la démolition de notre maison commune. Aujourd’hui, les peuples de l’URSS sont divisés en fiefs nationaux. Nous avons été volés, humiliés et dressés les uns contre les autres. Ce ne sont pas des « vatnik » [vestes matelassées, terme injurieux désignant les prosoviétiques] et des « oukrop » [fenouil, désigne les nationalistes ukrainiens] qui se font la guerre au Donbass. Ce sont des anciens citoyens soviétiques et leurs enfants. Sous les applaudissements par-delà l’océan, ils se tuent les uns les autres avec l’aide du matériel créé par armuriers soviétiques. Nous payons un prix terrible pour avoir échoué à protéger la volonté du peuple exprimée en mars 1991.

Pourtant, le référendum du 17 mars n’est pas devenu seulement une date historique. Sa signification politique ne s’est pas épuisée au jour d’aujourd’hui. Personne ne peut légitimement réfuter les résultats du référendum. Le sort de la Transnistrie, de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, de Crimée et de Sébastopol est directement lié à la mise en œuvre de la position que les gens ont exprimé il y a un quart de siècle. Ainsi, la volonté des peuples de l’Union soviétique est un facteur important de la politique réelle. Et à un moment donné, son effet peut devenir encore plus puissant.

Des millions de personnes rêvent de la re-création de l’Union. Et, bien sûr, elle ne peut être que socialiste. Après tout, l’histoire de notre pays l’a déjà prouvé: seule une société fondée sur les principes de la justice sociale, du travail libre, du patriotisme soviétique, de l’internationalisme prolétarien et de la solidarité est capable de résister à l’assaut de l’impérialisme.

Ainsi, la mémoire sacrée de l’époque de l’Union soviétique devient de plus en plus un  «souvenir du futur», une référence vers laquelle nous – le peuple de la Russie –nous sommes engagés. Certains le font de manière implicite, d’autres – consciemment. Et les idées qui s’emparent de l’esprit de millions de gens ont tendance à se traduire dans la réalité.


(1) On ne parle guère de la vraie opposition qui a des parlementaires et une forte base électorale. Le plus grand parti d'opposition à Poutine reste le parti communiste De plus, ce parti communiste se veut patriote ce qui est fort mal vu en Occident. En 2011, le parti de Poutine, Russie Unie, a obtenu 238 sièges avec plus de 32 millions de voix. Le parti communiste de Ziouganov obtint 19% des suffrages soit 12,5 millions de voix et 92 sièges. Russie Juste, que l'on considère comme socialiste modéré obtint 64 sièges et plus de 8 millions de voix. Le parti libéral démocrate de Jirinovski, ultra nationaliste, a eu 11,6% et 7,6 millions de voix donc 64 sièges. Yabloko, le parti libéral adoré en Occident a eu moins de 4% des voix donc aucun député à la Douma d'Etat (Assemblée Nationale).


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