Le vélo en bois, j'aime...
Plus
confortable qu'un vélo classique, car le bois absorbe mieux les
chocs que l'aluminium, le Vélibois est «particulièrement maniable,
parce qu'il dispose d'un cadre en bois creux, donc plus léger»,
notent ses concepteurs...
Le
Vélibois, le premier vélo urbain en bois à assistance électrique
dont la conception a demandé plus de quatre ans de travail, est en
phase de finalisation à Epinal, où cette innovation technologique
doit devenir une bicyclette de libre-service dans les prochains mois.
«C'est
un vélo d'usage urbain, qui peut être utilisé par tout le monde.
Son comportement est aussi dynamique que n'importe quel vélo
classique», s'enthousiasme l'un des initiateurs du projet, Emmanuel
Antonot, le PDG de Moustache bikes, un constructeur de vélos
installé dans les Vosges. Réputé plus confortable qu'un vélo
classique, car le bois absorbe mieux les chocs que l'aluminium, le
Vélibois est «particulièrement maniable, parce qu'il dispose d'un
cadre en bois creux, donc plus léger», notent ses concepteurs.
Un
«vélo étonnant» et «très confortable»
A
l'origine du projet, la ville d'Epinal avait sollicité en 2009 le
Centre régional d’innovation et de transferts technologiques des
industries du bois (CRITT), un centre d'ingénierie et d'expertise,
réputé pour ses innovations technologiques et intégré au Pôle de
compétitivité fibres. «Le cahier des charges, c'était de
construire un vélo industrialisable à des coûts raisonnables,
alors que tout ce qui existait jusqu'alors n'était que des
prototypes», résume Philippe Thiriet, l'un des porteurs du projet
au CRITT.
Quatre
ans plus tard, le premier prototype du Vélibois est né de cette
coopération entre chercheurs et industriels. Sa commercialisation
est prévue d'ici un à deux ans. Les premiers à le tester sont les
étudiants de l'école nationale supérieure des technologies et
industries du bois, sur le site du CRITT. Selon Cédric, l'un des
heureux cobayes, c'est un «vélo étonnant, très confortable avec
ses pneus larges».
«Après
une certaine appréhension, on ne sent aucune différence avec un
vélo classique. L'assistance électrique se déclenche au premier
coup de pédale. Et on a le plaisir de rouler avec un objet unique»,
s'amuse-t-il. Après un premier exemplaire avec un cadre en frêne
sorti en mai dernier, une version en érable traité est désormais à
l'étude. «L'avantage de ce vélo, c'est qu'il permet une filière
courte, locale, avec des ressources naturelles et renouvelables»,
observe Philippe Thiriet.
La
filière bois, l'un des principaux moteurs économiques de la région
Dans
cette région autrefois industrielle largement touchée par la crise,
la filière bois est désormais l'un des principaux moteurs
économiques, alors que les Vosges sont un important département
forestier français. «Jusqu'alors, pour les vélos électriques
classiques, le cadre en aluminium était importé de Taïwan»,
rappelle le spécialiste, qui a toutefois dû affronter de sérieuses
difficultés techniques pour mener à bien le projet.
Le
Vélibois, dont la première innovation est d'avoir un cadre ouvert
(typique d'un vélo pour femme), a notamment posé des problèmes
quant au collage entre le bois et les éléments en métal, ainsi que
sa capacité à supporter les phénomènes de torsion. «On ne
maîtrisait pas les aspects liés à la fatigue du bois. Il a fallu
des logiciels complexes de modélisation en 3D, beaucoup d'études,
on a regardé comment étaient construits les avions en bois pour
résoudre certains problèmes», énumère Philippe Thiriet.
L'accent
a été porté sur le design, avec une assistance électrique
discrètement placée sous le porte-bagage et une selle -en
caoutchouc- couleur bois. «Il pèse une vingtaine de kilos et
coûtera environ 2.500 euros prix public, comme un vélo électrique»,
assure le PDG de Moustache bikes, Emmanuel Antonot.
Le
Vélibois ambitionne à terme de conquérir des marchés de vélos en
location libre-service dans d'autres villes. «C'est un produit de
haute technologie, fabriqué en France, qui peut être le vélo du
futur: ce qu'on espère, c'est pouvoir créer de l'emploi local»,
veut croire Emmanuel Antonot.
Commentaires
Enregistrer un commentaire