2030 : le monde "va à volo"
A vrai dire le rapport de la CIA n'est pas un scoop et il n'est nul besoin de faire partie de la CIA pour deviner le sens des événements j'oserai même dire que la montagne accouche d'une souris. . Mais
C'est l'humain qui est en danger, l'humain de moins en moins considéré comme une personne mais comme un outil à exploiter, à perfectionner s'il le faut quitte à lui implanter quelques puces pour en faire un "transhumain". L'humain que l'on peut détruire quand il devient trop encombrant ou inutile, les droits de l'homme n'étant que le droit de posséder. Même la pensée et les mots aujourd'hui sont des objets à vendre, des objets brevetés... L'humanité telle que la connaissons est menacée et par forcément pour plus d'humanité et de respect de la vie.
Ils font le monde sans les peuples, est-il encore temps de réagir ? les peuples se sentent-ils concernés ? On réduit au silence ceux qui le sont, peu à peu on efface leur mémoire et leur histoire au profit d'une pensée unique, technocratique et neurobiologique.
L'âme de l'humanité s'étiole et disparaît dans un monde de technologie qui éloigne de plus en plus l'homme de la terre et lui fait oublier qu'il n'est "qu'une poussière d'étoile", une pensée cosmique dans celle de l'univers.
Ils font le monde sans les peuples, est-il encore temps de réagir ? les peuples se sentent-ils concernés ? On réduit au silence ceux qui le sont, peu à peu on efface leur mémoire et leur histoire au profit d'une pensée unique, technocratique et neurobiologique.
L'âme de l'humanité s'étiole et disparaît dans un monde de technologie qui éloigne de plus en plus l'homme de la terre et lui fait oublier qu'il n'est "qu'une poussière d'étoile", une pensée cosmique dans celle de l'univers.
Maryvonne Leray
Le monde en 2030
Avec Le Monde diplomatique en español
Avec Le Monde diplomatique en español
Tous
les quatre ans, au début de chaque nouveau mandat présidentiel aux
Etats-Unis, le National Intelligence Council (NIC), bureau d’analyse
et d’anticipation géopolitique et économique de la Central
Intelligence Agency (CIA), publie un rapport qui devient
automatiquement une référence majeure pour toutes les chancelleries
du monde. Bien qu’il s’agisse, évidemment, d’une vision très
partielle (celle de Washington), élaborée par une agence (la CIA)
dont la mission principale est de défendre les intérêts des
Etats-Unis, le rapport stratégique du NIC présente un intérêt
indiscutable : il résulte d’une mise en commun - révisée par
toutes les agences d’intelligence américaines – d’études
élaborées par des experts indépendants de plusieurs universités
et de nombreux pays (Europe, Chine, Inde, Afrique, Amérique Latine,
monde arabo-musulman, etc.).
Le
document confidentiel que le président Barack Obama a trouvé sur
son bureau de la Maison Blanche le 21 janvier dernier lorsqu’il a
entamé son second mandat vient de paraître sous le titre Global
Trends 2030. Alternative Worlds (Tendances mondiales 2030 : nouveaux
mondes possibles) [1]. Que nous dit-il ?
Le
constat principal est : le déclin de l’Occident. Pour la première
fois depuis le XVe siècle, les pays occidentaux perdent du pouvoir
face à la montée des nouvelles puissances émergentes. Commence la
phase finale d’un cycle de cinq siècles de domination occidentale
du monde. Même si les Etats-Unis demeureront l’une des principales
puissances planétaires, ils perdront leur hégémonie économique en
faveur de la Chine. Y ils n’exerceront plus leur « hégémonie
militaire solitaire » comme ils le font depuis la fin de la guerre
froide (en 1989). Nous allons vers un monde multipolaire dans lequel
les nouveaux acteurs (la Chine, l’Inde, le Brésil, la Russie,
l’Afrique du Sud) ont vocation à constituer de solides pôles
régionaux et à disputer la suprématie internationale à Washington
et à ses alliés historiques (Royaume Uni, France, Allemagne,
Japon). Pour avoir une idée de l’importance et de la rapidité du
déclassement occidental qui s’annonce, il suffit de souligner ces
chiffres : la part des pays occidentaux dans l’économie mondiale
passera de 56% aujourd’hui à 25% en 2030... En moins de vingt ans,
l’Occident perdra plus de la moitié de sa prépondérance
économique... L’une des principales conséquences de cela c’est
que les Etats-Unis et leurs alliés n’auront probablement plus les
moyens financiers d’assumer le rôle de gendarmes du monde... De
sorte que ce changement structurel (aggravé par la profonde crise
économique actuelle) pourrait réussir là où l’Union soviétique
et Al Qaeda ont échoué : à savoir, l’affaiblissement durable de
l’Occident.
Selon
ce rapport de la CIA, la crise en Europe durera au moins une
décennie, soit jusqu’en 2023... Et, toujours selon cette étude,
il n’est pas certain que l’Union européenne réussira à
maintenir sa cohésion. Entre temps, l’émergence de la Chine se
confirme comme deuxième économie du monde qui deviendra bientôt la
première. Simultanément, les autres pays du groupe BRICS (Brésil,
Russie, Inde et Afrique du Sud) s’installent en deuxième ligne et
entrent en compétition directe avec les anciens empires dominants du
groupe JAFRU (Japon, Allemagne, France, Royaume Uni).
En
troisième ligne apparaissent désormais une série de puissances
intermédiaires avec des démographies à la hausse et de forts taux
de croissance économique, appelées à devenir également des pôles
hégémoniques régionaux et avec tendance à se constituer en groupe
d’influence mondiale, le CINETV (Colombie, Indonésie, Nigéria,
Ethiopie, Turquie, Vietnam).
Mais
d’ici à 2030, dans le Nouveau système international, quelques
unes de plus grandes collectivités du monde ne seront plus des pays
mais de communautés rassemblées et reliées entre elles par
Internet et les réseaux sociaux. Par exemple, « Facebookland » :
plus d’un milliard d’usagers... ou « Twitterland » : plus de
800 millions... Dont l’influence dans le jeux de trônes de la
politique mondiale pourrait être décisif. Les structures de pouvoir
vont se disséminer en raison de l’accès universel à la Toile et
à l’usage des nouveaux outils numériques.
A
cet égard, le rapport de la CIA annonce l’apparition de tensions
entre les citoyens et certains gouvernements ; tensions que plusieurs
sociologues qualifient de « post-politiques » ou «
post-démocratiques »... D’un côté, la généralisation de
l’accès à Internet et l’universalisation de l’usage des
nouvelles technologies vont permettre aux citoyens d’élargir le
champ de leurs libertés et de défier leurs représentants
politiques (comme ce fut le cas lors des « printemps arabes » ou de
la crise des « indignés »). Mais, en même temps, selon les
auteurs du rapport, ces mêmes outils électroniques vont procurer
aux gouvernements « une capacité sans précédent de surveiller
leurs citoyens » [2].
«
La technologie – ajoutent les analystes de Global Trends 2030 –
continuera d’être le grand critère de différentiation des Etats,
mais les futurs empereurs d’Internet, semblables à ceux de Google
ou de Facebook, possèderont des montagnes entières de données et
manipuleront en temps réel beaucoup plus d’informations que les
Etats ». C’est pourquoi la CIA recommande à l’Administration
des Etats-Unis qu’elle se prépare à affronter les grandes
entreprise privées qui contrôlent Internet en activant le Special
Collection Service [3], un service d’intelligence ultra-secret –
qui dépend conjointement de la NSA (National Security Service) et le
SCE (Service Cryptologic Elements) des Forces armées – spécialisé
dans la captation clandestine d’informations d’origine
électro-magnétique. Si un groupe d’entreprises privées venait à
contrôler la masse de données qui circule sur Internet, il pourrait
conditionner le comportement d’une grande partie de la population
mondiale, voire même des entités gouvernementales. La CIA craint
aussi que le terrorisme djihadiste soit remplacé parun
cyberterrorisme encore plus effroyable.
Le
rapport prend d’autant plus au sérieux ce nouveau type de menace
que, en définitive, le déclin des Etats-Unis n’a pas été
provoqué par une agression extérieure mais par une cause interne :
la crise économique survenue en 2008 après la faillite de la banque
Lehman Brothers. Les auteurs estiment que la géopolitique
contemporaine doit prendre en compte des nouveaux phénomènes qui
n’ont pas forcément de caractère militaire. Car, même si les
menaces militaires n’ont pas disparues (cf. les affrontements
armées en Syrie, les menaces concernant l’Iran ou la récente
gesticulation nucléaire de la Corée du Nord), les dangers
principaux que courent aujourd’hui les sociétés sont de type
non-militaire : changement climatique, conflits économiques, crime
organisé, guerres électroniques, nouvelles pandémies, épuisement
des ressources naturelles...
Sur
ce dernier aspect, le rapport signale qu’une des ressources qui
s’épuise le plus rapidement est l’eau douce. En 2030, 60% de la
population mondiale connaîtra des problèmes d’approvisionnement
en eau, ce qui pourrait donner lieu à des « conflits hydriques »...
Concernant les hydrocarbures, en revanche, la CIA se montre beaucoup
plus optimiste que les écologistes. Grâces aux nouvelles techniques
(fort polluantes) de fracturation hydraulique, l’exploitation du
pétrole et du gaz de schiste devrait atteindre des niveaux
exceptionnels. Les Etats-Unis seraient déjà autosuffisants en gaz,
et ils le seront, en 2030, en pétrole. Ce qui fait baisser ses coûts
de production manufacturière et encourage la relocalisation de ses
industries de main d’œuvre. Mais si les Etats-Unis – principaux
importateurs mondiaux d’hydrocarbures – cessent d’importer du
pétrole, les prix du baril s’effondreront. Quelles seraient alors
les conséquences pour les actuels pays exportateurs ?
Dans
le monde de demain, 60% des personnes vivront, pour la première fois
dans l’histoire de l’humanité, dans les villes. D’autre part,
conséquence de la réduction accélérée de la pauvreté, les
classes moyennes deviendront dominantes et le nombre de personnes qui
en feront partie sera multiplié par trois passant de 1 milliard à 3
milliards. C’est une révolution colossale. Qui provoquera, entre
autres conséquences, un changement général des habitudes
culinaires ; notamment une augmentation de la consommation de viande
à l’échelle planétaire. Ce qui va aggraver la crise
environnementale. Parce qu’il faudra augmenter considérablement
l‘élevage (de bovins, d’ovins, de porcs et de volailles). Et
cela supposera une explosion de la consommation d’eau (pour
produire les fourrages), d’énergie et de l’usage de
fertilisants. Avec des dérivations négatives en termes d’effet de
serre et de réchauffement global...
Le
rapport prévoit également que, en 2030, les habitants de la planète
seront 8,4 milliards, mais que l’augmentation démographique
cessera partout à l’exception de l’Afrique. Il y aura donc un
vieillissement général de la population mondiale. En revanche, la
relation entre l’être humain et les « technologies prothétiques
» va accélérer la mise au point de nouvelles générations de
robots et l’apparition de « surhommes » capables de prouesses
physiques et intellectuelles inédites.
Le
futur est rarement prévisible. Il ne faut pas pour autant cesser de
l’imaginer en termes de prospective. Et de nous préparer à agir
face à diverses circonstances possibles dont une seule se produira.
Même si (nous l’avons déjà dit) la CIA possède son propre point
de vue subjectif sur la marche du monde, et que ce point de vue est
conditionné par l’impératif de la défense des intérêts des
Etats-Unis, ce rapport constitue un outil de travail extrêmement
utile. Sa lecture nous aide à prendre conscience des rapides
évolutions en cours et à réfléchir sur la possibilité, pour
chacun d’entre nous, d’intervenir et d’agir pour infléchir le
cours des choses. Afin de contribuer à construire un futur plus
juste.
Mémoire
des luttes
La
manière dont les services de renseignement américains voient la
Terre nourricière en 2030.
Les
auteurs du rapport font un rapprochement entre le monde d'aujourd'hui
et celui de grandes transitions dans l'Histoire : 1815 (fin de
l'empire napoléonien), 1919 et 1945 (lendemains des deux guerres
mondiales), et 1989 (chute du mur de Berlin et fin de l'affrontement
Est-Ouest). A chaque fois, disent-ils, le chemin de l'avenir n'était
pas tout tracé et plusieurs options s'offraient au monde. Il en va
de même pour les années qui s'offrent à nous. Mais parmi les
éléments qui contraindront le futur, il en existe un prépondérant
: la démographie. 2030, c'est une planète de 8,3 milliards
d'habitants (contre 7,1 à la fin de 2012), une planète
vieillissante et de plus en plus urbanisée puisque, comme l'avait
annoncé une étude publiée en septembre dont je m'étais fait
l'écho, environ 5 milliards d'humains vivront alors en ville. Un
chiffre à comparer avec les 750 millions d'urbains que comptait la
Terre en 1950 (sur une population globale de 2,5 milliards
d'habitants).
Soixante
pour cent de la population mondiale dans les villes, cela n'est pas
sans conséquences, notamment pour l'environnement. Le rapport
explique qu'historiquement, l'urbanisation croissante "a
conduit à des réductions drastiques des forêts, des changements
négatifs dans le contenu nutritif et la composition microbienne des
sols, des altérations dans la diversité des plantes et animaux
supérieurs (incluant des extinctions locales) ainsi que des
changements dans la disponibilité et la qualité de l'eau douce.
Dans certaines études, ces impacts ont été détectés à des
distances dépassant parfois les 100 kilomètres du plus proche
centre urbain."
Au
défi démographique s'ajoutent les défis climatique et alimentaire.
Et tous les trois s'entremêlent. Une simple extrapolation des
tendances actuelles en matière de consommation alimentaire donne des
résultats susceptibles de faire tirer quelques signaux d'alarme. En
raison de la croissance de la population et des changements de mode
alimentaire dans les pays émergents, la demande mondiale en
nourriture devrait augmenter de plus de 35 % d'ici à 2030. Or les
rendements agricoles, même s'ils continuent de s'améliorer, ne
suivent pas la même pente et, selon le rapport, nous vivons déjà
sur les réserves : "Au cours de sept des huit dernières
années, le monde a consommé plus de nourriture qu'il n'en a
produit. Une grande étude internationale estime qu'en 2030, les
besoins annuels en eau atteindront 6 900 milliards de mètres cubes,
soit 40 % de plus que les ressources durables actuelles." Le
rapport ajoute que, dans moins de deux décennies, presque la moitié
de la population mondiale vivra dans des régions soumises à
d'importants stress hydriques et il évoque clairement la question
des guerres de l'eau.
Les
tensions sur les ressources en eau et en nourriture risquent par
ailleurs d'être avivées par le changement climatique. Au lendemain
des négociations ratées de Doha sur la limitation des gaz à effet
de serre, qui reflètent le manque d'engagement patent des Etats-Unis
dans la lutte contre le réchauffement climatique, ce n'est pas sans
une certaine ironie que l'on lit, sous la plume d'officiels
américains, les craintes que le phénomène suscite. Même si les
climatosceptiques ont bonne presse outre-Atlantique et si certains
d'entre eux siègent à la Chambre des représentants et au Sénat,
dès qu'il s'agit de choses sérieuses et de risques encourus par les
Etats-Unis, plus personne, dans les hautes sphères, ne doute de la
réalité du réchauffement climatique. Le rapport est on ne peut
plus clair sur le sujet. Même si ses auteurs refusent, probablement
en raison du "climatosceptiquement correct" en vigueur chez
une majorité d'Américains, de trop mettre en avant les résultats
des modèles climatologiques, ils sont bien obligés de reconnaître
que la planète se dirige vers une hausse de la température moyenne
d'"environ 2°C au milieu
du siècle. Si les émissions [de gaz à effet de serre] continuent
sur la tendance actuelle, une hausse de 6°C à la fin du siècle est
plus probable que 3°C, ce qui aura des conséquences encore plus
importantes."
Cela
n'augure rien de bon pour les questions de sécurité alimentaire.
Non seulement la population sera plus nombreuse, non seulement les
populations des pays émergents sont, grâce à l'augmentation de
leurs revenus, déjà en train de changer leur régime alimentaire en
y incluant plus de viande, dont la production est coûteuse en eau et
en céréales, non seulement les mégalopoles repoussent et
grignotent les espaces agricoles, non seulement les rendements ne
sont pas forcément au rendez-vous, notamment en Afrique, non
seulement certains sols surexploités se dégradent, mais voilà que
le changement climatique vient aussi perturber l'industrie
agro-alimentaire : événements météorologiques extrêmes plus
fréquents, modifications du régime des pluies, disparition de
certains glaciers qui alimentent les cours d'eau pendant les saisons
sèches, etc. On ne sera pas étonné de trouver, en tête des
solutions envisagées pour remédier aux éventuelles crises
alimentaires, le recours aux plantes génétiquement modifiées.
Pierre
Barthélémy
NOTES
[1] http://www.dni.gov/index.php/national-intelligence-council-global-trends. Paru en français sous le titre : Le Monde en 2030 vu par la CIA, Editions des Equateurs, Paris, 2013.
[2] Dans ce même esprit de mise en garde, lire Julian Assange (avec Jacob Appelbaum, Aandy Mûller-Maghun et Jérémie Zimmermann), Menace sur nos libertés. Comment Internet nous espionne ; comment résister (Robert Laffont, Paris, 2013). Lire aussi : Christophe Ventura, « Julian Assange et la surveillance de masse », Mémoire des luttes, 1er février 2013. http://www.medelu.org/Julian-Assange-et-la-surveillance
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