Bulgarie : septième décès par immolation par le feu
Qui le sait ? Si c'était au Tibet on en parlerait encore, mais en Europe une telle chose n'est pas possible . En Europe on se tait, on "austérise" et les peuples, on s'en fout. L'Europe est démocratique, elle.
Maryvonne Leray
Septième
décès par immolation en Bulgarie. Cette fois c'est un homme de 59
ans qui s'est donné la mort mardi 11 juin. Une tentative désespérée
d'attirer l'attention sur la misère et la corruption qui frappent le
pays le plus pauvre de l'Union européenne.
Il
y a seulement trois mois, les Bulgares défilaient dans une trentaine
de ville du pays, poussant le Premier ministre Boïko Borrissov à la
démission. Une mobilisation d'une ampleur sans précédent dont les
raisons sont multiples. Faibles revenus (le salaire moyen est
inférieur à 400 euros), factures élevées, mafia, politiciens
corrompus…
Depuis
une vague inédite de suicides par immolation sévit dans le pays.
L'homme qui s'est donné la mort mardi matin vivait seul et semblait
souffrir de maladie psychique, selon la porte-parole de la police.
C'est officiellement la neuvième personne qui tente de se
suicider par le feu. Seulement deux ont survécu. L'immolation était
pourtant jusqu'à cette vague de suicides une manière peu courante
de se donner la mort en Bulgarie.
La
tentative désespérée de Plamen Goranov, un jeune homme de 36 ans
qui s'est immolé le 20 février devant la mairie de Varna a pris
valeur de symbôle pour les Bulgares qui protestent contre la
corruption. Il réclamait la démission du maire conservateur, Kiril
Yordanov, en poste depuis déjà 14 ans et qu'il accusait de
multiples malversations. Le 5 mars, une centaine de bougies et de
fleurs ont été déposées devant la mairie de Verna en son hommage.
A
la suite de la démission du premier ministre conservateur Boïko
Borrissov, des élections législatives anticipées ont été
organisées le 12 mai. Mais la découverte de 350 000 bulletins de
vote frauduleux à la veille même de l'élection avait douché tous
les espoirs d'un changement des mœurs politiques.
"Que
le gouvernement ait démissionné ne change rien. Il faut que la
société civile puisse tout contrôler : les monopoles, les
élections, les partis, les institutions",
selon
Ilarion Ananiev, 25 ans, un militant interrogé par l'AFP.
A
l'issue du scrutin, un gouvernement d'experts a été mis en place
avec à sa tête un économiste, Plamen Orecharski. La charge est
lourde pour ce nouveau gouvernement élu dans des conditions
hasardeuses. Lors de sa première réunion, mercredi 5 juin, le
Premier ministre a affirmé sa volonté d'agir en faveur des plus
défavorisés... mais il est déjà rattrapé par son passé.
La
carrière de Plamen Orecharski, alors dans les rangs conservateurs,
avait connu une interruption temporaire en 2003 après son expulsion
du parti du fait de ses liens avec un homme d’affaires véreux.
Mauvais présage...
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