Italie : cinq étoiles en déroute et Beppe en colère
Beppe Grillo en colère, les grillinis déboussolés, les électeurs en fuite
Au
fond, tout cela est assez triste. Même si nous étions sans
illusions particulières sur la possibilité du Mouvement 5 Etoiles
(M5S) de changer l'Italie, nous n'étions pas mécontents qu'il fasse
souffler un peu d'air frais dans l'atmosphère un brin fétide de la
politique : 163 parlementaires, 8,5 millions de bulletins de vote
dans les urnes de février, cela valait quelques espérances, un peu
d'optimisme, même forcé. Beppe Grillo nous a agacés (souvent), mis
en colère, séduits (parfois), rarement laissés indifférents.
Mais,
cette fois, il devient imbuvable...
Son
blog est devenu le baromètre de son humeur. Ces jours-ci, l'aiguille
indique "tempête et vents violents". Même Stefano Rodota,
le respecté professeur de droit qu'il voulait porter à la
présidence de la République est accusé d'être un "octogénaire
miraculé grâce à Internet". Sa faute ? Avoir expliqué que
les parlementaires du mouvement devaient avoir leur libre arbitre.
Trois
mois après leur entrée triomphale au Parlement, les députés et
les sénateurs du M5S sont une armée en débandade.
Mal préparés, surpris par leur succès, inexpérimentés, ils se
disputent sur tout et rien : le remboursement de leurs frais, leur
ligne politique, les relations avec les médias. Des heures de
discussions stériles et épuisantes qu'ils ont renoncé depuis
longtemps à diffuser en direct en streaming. On ne se rend même pas
compte que certains élus travaillent et, pour certains, plutôt
bien.
A
bout de nerfs, lessivés, les présidents des deux groupes
s'apprêtent à rendre leur tablier, comme c'est la règle au bout de
trois mois. Dans un mail envoyé mercredi 29 mai à ses troupes,
Roberta Lombardi, porte-parole des députés, s'en prend au "connard"
qui a trahi la confidentialité de leur correspondance interne : "Qui
que tu sois, tu es une merde !" On a connu des "adieux"
plus déchirants. Le courriel se retrouvait quelques heures plus tard
dans la presse.
Le
M5S est déjà sur le point d'exploser, déchiré entre les zélateurs
de Beppe Grillo et ceux qui veulent s'affranchir de leur colérique
gourou. Qu'il ait fallu à peine cent jours pour en arriver à ce
point laisse songeur. La faute à qui ? Aux partis traditionnels qui
se sont entendus pour expulser ce "corps étranger" en
mettant sur pied un gouvernement de coalition qui peut se passer du
vote des Grillini ? A Grillo lui-même qui a refusé les mains
tendues ? Aux médias qui s'intéressent davantage à leurs divisions
qu'à leurs propositions, comme le soutiennent Grillo et ses fidèles
?
La
semaine dernière, Nicola Biondo, chargé de communication du M5S à
la Chambre, nous confiait :
"Si personne ne parle de notre activité législative, c'est
parce que la presse, financée en grande partie par l'Etat, ne
s'intéresse pas au fond. Elle nous assaille. Ne se passionne que
pour nos prétendues divisions. Nous présente comme des idiots qui
ne sont pas préparés. Les journalistes préfèrent prendre un café
avec un élu plutôt que d'éplucher et de juger nos propositions."
Qu'il
nous soit permis de dire que, dans tous les pays (en France par
exemple), la presse est davantage à l’affût des trains qui
arrivent en retard plutôt qu'à ceux qui arrivent à l'heure. Une
petite phrase fait plus de bruit qu'un long dossier technique. C'est
la règle du jeu. Nous avons été assez bien placés pour le
savoir... Mais jamais un journaliste n'est parvenu à faire imploser
un mouvement politique en mettant au grand jour ses tensions
internes. Cela se saurait.
Philippe
Ridet
l'extrême personnalisation rendait problématique tant la crédibilité que la pérennité de ce mouvement qui se recomposera différemment . MAIS cette leçon devrait faire réfléchir les dirigeants du PDG et du FdG pour ce qui est de leur star systéme ...
RépondreSupprimer