Egypte : la deuxième révolution, 17 millions de personnes manifestent
Selon
les chiffres du ministère de l'Intérieur égyptien, 17 millions de
personnes manifestent à travers le pays. Il s'agit «de la plus
grande manifestation dans l'histoire de l'Egypte», a déclaré une
source militaire. (Le Parisien)
Comme
au plus fort du soulèvement contre Hosni Moubarak en 2011, la place
Tahrir s'est transformée dimanche en mer de drapeaux
rouge-blanc-noir, et les slogans n'ont pas changé: «Le peuple veut
la chute du régime», ont scandé les manifestants, un an jour pour
jour après la prise de fonction de Mohamed Morsi.
Sur
la place Tahrir, les manifestants ont tendu de grandes banderoles
proclamant «La révolution continue», «Dehors, dehors comme
Moubarak» ou «Obama soutient le terrorisme», en allusion aux
appels du président américain au dialogue et au respect de la
légitimité des urnes.(Le Matin.ch)
Deux
personnes ont été tuées dimanche 30 juin dans des heurts entre
partisans et adversaires du président islamiste égyptien Mohamed
Morsi, en marge de manifestations monstre à travers tout le pays à
l'appel de l'opposition pour réclamer son départ.
L'armée
estime à "plusieurs millions" le nombre de manifestants
anti-Morsi descendues dans la rue, un an jour pour jour après son
investiture, a déclaré une source militaire. "Il s'agit "de
la plus grande manifestation dans l'histoire de l'Egypte", a
ajouté cette source sous couvert de l'anonymat.
Deux
morts, le QG des Frères musulmans attaqué
Une
personne a été tuée à Beni Suef et une autre dans la province
d'Assiout, au sud du Caire, au cours d'affrontements qui ont aussi
fait des dizaines de blessés aux abords de locaux des Frères
musulmans, selon les services de sécurité
Au
Caire, le QG de la confrérie islamiste, dont est issu Mohamed Morsi,
a été attaqué dans la soirée avec des cocktails Molotov et des
tirs de chevrotine.
Sur
la place Tahrir, site emblématique de la révolte contre Mohamed
Hosni Moubarak début 2011 puis de nombreux autres rassemblements
politiques, la foule a afflué en brandissant des cartons rouges à
l'adresse du président.
Je
suis ici parce que Morsi, pour qui j'ai voté, m'a trahi et n'a pas
tenu ses promesses. L'Egypte va être libérée une nouvelle fois à
partir de Tahrir", affirmait Mohammed Samir, venu de Mansourah,
dans le delta du Nil, pour manifester dans la capitale.
"C'est
une deuxième révolution, et Tahrir en est le symbole",
affirmait Ibrahim Hammouda, un charpentier de Damiette (nord) venu
participer aux rassemblements dans la capitale.
Les
manifestants se sont également massés aux abords du palais
présidentiel, dans le quartier d'Héliopolis, et sur d'autres places
de la capitale, en scandant "dégage" et "le peuple
veut la chute du régime".
Rassemblements
anti-Morsi dans plusieurs villes
Des
manifestations anti-Morsi ont aussi lieu à Alexandrie (nord),
deuxième ville du pays, à Menouf et Mahallah, dans le delta du Nil,
ainsi qu'à Port-Saïd et Suez, sur le canal du même nom, ou encore
dans la ville natale de Mohamed Morsi, Zagazig, au nord-est du Caire.
La
présidence a réagi en affirmant que "le dialogue était la
seule façon pour parvenir à une entente" et qu'elle était
"ouverte pour lancer un véritable et sérieux dialogue
national".
Mais
la principale coalition de l'opposition égyptienne a appelé les
manifestants à rester dans la rue jusqu'à la démission du régime
"dictatorial" du président Morsi, accusé de gouverner au
seul profit des islamistes et de laisser l'économie s'effondrer.
Les
pro-Morsi moins nombreux
Redoutant
de graves troubles, l'armée et la police se sont déployées à
travers le pays pour renforcer la protection des installations
vitales, notamment le canal de Suez. Les militaires se sont dit
récemment prêts à intervenir si le climat dégénérait, après
que des heurts eurent déjà fait huit morts, dont un Américain,
dans les jours qui ont précédé les rassemblements de dimanche
Non
loin du palais présidentiel, des militants islamistes campent depuis
vendredi dans le quartier de Nasr City pour défendre la "légitimité"
du premier chef de l'Etat égyptien librement élu. Ils étaient
25.000 dimanche soir, selon l'armée.
Cette
journée constitue le point d'orgue de la campagne Tamarrod
(rébellion en arabe), le mouvement à l'origine des appels à
manifester massivement pour réclamer le départ de Mohamed Morsi le
jour même de l'anniversaire de son investiture.
22
millions de signatures pour le départ de Morsi
Tamarrod,
soutenu par de nombreuses personnalités et mouvement de l'opposition
laïque, libérale ou de gauche, assure avoir recueilli plus de 22
millions de signatures pour une présidentielle anticipée, soit
plus que le nombre d'électeurs de M. Morsi en juin 2012 (13,23
millions).
Après
un an d'une présidence mouvementée, déjà marquée par plusieurs
crises, M. Morsi vit son "Jour du jugement", titraient
dimanche certains journaux.
L'instabilité
persistante en Egypte, pays le plus peuplé du monde arabe avec plus
de 80 millions d'habitants, pèse lourdement sur une économie
handicapée par une inflation et un chômage en hausse ainsi qu'une
chute de sa monnaie.
Les
adversaires de Mohamed Morsi dénoncent une dérive autoritaire du
pouvoir destinée à instaurer un régime dominé par les islamistes,
ainsi que son incapacité à relancer l'économie.
Ses
partisans en revanche soulignent qu'il puise sa légitimité dans la
première élection présidentielle libre de l'histoire de l'Egypte.
Ils accusent l'opposition laïque de faire le jeu des nostalgiques de
l'ancien régime.
Consignes
de prudence pour les expatriés
Samedi,
le président américain Barack Obama demandait à Mohamed Morsi et à
l'opposition d'engager un dialogue "plus constructif".
Craignant
des dérapages, le département d'Etat a annoncé le départ d'une
partie de son personnel diplomatique et plusieurs pays, dont la
France et la Grande-Bretagne, ont diffusé des consignes de prudence
à leurs ressortissants.
La
crainte d'une aggravation de la crise provoque en outre depuis
plusieurs jours une ruée des automobilistes sur les
stations-service, et contraint de nombreux Egyptiens à stocker des
vivres.
Dimanche,
premier jour de travail de la semaine, de nombreuses entreprises et
bureaux étaient fermés par mesure de sécurité.
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