Grève au Mont Saint Michel
Mercredi
10 juillet, pour la deuxième fois de son histoire, le
Mont-Saint-Michel accueillait le Tour de France. Un événement miné
par une contestation salariale grandissante : en grève depuis de
nombreuses semaines, les employés du Mont espéraient profiter de
l'occasion pour médiatiser leurs revendications.
Depuis le 3 juin, le Mont-Saint-Michel connaît un mouvement de grève sans précédent. Causes de la grogne : la disparition des navettes réservées aux salariés, mais aussi le prix du parking, en forte augmentation. Des changements provoqués par les gigantesques travaux lancés en 2006. Au total, quelque 200 millions d'euros ont été investis dans ce projet pharaonique, destiné à lutter contre l'inexorable ensablement du monument.
Depuis le 3 juin, le Mont-Saint-Michel connaît un mouvement de grève sans précédent. Causes de la grogne : la disparition des navettes réservées aux salariés, mais aussi le prix du parking, en forte augmentation. Des changements provoqués par les gigantesques travaux lancés en 2006. Au total, quelque 200 millions d'euros ont été investis dans ce projet pharaonique, destiné à lutter contre l'inexorable ensablement du monument.
Premier
point qui cristallise le mécontentement, les navettes. Depuis le 3
juin, ces dernières, qui transportaient les salariés du parking
jusqu'au pied des remparts, ont disparu. "Maintenant, lorsque
nous commençons la journée, nous devons d'abord marcher 300 mètres
pour prendre la navette, qui nous dépose à 400 mètres des
remparts. Ensuite, pour ceux qui travaillent comme moi à l'abbaye,
nous avons encore une ascension qui équivaut à dix-huit étages",
déplore Serge Poisson, technicien du service culturel au Mont et
secrétaire de section CGT. Il habite à une vingtaine de kilomètres
de son lieu de travail. Un trajet qu'il met désormais une heure à
effectuer.
REVENDICATIONS
SALARIALES
Face
aux revendications des salariés, le syndicat mixte cristallise
l'opposition. Ce conglomérat regroupe la région Basse-Normandie, le
conseil général de la Manche, ainsi que la région Bretagne. Un
collectif institutionnel est chargé de piloter les travaux de
désensablement, tandis que depuis 2006, le syndicat mixte a délégué
à Transdev, filiale de Veolia, la gestion des navettes et du
parking.
Mais
du côté des institutions locales, on assure que si la grève
perdure, c'est "parce qu'une minorité de salariés fait
systématiquement blocage" aux offres du syndicat mixte. "Nous
avons proposé aux salariés de mettre en place vingt-quatre
navettes, spécialement pour eux, exactement comme avant. Pour
l'instant, elles ne peuvent pas les déposer au pied du Mont à cause
des travaux. Mais dès le 22 juillet, elles le feront à nouveau",
assure-t-on au syndicat mixte.
"Nous
attendons confirmation écrite. On est toujours en pourparlers",
répond Serge Poisson, qui mène la fronde. Sur les 300 à 400
salariés que compte le Mont d'une saison à l'autre, les grévistes
sont au nombre de 45. Tous travaillent à l'abbaye, en contrat avec
l'Etat. Le monastère, qui domine le Mont, est fermé au public
depuis lundi. Un blocage qui a nettement accéléré les
négociations, affirme-t-on du côté des grévistes.
Du
côté du Centre des monuments nationaux (CMN), l'organisme public
employeur des grévistes, Philippe Belaval, président de
l'organisation, déplore l'impact financier des telles actions. "Ce
mouvement extrêmement long a porté atteinte aux finances de
l'établissement. Nous estimons les pertes à plusieurs centaines de
milliers d'euros, probablement plus de 500 000 euros",
affirme-t-il.
"LE
MONT PERD SON CARACTERE POPULAIRE"
En
attendant que les pourparlers aboutissent, la grève perdure. Les
salariés ont reçu le soutien des riverains et commerçants, qui se
sont associés au mouvement, à l'image de l'association La Baie du
Mont-Saint-Michel, dont Philippe Cathonnet est le porte-parole. Lui
peste surtout contre l'augmentation du prix du parking, passé de
8,50 à 12 euros le 3 juin dernier. "Le Mont est en train de
perdre son caractère populaire", déplore-t-il.
Son
association fait désormais partie du collectif Agir ensemble pour le
Mont-Saint-Michel, un rassemblement qui regroupe des composantes
hétéroclites. Commerçants, chambres de commerce et d'industrie,
mais aussi diocèses : de nombreux acteurs se mobilisent. "Nous
nous battons pour les visiteurs, assure Philippe Cathonnet.
Désormais, les touristes doivent patienter 45 minutes pour être
déposés à 500 mètres des remparts. Et pour les personnes
handicapées, c'est encore plus compliqué."
Le
collectif assure que ces modifications d'accès ont un impact fort
sur le nombre de visiteurs. La fréquentation de ce site classé par
l'Unesco aurait diminué de 25 %. En 2013, le collectif estime que
cette baisse pourrait aller jusqu'à 40 %.
Commentaires
Enregistrer un commentaire