Le Royaume-Uni se vend jusqu'au sang


Le gouvernement britannique accusé de jouer avec la santé de ses concitoyens. Il vient d'accepter de vendre la quasi totalité de ses parts dans le département sanguin de la National health service (NHS) à une société privée américaine. Une décision qui divise au sein du Royaume-Uni.

Nos voisins outre-Manche braderaient-ils leur santé ? Le gouvernement britannique vient de vendre, pour 230 millions de livres (268 millions d'euros) la majorité de ses parts dans le département sanguin de la NHS, la National health service, à un investisseur américain, révèle The Independent.

Le nouvel acquéreur n'est autre que Capital Bain, une société connue pour avoir été cofondée par Mitt Romney, candidat à l’élection présidentielle américaine de 2012.

L’État britannique cède ainsi 80% de ses actions à l'entreprise américaine. En conservant les 20% restant, le pays pourra profiter des bénéfices futurs de la société étrangère. La somme de 90 millions de livres (105 millions d'euros) a déjà été versée. Le reste devrait arriver d'ici à 2018.

Bain Capital a également promis de conserver tous les salariés présents au Royaume-Uni et d'investir 50 millions de livres (58 millions d'euros) pour conserver le siège social actuel.

La colère d'un Lord

La nouvelle a suscité un véritable tollé dans la presse anglaise. Lord Owen, ancien ministre de la Santé, s'est insurgé contre cette transaction dans les colonnes de The Independent :

Jusqu'où ira ce gouvernement de coalition dans la privatisation? […] Bain Capitale n'aurait pas dû être choisie pour cette transaction. C'est une société cotée en bourse qui rend des comptes à des actionnaires."

Le lord a d'ailleurs écrit une lettre à David Cameron pour lui signifier son indignation afin qu'il mette un terme à la vente.

En 1975, j'ai décidé, en tant que ministre de la Santé, d'investir dans l'autosuffisance du Royaume-uni en matière de sang, contre ceux qui prônaient des coupes budgétaires. Je crois que ce pays renoue avec ses vieux démons",écrit-il.

Un avis que partage Lucy Reynolds de la London School of Hygiene and Tropical Medicine. La chercheuse raconte à l'édition anglaise du Huffington post que:

Le plasma est depuis toujours exploité sur la base d'un don suivi d'une série de contrôles nécessaires. Une entreprise commerciale cherchera à obtenir, par tous les moyens, un grand nombre de donneurs tout en essayant de faire des profits. Cela revient à mettre les patients à la merci des fournisseurs les moins chers."

Depuis la maladie de la vache folle, les hôpitaux NHS n'utilisent que 20% du sang des donneurs britanniques. Le reste sert le milieu scientifique et la recherche.

Dès 2002, la Grande Bretagne s'est fournie en sang auprès de la firme américaine BPL. Un investissement qui lui a coûté près de 50 millions de livres (58 millions d'euros).

Bienfait pour le royaume?

L'actuelle ministre de la Santé, Dan Poulter, se défend de mettre en danger le royaume, dans les pages de The Independent :

Cet accord permettra d'assurer un accès à des produits plasmatiques de haute qualité pour tous les patients, et ce durant de nombreuses années. Il est bon que Bain investisse dans la médecine et l'industrie des sciences britanniques."

Une décision qui s'inscrit également dans la politique entamée, en 2010, par le gouvernement britannique. La privatisation devient le maître mot des décisions économiques. Santé, emploi, éducation... aucun domaine n'est épargné.

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