Justice pour Yvan Colonna
Jean-Claude
Acquaviva
Guy
Bedos
André
Paccou
membres
de la Ligue des Droits de l'Homme.
La
Justice peut être injuste. L'histoire du monde, à travers les
siècles, en témoigne.
Nous,
membres de la Ligue des Droits de l'Homme, considérant qu'Yvan
Colonna, condamné à la prison à vie pour l'assassinat du préfet
Erignac, n'a pas eu droit à une justice équitable, décidons, à
partir de cette tribune, d'exposer, sous le regard de l'opinion
publique et de ceux qui nous gouvernent, les traitements indignes
d'une démocratie, dont cet homme est victime depuis dix ans.
Le
6 février 1998, à Ajaccio, Monsieur Claude Erignac, préfet de
région, est assassiné.
L'affaire
est confiée à l'antiterrorisme. D'autres services de police ne
l'acceptent pas. Entre eux, c'est la guerre. De son côté, le
nouveau préfet de Corse, Bernard Bonnet, mène son enquête
"officieusement". Conséquences de ce désordre, des
opérations de police-spectacle pour impressionner l'opinion
publique, des centaines d'interpellations, la pagaille parmi les
institutions de la République, Bernard Bonnet, se croyant toujours
plus au-dessus des lois, finalement condamné, un gouvernement
décrédibilisé.
Dans
ce contexte, la police antiterroriste interpelle quelques individus
appartenant à un commando qui seraient censés être responsables de
cet assassinat. Après des témoignages extorqués dans des
conditions très douteuses, Yvan Colonna est désigné comme le tueur
du préfet Erignac. Il décide de prendre le maquis et clame son
innocence dans une lettre envoyée à la presse. En 2003, il est
arrêté.
Le
ministre de l'intérieur de l'époque se nomme Nicolas Sarkozy. Très
vite, il fait cette déclaration publique : "La police française
vient d'arrêter Yvan Colonna, l'assassin du préfet Erignac",
privant, d'entrée, Colonna de la présomption d'innocence. Suivront
selon nous, Nicolas Sarkozy devenu président de la République, une
instruction partisane et trois procès "de convenance".
Tous
les témoignages favorables à Colonna - y compris ceux qui émanent
de proches du préfet - sont écartés.
Une
reconstitution des faits, essentielle en matière criminelle pour
rechercher la vérité, est organisée, a minima, dix ans après
l'assassinat, à l'occasion du troisième procès. Mais dans leurs
motivations les juges persistent et signent : Les témoignages,
constants depuis le début de la procédure, des personnes présentes
le soir de l'assassinat, et qui ne reconnaissent pas Yvan Colonna,
sont aléatoires. Ceux du commando, fluctuants, sont utilisés à
charge pour justifier la condamnation.
Le
parti des accusateurs - la corporation préfectorale, évidemment
traumatisée, des procureurs, des ministres de l'intérieur, des
hommes du Président - s'est bien mobilisés, menant campagne et
faisant pression efficacement. Fait invraisemblable, en plein procès,
une Garde des sceaux condamne les propos d'un avocat de la défense
devant la Cour d'assises spéciale de Paris. Malgré la vacuité de
l'accusation, le doute qui en résulte, et qui doit profiter à
l'accusé comme le dit le Code de procédure pénale, la raison
d'Etat a le dernier mot. Yvan Colonna sera condamné à
l'emprisonnement à vie.
La
raison d'Etat ne s'arrête pas là. Elle sévit derrière les
barreaux des prisons. Détenu particulièrement signalé depuis dix
ans et à ce titre, soumis à une surveillance renforcée, Colonna
est accusé aujourd'hui par la haute administration pénitentiaire,
de vouloir préparer une évasion à coups d'explosif. Cette
révélation surprend les personnels qui ont en charge de le
surveiller sur place. Peu importe. Peu importe également qu'il ait
été considéré comme un détenu exemplaire dans les prisons où il
aura séjourné, Fresnes, Toulon et Arles. Il est immédiatement
transféré à la prison de Réau, qui regroupe les détenus de
France les plus dangereux. C'est bien de cela qu'il s'agit ;
continuer à fabriquer un personnage hors norme, irrémédiablement
dangereux, l'éloigner un peu plus des siens, et de la possibilité
d'être un jour détenu en Corse.
Désormais
Yvan Colonna fait appel à la Cour Européenne des Droits de l'Homme.
Nous savons qu'il lui faudra attendre plusieurs années avant de
connaître les conclusions des juges européens. Ce temps-là, il le
passera en prison, loin de ses enfants et de son épouse que l'on
punit également. La vengeance d'Etat n'est pas la justice. Il faut
que cesse l'acharnement.
Curagu amichi
RépondreSupprimerTu as été condamné lâchement par un despote sans vergogne qui t'a jugé lui-même et condamné sans preuves. Ce voyou en col blanc s'est servi de toi pour accéder au pouvoir suprême de l'Etat.
Ta place, Yvan est auprès des tiens dans ton foyer, je militerai pour ta liberté jusqu'à mon dernier souffle.
Curagu amichi
Forza e coraggio,Ivan!
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