Syrie : comment rassembler autour de la paix?

par Danielle Bleitrach

Des manifestations sont annoncées dans toute la France sous l’égide du mouvement de la paix et c’est là l’essentiel, mais le choix du titre "Pour la paix en Syrie" a besoin d’être encore creusé et de ce fait aller au delà de la protestation.

Parce qu’il me semble que l’on peut accuser d’inconscience, de courte vue les Français qui sont pour l’intervention en Syrie mais pas de ne pas être pour la paix. La plupart d’entre eux sont peut-être convaincus que l’intervention arrêtera la guerre civile, ce qui prouve un tempêrament réellement optimiste au vu des expériences passées.
Parce que même avec la mémoire d’un poisson rouge, qui peut ignorer le fait que chaque année depuis vongt ans, la France s’enquille une guerre avec les résultats que l’on sait. Et encore il fut un temps où nos dirigeants manifestaient plus de prudence. Comment interpréter la "révélation", le chemin de Damas, que semblent avoir eu les sympathisants socialistes et qui les pousse massivement vers l’intervention ? Est-ce le charisme de Fabius, celui de ‘Hollande ? Sans doute leur sympathie pour le gouvernement socialiste leur donne la foi du charbonnier dans ce domaine comme dans d’autres mais il est évident que les questions sont là!.

En effet, Si l’on en croît le sondage publié aujourd’hui par le Figaro, ils sont 78% des sympathisants socialistes à approuver la dite intervention et en phase aves les centristes de l’UDI et du Modem (53% et 65%). le reste du paysage politique y compris l’UMP est défavorable à l’intervention. Fini l’adhésion du temps du Mali (approuvée par 60% des Français). On se retrouve dans les eaux basses de la Lybie (36% au démarrage). Y a-t-il une corrélation avec les choix européens? Même pas car le moins que l’on puisse dire est qu’une fois de plus l’Europe prouve qu’elle est incapable de faire la guerre et encore plus la paix.

Ce sondage du Figaro permet de comprendre l’opinion réelle du pays. Les médias se sont réellement déchaînés, ils nous envoyé sur la ligne bleue du Moyen orient sans manifester le moindre doute, c’est à se demander si la propriété de la presse a quelque chose à voir avec cela? . L’étude a été réalisée du 26 au 28 août, après donc les bombardements chimiques survenus près de Damas. En dépit des images chocs publiées alors, seules 41 % des personnes interrogées se disent favorables à un engagement militaire de la France. Une des questions évoque une «intervention des Nations unies» ce qui ne sera manifestement pas le cas: on peut donc imaginer que les réticences de l’opinion sont plus marquées encore que les résultats affichés (45 % d’avis défavorables à une intervention internationale).-

L’initiative d’un engagement international pour aller châtier le dirigeant syrien sous mandat de l’ONU n’est approuvé que par 55% des Français, mais là où ça se corse, c’est qu’ une large partie de l’opinion (59%) ne souhaite pas que la France s’engage militairement . Les 55% ne sont d’accord que si Paris n’y va pas.

Belle mentalité me direz vous ou esprit rationnel des Français tout à fait circonspects quant aux résultat de l’opération en cours. La pression médiatique, l’esprit de parti se heurte à la rationalité française. C’est pour cela qu’un véritable débat me semble utile. OUi la France a un rôle original à jouer dans les initiatives de paix au lieu d’être systématiquement depuis Sarkozy dans les boutefeux… Soyons clairs, il s’agit d’une dérive atlantiste et la totale soumission au leadership atlantiste que l’on retrouve dans d’autres domaines. Je ne suis pas sûre que ce cœur non pas à gauche mais à l’ouest, emporte l’adhésion des sympathisants socialistes dans leur totalité.

Dénoncer la guerre est juste, mais se donner les moyens de construire la paix est encore plus juste. Passer ici comme ailleurs d’une position sceptique de refus à un véritable engagement en faveur de la paix serait une excellente chose qui rassemblerait les Français au lieu de les diviser. J’ai dit hier mon accord avec la plupart des propositions de Dominique de Villepin qui suggère de "démilitariser les esprits" et de se recentrer sur le peuple syrien comme ceux de la zone, en privilégiant les solutions d’aide aux réfugiés, les corridors humanitaires et l’appui aux initiatives et rencontres de négociation. Alors il faut ne pas, comme l’a fait l’actuel gouvernement et son prédécesseur, mettre uniquement l’hypothèse de la guerre dans sa stratégie, sous la forme de livraisons d’armes dont on ne sait où elles tombent et aujourd’hui une intervention dont personne ne voit les objectifs réels.

Danielle Bleitrach

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