Bertrand Cantat revient

Cantat revient avec un titre d'une sobre gravité

C'est dans le dépouillement d'une valse sombre, plongeant au cœur d'un vécu, que Bertrand Cantat fait son retour artistique, lundi 30 septembre, avec Droit dans le soleil. La chanson est publiée sous le nom de groupe Détroit, le projet musical que l'ancien chanteur de Noir Désir a conçu avec le bassiste Pascal Humbert, ancien membre des groupes Passion Fodder et 16 Horsepower.



Rythmé par les accords secs d'une guitare acoustique, bercé par la caresse – parfois dissonante et inquiétante – d'une contrebasse et d'un violon, ce titre, aux lointains échos d'un tube de Noir Désir (Le vent nous portera), saisit par la dimension autobiographique dont semble résonner le texte dès le premier couplet : "Tous les jours on retourne la scène/Juste fauve au milieu de l'arène/On ne renonce pas/On essaie/De regarder droit dans le soleil".

Difficile, en effet, de ne pas interpréter le morceau au regard du drame de Vilnius qui, il y a dix ans, vit Bertrand Cantat tuer sa compagne, Marie Trintignant. Condamné en 2004 à huit ans d'emprisonnement, libéré en 2007, le chanteur, qui a cosigné Droit dans le soleil avec le dramaturge Wajdi Mouawad, donne ici l'impression d'être hanté par le remord et des fantômes, tout en étant décidé à regarder en face l'aveuglante vérité. "A la croisée des âmes sans sommeil/L'enfer est myope autant que le ciel/On t'avait dit que tout se paye/Regarde bien droit dans le soleil".

LE PRÉLUDE D'UN NOUVEL ALBUM

Sa voix, qu'on a connu volontiers écorchée, frissonne là d'une sobre gravité. Rongée par l'inéluctable, elle évoque aussi le rayonnement des souvenirs amoureux : "Dans le parfum des nuits sans pareil/Et l'éclat des corps qui s'émerveillent/Ses lèvres avaient un goût de miel/On regardait droit dans le soleil".

Prélude d'un album, baptisé Horizons, qui doit sortir le 18 novembre, la chanson, enregistrée cet été au studio Vega, à Carpentras, est également accompagnée d'une vidéo. Filmée dans un jardin, cette version live du morceau voit Pascal Humbert accompagner à la contrebasse un Bertrand Cantat à la guitare, assis sur le dos d'un banc, son chant escorté par celui des oiseaux. Barbu poivre et sel, les cheveux en bataille, le visage creusé, vieilli, baignant dans la lumière d'un nouveau matin.

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