Espionnage de la NSA : Dilma Rousseff n’ira pas aux Etats-Unis
Dégâts
diplomatiques : c'est ce qu'ont causé, en juillet dernier les
révélations d’Edward Snowden sur l’ampleur des écoutes de la NSA
(agence de renseignement américaine) au Brésil. Le principal quotidien
du pays, O
Globo, affirmait alors que « 2,3
milliards d’appels et de messages avaient été espionnés » depuis
une dizaine d’années. Des appels émis par de simples citoyens voire par
des employés de l'immense firme pétrolière nationale Petrobras. Deux
mois après, la colère de Brasilia ne faiblit pas.
La présidence brésilienne a en effet
officialisé hier l’annulation de la visite d’Etat de Dilma Rousseff
prévue le 23 octobre prochain à Washington. Ainsi
Brasilia fustige-t-elle dans un communiqué « les
activités illégales d’interception des communications de citoyens
d’entreprises et de membres du gouvernement brésilien » considérant
qu’elles constituent «
une atteinte à la souveraineté nationale et aux droits individuels,
incompatible avec la coexistence démocratique entre pays amis ».
Embêtant, y compris pour faire des affaires ; pour «
sceller un rapprochement commercial » entre les
deux pays pour reprendre le jargon diplomatique d'un des porte-parole
du patronat brésilien, José Augusto de Castro,
Les américains avaient pourtant tenté de
s’expliquer, notamment lors d’échanges bilatéraux au sommet du G20 de
Saint Pétersbourg il y a dix jours. Obama
avait même appelé son homologue lundi dernier. Mais les autorités
brésiliennes n’en démordent pas : «
en l'absence d'un éclaircissement satisfaisant des faits avec des
explications à la hauteur et l'engagement de cesser les activités
d'interception, les conditions pour la tenue de cette visite à la date
fixée au préalable ne sont pas réunies ».
C’est avec arrogance que les autorités fédérales américaines ont
répondu estimant quant à elles qu’un tel rendez-vous «
ne devait pas être éclipsé par un seul dossier quelles que soient son
importance ou les difficultés qu’il présente ». « Nous
sommes au pire moment des relations bilatérales entre le Brésil et les
Etats-Unis depuis 30 ans » résume l’universitaire
Alberto Pfeiffer.
Pourquoi cette intransigeance de la part de Dilma Rousseff? Est-ce dû à
sa popularité en berne depuis les récentes manifestations contre la vie
chère? C'est « une
attitude ferme (qui) suscite la sympathie de la population brésilienne »,
explique Tullo Vigevani de l'Université de Sao Paulo, à un an,
rappelons-le, de l’élection présidentielle. Une position qui pourrait
se durcir davantage selon Le Monde qui indique
que la présidente brésilienne aurait même l’intention de prononcer un
discours très virulent contre les agissements des services secrets
américains, fin septembre à la tribune de l’ONU. Un message que devrait
approuver le gouvernement mexicain particulièrement touché, lui
aussi, par les programme d’écoute de la NSA.
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