Un chihuahua que les décideurs américains traînent avec eux sur les terrains minés de la diplomatie guerrière.
François
Hollande, ce Terminator à la botte des Américains
Un
journaliste algérien fustige la position du président français
dans la crise syrienne et regrette le temps de Jacques Chirac, quand
la France rayonnait par sa diplomatie et sa culture dans le monde
arabe.
François
Hollande pense être le Terminator des temps modernes. La guerre ne
l'effraie pas. La souffrance ne l'émeut pas. Le sang et les corps
déchiquetés ne l'impressionnent pas. La guerre, c'est la nouvelle
passion de François Hollande. Ce président français qui s'est
engagé à rompre avec l'atlantisme servile de Nicolas Sarkozy est,
au final, encore plus royaliste que les rois du Congrès américain.
Même Barack Obama n'a pas fait preuve d'une volonté aussi guerrière
que la sienne.
La
Syrie, il faut l'attaquer militairement pour libérer son peuple. "La
guerre, c'est maintenant" : la voici la nouvelle devise de sieur
Hollande. Défait par la crise, le chômage massif, l'inflation
galopante, les inégalités sociales, le déclin industriel, le
président français cherche à se refaire une santé... sur le dos
des dictateurs du monde arabe. Sauf que cette fois-ci, tel un Don
Quichotte ivre de ses certitudes, il croit qu'une guerre est une
simple promenade de santé.
L'argument
périmé des frappes chirurgicales
Quant
aux civils qui risquent d'être tués, François Hollande n'en a
cure. Au contraire, il pense qu'il va en sauver beaucoup. Comment ?
Des frappes chirurgicales bien étudiées. L'argument est un peu
périmé car ces frappes n'ont pas été aussi chirurgicales que cela
par le passé. Mais François Hollande ignore l'histoire. Lui, son
souci, c'est l'avenir.
Un
avenir dessiné par la force militaire. Tel Napoléon, la poésie en
moins. François Hollande exige une sanction d'une "violation
monstrueuse des droits de la personne humaine". "Elle aura
valeur de dissuasion", a-t-il expliqué, sans trop convaincre,
dans un entretien accordé au Monde. "Ne pas agir, ce serait
laisser faire", décrète le nouveau Bonaparte, selon qui "il
y a peu de pays qui ont les capacités d'infliger une sanction par
des moyens appropriés. La France en fait partie".
La
France, la glorieuse France, est donc de retour. Oui, de retour, mais
à travers quoi ? Ce ne sont plus les découvertes scientifiques, la
croissance économique dynamique et le rayonnement culturel qui font
la réputation de la France dans le monde. C'est aujourd'hui une
intervention militaire qui redonnera à la France son prestige. Le
voici, le choix de François Hollande.
Une
majorité de Français est choquée et plusieurs politiciens,
observateurs, analystes du gotha parisien ont exprimé leur
indignation. Faire du zèle pour devenir le meilleur élève de
l'Amérique : voilà le diagnostic dressé par les détracteurs de
François Hollande. Ont-ils tort ? Pas forcément. Car même si
Hollande rêve de restaurer la stature militaire de la France, il
n'en demeure pas moins qu'il manifeste une volonté maladive de
plaire aux ténors de l'américanisme béat. Naguère, l'Europe avait
Tony Blair, toujours consentant pour accompagner les Américains dans
leurs délires militaires. Aujourd'hui, le Vieux Continent possède
un François Hollande aux ordres. C'est l'éternel retour de
l'Histoire.
Quant
à Jacques Chirac, il peut d'ores et déjà prendre son mouchoir et
tenter de sécher ses larmes. Lui qui a osé un jour dire non aux
Américains. Lui qui a su comment réconcilier la France avec la rue
arabe. Lui qui a su restaurer son passé glorieux en l'imposant sur
l'échiquier international. Sur ce même échiquier, la France de
François Hollande n'est désormais qu'un simple pion. Quant à son
président, il incarne parfaitement ce chihuahua que les décideurs
américains traînent avec eux sur les terrains minés de la
diplomatie guerrière.
Abdou
Semmar
Algérie-focus
4
septembre 2013
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