Président (PS) du conseil régional de Rhône-Alpes dénonce un "jacobinisme suranné"


Président (PS) du conseil régional de Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne critique vertement la future loi de modernisation de l'action publique territoriale qui porte en germe, selon lui, un danger démocratique.

Vous vous insurgez contre la loi de modernisation de l'action publique territoriale. Pourquoi?
Cette loi n'est en rien une loi de décentralisation, comme on pouvait l'espérer, mais plutôt de confusion territoriale qui va aboutir à un empilement de structures. Finalement, le seul objet qui émerge de ce texte, ce sont les métropoles. On laisse de côté la France périphérique qui, selon les travaux du géographe Christophe Guilluy, représente 60 % du pays. Cette France invisible ne se sent nullement concernée par cette loi. Tous les maires ruraux que je rencontre s'interrogent: "Quelle est notre place?" 
Les métropoles ne sont-elles pas les moteurs économiques de la France?
Le problème, c'est de concentrer toutes les richesses sur elles. On est en train de passer à côté d'une évolution profonde du pays. Pour la gauche, qui détient tous les pouvoirs locaux, c'est grave ! Des écrivains comme Houellebecq (La Carte et le territoire) ou Olivier Adam (Les lisières), eux ; ont compris les choses. Il aurait fallu mener une analyse préalable du territoire. Cela aurait permis de rééquilibrer le poids donné aux métropoles par une vraie politique régionale qui est la garantie des solidarités territoriales. On en est resté à une vision centralisée, avec toujours ce vieux souci du diviser pour mieux régner. Ce jacobinisme est suranné! 

Comment analysez-vous la révolte bretonne?
La crise bretonne est aussi une crise de la région. Mais parler de "populisme régional", comme certains l'ont fait, est une erreur. On traite souvent les manifestants de populistes au lieu de s'attaquer aux réalités. Attention à ne pas entériner l'existence de territoires de seconde zone ! La loi porte en germe un danger politique qui peut aboutir à un danger démocratique. Il faut lutter contre cette rationalité technocratique et financière qui conduit à abandonner des territoires. Il est urgent de repenser - et repanser - l'Etat.

L'Express

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