“A Nantes, on ne développe pas la culture mais l’attractivité”



Patrice Joly, 
directeur de Zoo Galerie : 

La Zoo Galerie est née au début des années 90, un lieu alternatif face à une scène culturelle très institutionnelle. On voulait dynamiser une scène provinciale peu ouverte sur l’extérieur. Depuis, j’ai assisté à un éveil indéniable de la ville mais Jean Blaise (directeur artistique et culturel de la ville – ndlr) a tendance à tout ramener à lui, comme s’il était le seul responsable de ce retournement. Mais il y avait tellement à faire dans le domaine culturel quand Jean-Marc Ayrault est arrivé à la mairie, qu’à la limite n’importe quel projet d’envergure aurait fait l’affaire.

Je suis un peu affligé par la direction que prend ce qu’on appelle la culture à Nantes. Il ne s’agit pas de culture mais d’attractivité. On ne devrait pas faire rentrer dans le secteur de la culture des “attractions” comme l’Éléphant ou les machines. Cela n’a rien à voir avec la culture qui doit avoir une dimension critique, réflexive (qui n’empêche pas d’être populaire comme le cinéma). C’est de plus en plus dur à faire passer auprès des politiques qui cherchent avant tout à faire des villes des vitrines attractives, avec un manque d’ambition culturelle flagrant.

Non seulement la ville ne génère pas de nouveaux artistes mais les rares qui émergent, elle ne sait pas les garder. Nantes est une ville dénuée de grandes troupes de théâtre, de danse, il n’y a pas d’écrivains d’importance qui y résident et quant aux artistes, ils ne font que séjourner.

Malgré les dires de Jean Blaise, il n’y a toujours pas de centres d’art à Nantes. C’est comme si il n’y avait pas de volonté de préserver et de développer une scène culturelle. Il faut développer les filières locales partant de l’École des Beaux-arts jusqu’aux centres d’art et galeries privées.

Après 25 ans de bons et loyaux services, nous sommes encore à la veille d’un déménagement : avec Zoo galerie et la friche Delrue nous représentons une configuration qui rendait possible l’articulation entre l’exposition, les ateliers et la critique (avec la Revue 02). Visiblement, ça a peu d’importance et ça n’impressionne guère les décideurs culturels locaux.


Les Inrocks

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