La remarquable réussite d’Evo Morales

Evo Morales a respecté son engagement de combattre le « colonialisme interne » de l’Etat bolivien, avec l’exclusion structurelle de la majorité indienne du pays. Le premier mandat s’est clôt avec l’adoption de la nouvelle constitution de janvier 2009, remplaçant « l’Etat républicain » par « l’État plurinational », avec des actions résolues en faveur des droits des Amérindiens, et des structures de décisions qui ne limitent pas la démocratie au vote, une fois tous les quatre ans.

Que ça fait du bien ! Des dirigeants politiques intègres, compétents et courageux, qui transforment leur pays en alliant le développement économique, la solidarité et la démocratie. Où ça ? En Bolivie ! Evo Morales et le Mouvement vers le socialisme (MAS) sont au pouvoir depuis huit ans, et ça marche. Le pays le plus pauvre d’Amérique du Sud décolle.

C’est peu dire que les braves gens d’ici attendait avec morgue de voir ces Indiens, amis de Chávez, se prendre un splendide râteau. A l'épreuve des faits, le résultat est une réussite peu commune, et Evo Morales ne lâche rien : « Le socialisme c’est le bien-être, c’est partager la richesse. C’est ce que faisaient nos ancêtres, à une plus grande échelle, avec la technologie et la modernité productive ».

Restaurer l’Etat


L’équipe d’Evo Morales est arrivé au pouvoir en 2006 par une magnifique victoire électorale qui faisait suite à des années de luttes sociales et politiques. Le libéralisme économique avait ruiné l’Etat, la masse de la population vivait de l’économie souterraine, et des parties entières du territoire menaçaient de faire sécession. Le nouveau régime a pris le taureau par les cornes pour restaurer l’Etat et son autorité.

Le premier volet, dès mai 2006, a été la nationalisation du secteur des hydrocarbures. Depuis, quinze grandes entreprises pétrolières, cimentières et minières sont passées sous le contrôle de l’Etat. L’une des richesses prometteuses est le lithium, présent en masse dans le Salar de Uyuni, le grand désert de sel, et toute concession pour son exploitation est désormais interdite. Des choix politiques qui parlent pour un mouvement né en révolte à la privatisation de l’eau, au début des années 2000.

Le prix des hydrocarbures étant à la hausse, les recettes publiques se sont accrues,… et comme le gouvernement gouverne, l’argent est resté au pays, au lieu de partir vers les maisons-mères des compagnies. Entre 2005 et 2008, les recettes de l’Etat ont bondi, passant de 58 à 401 dollars par habitant, pour atteindre 20 % du PIB.

Le gouvernement a bloqué l’argent, pour se faire une grosse cagnotte : les réserves – 8,4 milliards de dollars – atteignent 47 % du PIB. Et c’est géré : l’inflation qui était folle a été maîtrisée, le budget laisse un excédent lié aux recettes pétrolières, et depuis 2006, la moyenne de croissance est à 5,2 % par an. En 2013, le chiffre est 6,5 %, permettant à l’Etat d’investir directement plus de 4,3 milliards d'euros dans l’économie nationale.

Assis sur ce trésor, le gouvernement, pour percuter la crise de 2009, a lancé un programme de création d’infrastructures et de soutien à la consommation. Deux moteurs, donc : les exportations de matières premières et la demande intérieure. Les richesses exploitées sont essentiellement le gaz, et le lithium, et le gouvernement veut sur place des usines de transformation, pour exporter avec une forte valeur ajoutée.


Lutter contre la pauvreté


Le camarade Evo respecte son engagement de lutte contre la pauvreté, avec « un nouveau modèle économique social productif », dont la base est un vrai programme de redistribution de la richesse nationale à destination de la population la plus pauvre, dans le cadre de politiques déterminées.

Comme on ne fait rien sans argent, le régime a créé dès 2007 la Banque de Développement Productif qui accorde des prêts aux petits agriculteurs, et l’Entreprise de Soutien à la Production Alimentaire (EMAPA) qui finance l’achat des marchandises aux petits et moyens producteurs, pour ensuite les revendre au reste de la population. Résultat : une augmentation de 17 % des surfaces cultivées par les petits paysans, et la stabilisation des prix agricoles. Felipe Jaramillo, directeur de la Banque mondiale pour ce secteur, reconnait que « La Bolivie est de moins en moins un pays à bas revenus » et qu’elle « ne devrait pas tarder à entrer dans la catégorie des pays à revenus moyens ».

La population attend beaucoup de ce « gouvernement des mouvements sociaux ». Alors que s’approchait la réélection de 2009, les Etats-Unis avaient rompu les accords commerciaux qui existaient avec la Bolivie, et tenté le plan classique des manips de l’opinion. Mais, ils se sont cassés les dents.

Il faut dire qu’Evo Morales a respecté son engagement de combattre le « colonialisme interne » de l’Etat bolivien, avec l’exclusion structurelle de la majorité indienne du pays. Le premier mandat s’est clôt avec l’adoption de la nouvelle constitution de janvier 2009, remplaçant « l’Etat républicain » par « l’État plurinational », avec des actions résolues en faveur des droits des Amérindiens, et des structures de décisions qui ne limitent pas la démocratie au vote, une fois tous les quatre ans.

Une réussite remarquable appelée à rejaillir sur l’ALBA – Alternative bolivarienne pour l’Amérique latine –, une union politique et économique lancée par Hugo Chávez. Evo Morales résume : « Nous avons atteint aujourd’hui 35 % de participation de l’Etat dans l’économie nationale. C’est ce qui a permis de changer l’image de la Bolivie dans le domaine économique et financier. Le fait d’avoir dans le passé tout laissé entre les mains du secteur privé nous a fait hériter d’un peuple mendiant et d’un Etat mendiant et dépendant des organismes internationaux. Tout cela, nous l’avons changé en peu de temps. Durant ces huit années de gouvernement, nous avons démontré que l’Etat est capable de gérer ses entreprises. C’est ce qui a conduit à ces résultats. »

Les élections de 2014 se présentent pas mal pour Evo Morales, à 60% dans les sondages, et face à une opposition divisée.  


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Commentaires

  1. le fait d'avoir tout laissé dans les mains du secteur privé ....TOUT est dit ! est ce cela que veulent nos dirigeants actuels , nous transformer en un peuple mendiant ?

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    1. Oui, c'est ce qu'ils veulent, car Evo Morales apporte la preuve que c'est bien la volonté politique qui dirige l'économie, en Bolivie comme en France et ailleurs !

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