L'Arabie Saoudite ne présidera pas le conseil de sécurité MAIS...





L’institution onusienne est sous le feu des critiques après avoir nommé l’Arabie saoudite à la tête d’une de ses commissions consultatives. A Genève, cela fait plusieurs jours que le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a démarré sa 30e session de travail, la dernière de l’année. Mais ce n’est que lundi 21 septembre que cette institution hautement symbolique a fait parler d’elle, quand la nomination de l’Arabie saoudite à la tête de son « groupe consultatif » a été rendue publique.

Comme l’a révélé l’ONG UN Watch, l’ambassadeur de Riyad auprès des Nations unies, Faisal Trad, présidera ce groupe. Au sein du Conseil des droits de l’homme, le « groupe consultatif » est chargé de sélectionner les rapporteurs en charge de thématiques précises comme les camps de travail en Corée du Nord ou les violences faites aux femmes.

Ces travaux servent ensuite de base au Conseil des droits de l’homme pour émettre des recommandations. « C’est scandaleux que l’ONU choisisse un pays comme l’Arabie Saoudite pour présider ce groupe, estime Hillel Neuer, directeur exécutif d’UN Watch. Les pétrodollars et la politique l’emportent sur les droits de l’homme. »

« Un coup à la crédibilité » du Conseil


La monarchie saoudienne est l’une des plus dures au monde. Le régime s’est ainsi montré intraitable avec le blogueur et militant Raif Badawi, en prison depuis 2012. Jeudi, Riyad a notamment prévu de décapiter puis de crucifier en place publique le jeune opposant chiite Ali Mohammed Al-Nimr, accusé d’avoir participé en 2012 à une manifestation contre le régime dans la région majoritairement chiite de Qatif, lorsqu’il était âgé de 17 ans. L’ONG Reprieve, qui assure sa défense, affirme que les aveux signés par l’accusé ont été obtenus sous la torture.

A Genève, Hillel Neuer dénonce une « mascarade et un coup de plus porté à la crédibilité » d’une institution qui représente l’autorité morale de l’ONU et dont l’Arabie saoudite est devenue membre en 2013.

A l’époque, ni les Etats- Unis, ni l’Union européenne, ni la France, ne s’étaient opposés à cette nomination. La plupart des décisions du Conseil des droits de l’homme se prennent sans qu’un vote formel n’ait vraiment lieu. Les tractations et négociations ont donc lieu en amont et en coulisses. La nomination de Riyad à la tête du « groupe consultatif » était restée secrète depuis le mois de juin.

L’opacité de ce fonctionnement n’est pas non plus pour servir la réputation d’un organe de plus en plus décrié. Au printemps dernier, l’Arabie saoudite, déjà, s’était portée candidate à la présidence du Conseil des droits de l’homme. Une polémique avait éclaté et la candidature avait été retirée.

Dans les couloirs du Palais des Nations, à Genève, il se murmure que Riyad aurait obtenu la tête du « groupe consultatif » en guise de consolation. Reste que l’institution doit bien renouveler sa présidence (actuellement occupée par l’Allemand Joachim Rücker) d’ici la fin de l’année. C’est au tour du groupe asiatique de proposer un pays – d’où la tentative de l’Arabie saoudite, qui en fait partie. « A la place, le groupe asiatique proposerait la Mongolie, indique un expert du sujet, basé à Genève. Or, la Mongolie n’est pas encore membre du Conseil des droits de l’homme…»

    Marie Maurisse (Genève, correspondance) 

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